La jeune femme raconte qu’elle a intégré cet hôpital en 2023 pour un stage au service de la réanimation cardiaque. Elle sera par la suite embauchée en contrat d’allocation d’études (CAE). À l’époque, « tout se passe bien, l’ambiance était très bonne », détaille l’infirmière auprès du Parisien. Mais l’environnement de travail devient invivable pour la mère de famille en février 2024, à son retour de congé maternité où elle retrouve Vincent (nom d’emprunt), un nouveau collègue infirmier. « Vu son expérience, je lui demandais de l’aide sur mon travail, mais il m’envoyait bouler, me disait que j’étais nulle. Je me demandais ce qu’il avait contre moi », explique-t-elle.
Clauriane dit avoir subi des remarques racistes de la part de ce nouveau collègue et des brimades d’autres collègues du même service. Se sentant « harcelée », elle décide de se plaindre à sa responsable. Mais cette dernière ne mène aucune action. L’infirmière est davantage exposée aux propos blessants et rabaissants de Vincent : « Il m’a traitée de fragile, de poucave, de balance. Ça commençait à faire beaucoup. » Lors de l’été 2024, alors qu’elle était allongée en salle de repos, elle subit une humiliation. « Soudain, j’ai senti une goutte sur moi. J’ai pensé à une fuite. Ensuite, j’en ai eu plusieurs et j’ai entendu ricaner derrière ». C’était encore Vincent qui, vêtu d’une cape blanche, arrosait la jeune femme en déclarant : « Moi, Vincent, je t’ordonne de regarder ton scope (moniteur du rythme cardiaque) ».
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La vidéo de la scène sera plus tard partagée au sein de l’hôpital. « Après ça, je n’en ai pas parlé à la direction, je l’ai gardé pour moi », confie Clauriane. Mais le comble arrive fin novembre 2024. Vincent « se montre (à nouveau) désagréable ». « Il a commencé à me traiter de traître après ma dénonciation du harcèlement à ma cheffe. Là, je lui demande frontalement : Mais pourquoi tu ne m’aimes pas ? Il m’a répondu : Je ne t’aime pas, tu es noire. Puis il a éclaté de rire », développe la jeune femme. C’était l’insulte de trop. Le 27 novembre, Clauriane dépose plainte au commissariat pour « injure publique en raison de sa race ».
Quelques semaines plus tard, l’infirmière et son collègue Vincent sont convoqués devant les directeurs de l’hôpital Cartier. Au terme de ce conclave, Vincent a décidé de démissionner pour éviter une éventuelle sanction. Des collègues imputent le départ de l’infirmier à Clauriane et la mettent à l’écart. La mère de famille finit par se mettre en arrêt maladie en février 2025. Elle dénonce « l’inaction » de sa direction qui « n’a pas été à la hauteur des faits », ainsi que le manque de soutien du reste du service. « Si je parle, c’est aussi pour toutes celles et ceux qui ont subi ça, et le subissent encore, sans pouvoir en parler », a-t-elle conclu. Clauriane est suivie sur le plan psychiatrique et psychologique depuis son départ de l’hôpital. Pour le moment, aucune suite n’a été donnée à sa plainte.