Le déficit commercial marocain en chute libre

4 octobre 2007 - 00h26 - Economie - Ecrit par : L.A

Avec une aggravation de 26,4% par rapport aux 8 premiers mois de l’année passée, le déficit commercial continue de se creuser. Il ressort à 84,1 milliards de DH à fin août. Devenu structurel, il est, comme à l’accoutumée, balancé par les fortes rentrées de devises à travers les recettes touristiques et les transferts MRE.

Mais, à fin août, les 37 milliards de DH d’excédent que dégagent le tourisme pour une recette globale de 41,2 milliards de DH (+11,1%) et les 37,2 milliards de DH rapatriés par les ressortissants marocains (+15,5%), ne suffisent pas à rétablir l’équilibre. Il en ressort même un solde non couvert de 9,8 milliards de DH. En diminution, toutefois, de 12,5% par rapport à juillet. Pour autant, le niveau de performance commercial, observé depuis le début de l’année, demeure pratiquement inchangé.

Ainsi, les importations continuent leur ascension et l’augmentation des exportations demeure hésitante. Les achats connaissent une croissance de 14,9% pour atteindre 161,9 milliards de DH. Cantonnée à 77,8 milliards de DH, la croissance des ventes gagne à peine un point sur un mois (+4,5%). En conséquence, le taux de couverture continue de chuter et s’affiche à 48% à fin août contre 52,8% pour la même période un an auparavant.

Dans le détail, tous les groupes de produits à l’importation ont enregistré une hausse. La plus notable demeure celle des produits alimentaires : +45,8%. A y voir de plus près, ce sont les céréales qui propulsent cette catégorie. Rien d’étonnant au vu de la situation à laquelle est confronté le pays. A savoir, remédier aux insuffisances de la campagne agricole sur fond de flambée des cours des matières premières. Pour le seul blé, l’Office des changes constate une hausse de 93,9% à 4,2 milliards de DH. Y contribue, donc, l’emballement des cours tout autant qu’une croissance en quantité des approvisionnements. Le prix moyen de la tonne de blé aura connu, à fin août, une augmentation de 35,2% établissant un nouveau record à 2.150 DH. Le volume d’achat s’inscrivant, lui, en croissance de 43,4%. Pour ne rien arranger, maïs et orge suivent la même tendance. Les achats en céréales auront, de fait, presque doublé (96,3%) de janvier à août, pour atteindre 7,1 milliards de DH. Ils pèsent donc pour 16,6% dans l’accroissement des importations.

Les autres produits à l’importation enregistrent une croissance relativement moyenne. Les produits finis d’équipement, renseignant sur l’effort d’investissement national, augmentent de 12,7% à près de 36,1 milliards de DH. A comparer avec les crédits à l’équipement qui progressent, à fin août, de 20,6% à 70,8 milliards de DH, selon les tout derniers chiffres de la Banque centrale. De même, demi-produits, produits finis de consommation et produits énergétiques s’inscrivent respectivement en hausse de 16,3, 14,7 et 4,6%. Il est toutefois attendu une accélération pour les produits énergétiques sous l’effet de l’approvisionnement en pétrole brut. A fin août, l’augmentation en volume de 2,5% ne gonfle pas la facture pétrolière grâce à l’allègement du prix moyen de la tonne importée de 7,3% à 3.899 DH. Toutefois, le pic de 84,1 dollars US le baril, atteint fin septembre, devrait changer la donne pour les mois à venir.

Côté exportations, la part des phosphates et dérivés est portée à 17%, à fin août, au lieu des 15,7% observé un an plus tôt. Ces mêmes produits augmentent de 13,3% à 13,2 milliards de DH.

Parallèlement, les exportations hors phosphates, ne progressent, elles, que de 2,9% à plus de 64,5 milliards. Dans cette catégorie, les produits alimentaires qui jusqu’à fin juillet, stagnaient, repartent en août, pour s’établir en hausse de 4,4%. La croissance significative des ventes de tomates fraîches (54,8%), menacées en début d’année par la concurrence des produits provenant de l’Egypte et de la Turquie, expliquent entre autres cette performance.

Les demi-produits enregistrent la plus forte progression à fin août avec 9,1%. Les produits bruts d’origine animale en stagnation à fin juillet s’inscrivent désormais en baisse de 27,3%, notamment à cause du repli des expéditions d’huile d’olive brute et raffinée.

Contacté par nos soins, Mohammed Benayad, secrétaire général du Conseil national du commerce extérieur, expliquait que pour doper les exportations, « des efforts devaient être portés par les opérateurs locaux, pour développer les capacités de production, et accroître l’offre exportable ». Plus qu’une recommandation, cela s’apparente de plus en plus à une obligation pour contenir un déficit commercial qui ne cesse de s’aggraver.

L’Economiste - Réda Harmak

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