Deuxième concours panafricain de procès fictifs des droits de l’Homme

28 décembre 2008 - 16h59 - 1996 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la prière et la paix soient sur le Messager de Dieu, Sa famille et Ses compagnons.

Mesdames et Messieurs,

Nous ressentons une grande joie du fait que le Royaume du Maroc abrite les travaux du deuxième concours panafricain de procès fictifs des droits de l’Homme. Nous nous réjouissons de placer ses travaux sous notre patronage et de couvrir ses séances de notre Sollicitude qu’elles méritent tant. En vérité, tout ce qui se rapporte à l’Afrique et comporte des bienfaits pour ses populations trouve en nous un écho favorable et une disponibilité à assurer son succès, de même toute question afférente aux droits de l’Homme rencontre de notre part une adhésion spontanée et focalise notre intérêt pour la concrétiser et la consolider.

Cette nature est inhérente à notre personnalité civilisationnelle et à nos composantes spirituelles et culturelles. Il s’agit d’une disposition liée à notre tempérament et à notre identité. Elle s’exprime dans nos lois et nos coutumes tout comme elle se reflète dans nos prises de position, nos engagements souscrits internationalement et notre ligne de conduite au sein des instances et des forums internationaux.

C’est pourquoi, il n’est nullement étonnant, mesdames et messieurs, que l’affirmation de l’identité africaine de l’Etat marocain figure en bonne place dans la Constitution du Royaume du Maroc qui, plus est, a inscrit parmi, ses objectifs fondamentaux la réalisation de l’unité africaine.

Pour ce, nous considérons votre rencontre bénie par la grâce de Dieu, comme une brillante illustration de la fraternité africaine entre le Nord et le Sud du continent et une des voies civilisationnelles les mieux recommandées pour réaliser cette unité à laquelle notre continent aspire ardemment et pour l’avènement de laquelle nous ne cessons, pour notre part, d’œuvrer et d’y consacrer nos potentialités, en mettant à contribution les moyens dont Dieu nous a dotés.

Il est hautement significatif que le Maroc abrite la deuxième rencontre de votre noble initiative, après que l’Afrique du Sud eut été le berceau de l’idée première de cette manifestation et le lieu où s’est tenue la première rencontre. Le peuple sud-africain a subi de dures épreuves du fait que les Droits de l’Homme les plus élémentaires lui ont été longtemps déniés et qu’il a pâti de la discrimination raciale honnis, durant plusieurs décennies. Son endurance a été aussi un modèle de résistance et de sacrifice pour faire prévaloir la dignité de l’être humain dans toute sa plénitude et défendre ses droits qui sont prescrits par toutes les religions et établis par tous les traités, conventions et usages internationaux.

Le Maroc a pâti, de son côté de l’oppression du colonialisme et des privations imposées à l’Homme dans ses droits légitimes à sa liberté. Nous avons enduré, Roi et Peuple, des épreuves pénibles, qu’illustre l’acte criminel du colonialisme portant atteinte au symbole de la Souveraineté d’un Etat se prévalant d’une civilisation profondément enracinée et d’une authenticité reconnue et consistant à l’éloigner de son peuple et de sa patrie.

Nous avons vécu aux côtés de Notre Père, que Dieu ait son âme, l’épreuve de l’exil et de l’éloignement de la patrie pendant un temps non négligeable et goûté aux affres des violations des droits de l’Homme, comme notre peuple qui a enduré les souffrances et la torture, combattu et résisté jusqu’à ce que le Très Haut ait rétabli le droit. Le Roi légitime regagna alors sa patrie pour retrouver son Trône sonnant le glas de l’ère de la tutelle et du protectorat et permettant au peuple de recouvrer son indépendance et sa liberté.

L’adversité et les épreuves que nous avons connues nous ont enseigné que le continent noir souffre des mêmes maux et réalisé que la voie d’une véritable renaissance et de la libération totale ne passe pas seulement par le recouvrement de la liberté, mais réside également dans l’action continue pour la sauvegarde de la dignité de l’Homme dans ce continent.

C’est à partir de cette conviction que notre souci de préserver la dignité de l’Homme dans les pays du continent est devenu une préoccupation fondamentale, celui de raffermir les relations africaines de fraternité, un objectif constant. Notre souci constant de sauvegarder les Droits de l’Homme s’inspire de notre religion magnanime et de notre Chariâ. Le Saint Coran nous invite, en effet, à préserver le Droits de l’Homme à la vie : (Coran). Le Saint Coran attire également notre attention sur la signification de la diversité et de la pluralité des nations et des peuples et nous appelle à la tolérance et à la fraternité : (Coran). Le Tout Puissant nous résume ainsi la signification des Droits de l’Homme et leur sauvegarde : (Coran). La Sunna (tradition du Prophète) nous enseigne que les hommes naissent égaux. Seule la foi fait la différence entre un Arabe et un non Musulman. La Sunna est pleine d’appels à la tolérance, au respect des libertés de l’Homme, à la préservation de ses Droits authentiques.

Les premiers tels qu’ils étaient reconnus par les religions célestes et auxquels ont appelé les sages. Les théologiens musulmans versés dans l’interprétation de "l’esprit des lois" islamiques établissent cinq règles ou constantes qui constituent le fondement de la Chariâ. Il s’agit de la préservation de la religion et de la raison, la progéniture et les biens et l’honneur. Si on réfléchit profondément sur ces constantes, on se rend compte qu’elles constituent les principes et les fondements qui sous-tendent l’appel à la préservation des droits de l’Homme.

Pour toutes ces raisons, il n’était donc pas étonnant pour ceux qui connaissent le Maroc et l’estiment à sa juste valeur parmi les nations, ce pays qui demeure attaché à sa religion, fier de son patrimoine et de son invulnérabilité tout en veillant à s’adapter à son époque et à suivre l’évolution que le Très Haut a tracée comme règle de la vie, il n’était donc pas étonnant que le préambule de la Constitution du Royaume réaffirme l’attachement du Maroc "aux droits de l’Homme tels qu’ils sont universellement reconnus", et consacre plusieurs titres à la règlementation et à la préservation de ces droits.

Compte tenu de notre ferme attachement à entourer les Droits de l’Homme de toute notre sollicitude, Nous avons créé à cette fin des appareils gouvernementaux exécutifs, en particulier le ministère chargé des droits de l’Homme et le Haut commissariat aux handicapés. En outre, nous avons mis en place un Conseil consultatif des droits de l’Homme dans lequel nous avons veillé à réunir des représentants du gouvernement d’une part, et des représentants des partis politiques, des organisations syndicales et des composantes de la société civile d’autre part.

Grâce à Dieu, nous continuons de déployer aujourd’hui encore, nos efforts au service du renforcement des Droits de l’Homme, convaincus que chaque pas fait dans cette voie constitue un nouveau jalon apporté à l’édifice de la Monarchie constitutionnelle, laquelle fait partie de nos valeurs et des symboles de notre personnalité civilisationnelle et de notre identité politique. De même, nous déployons encore des efforts louables dans la condamnation de l’extrémisme et du terrorisme là où ils se trouvent et quelles qu’en soient les formes.

En outre, Nous n’avons jamais hésité à répondre présent à l’Organisation des Nations Unies chaque fois que l’invitation nous est adressée. Nous n’avons jamais hésité non plus à sacrifier la vie de nos fils, qui est pour Nous la chose la plus chère de même que Nous n’avons jamais lésiné sur les moyens matériels et financiers pour le triomphe des appels à la préservation de la dignité de l’Homme partout à travers le monde et pour éviter les guerres entre les peuples ou au sein d’un même peuple tel que nous l’avions fait dernièrement, en Somalie et comme nous le faisons aujourd’hui encore en Bosnie-Herzégovine.

Honorable assistance, Nous apprécions à sa juste valeur la signification humaine profonde de l’organisation du concours panafricain de procès fictif des Droits de l’Hommes. Nous lui accordons de ce fait notre soutien et nous le bénis sons. Certes, la situation du continent africain dans l’éradication du colonialisme est aujourd’hui meilleure que par le passé. Il reste cependant que des territoires africains, qui nous sont chers, continuent à subir le joug du colonialisme et que des villes et des régions ont été arrachées à leurs propriétaires légitimes et attendent toujours d’être réintégrées à la mère-patrie et d’aspirer ardemment à jouir de leur droit à la liberté et à l’indépendance. L’homme dans ces villes et ces régions continue à endurer des affres de l’étouffement, ce qui est réellement surprenant en cette fin de vingtième siècle.

Il arrive que des Etats et des puissances colonisatrices déplorent devant les instances internationales la spoliation de leurs territoires et qu’au même moment, ils ignorent les droits d’autres peuples et Etats au parachèvement de leur liberté et au raffermissement de leur indépendance. C’est le cœur empli de tristesse et l’esprit chargé de chagrin et de regrets, que nous constatons que des conflits ethniques et toutes formes d’extermination barbare de l’homme ravagent de nombreuses régions de notre continent.

Nous relevons également, avec douleur et amertume, que notre cher continent connaît plusieurs formes d’extrémisme et que les considérations éthiques y font parfois défaut tantôt au nom de la religion, alors que cette dernière est étrangère aux viles actions qui lui sont imputés, tantôt au nom de valeurs et de principes qui, à tort, ont été pris comme paravent pour la réalisation de certains desseins.

Ce sont là, Mesdames et Messieurs, des sujets qui, tous requièrent de vous un intérêt particulier et qui, par leur gravité, n’admettent pas de manquement de votre part. La conscience mondiale vous en charge, votre humanisme vous dicte de vous y pencher et votre appartenance africaine vous en fait assumer la responsabilité. Œuvrez donc, puisse Dieu vous accorder succès, pour que dans votre action, vous soyez à la hauteur des espoirs fondés sur vous.

Sachez, Mesdames et Messieurs, que votre choix de la ville d’Oujda, sur le sol du Maroc pays africain prestigieux, est un choix judicieux et louable, riche en significations et symboles. Cette grande cité, dont la province fait face à la Méditerranée, qui se trouve à l’est de la capitale en direction du pays arabe et africain frère et qui pointe son regard vers le Sud est l’un des grands passages vers les pays africains frères et amis. Elle constitue le symbole de tout le Maroc et le reflet de son image qui ressemble à un arbre dont les racine plongent profondément le sol et dont les branches et les feuillages pointent haut vers le ciel. Cette ville arabe et islamique, connue depuis des siècles par sa grandeur, sa dignité et son héroïsme, célèbre cette année le millénaire de sa fondation. C’est là une illustration de l’authenticité marocaine et un témoignage vivant de sa profondeur et de sa singularité.

A vous donc félicitations pour votre réunion sur son sol pur et bienvenue à nos illustres hôtes et nos frères, dans leur seconde patrie dans cette partie de l’extrême Nord de la grande nation africaine. Nos remerciements et notre considération s’adressent aussi à ceux qui ont veillé à assurer le succès de cette initiative civilisationnelle, et à leur tête notre grand ami, Son Excellence le Président Nelson Mandela.

Nous rendons hommage également à tous ceux qui ont contribué à la tenue de cette rencontre et en premier lieu le Centre des droits de l’Homme de l’Université de Pretoria et l’Université Mohammed 1er d’Oujda. Puisse Dieu vous préserver, guider vos pas et assurer succès à votre action.

Que la paix et la bénédiction divine soient sur vous.

27/09/1996

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