Hommage à Léopold Sedar Senghor en son 90ème anniversaire

28 décembre 2008 - 13h10 - 1996 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Nulle part ailleurs qu’à l’UNESCO, l’hommage universel dû à Notre très cher et très grand ami, le Président Léopold Sédar Senghor, à l’occasion de son 90ème anniversaire n’était mieux à sa place. Il Nous est donc particulièrement agréable de lui adresser du haut de cette tribune Nos plus vives félicitations et Nos vœux les meilleurs de santé, de bonheur et de longue vie.

Homme de culture et homme d’Etat, le Président Senghor a réalisé une œuvre d’une élévation égale à la noblesse de sa vision d’homme d’action. Tous ses efforts expriment la tension du continent africain dans sa soif de dignité, dans son attachement à un monde tenté de l’ignorer et auquel il ait rappeler sans relâche que l’Afrique est le berceau de l’humanité.

Solidement enraciné dans la terre africaine, lié au Sud du Sahara et en particulier au Sénégal par une longue histoire spirituelle, le Maroc, qui a accueilli la Conférence de Casablanca dont Notre père, feu Mohammed V, fut l’inspirateur, a toujours été sensible aux appels du grand fils de l’Afrique en faveur de l’unité du Continent et de sa place dans le cours de l’histoire et du monde.

Le Président Senghor sut, à cette fin, enrichir les humanités universelles en puisant dans les traditions authentiques de l’Afrique ; ce que faisant, il a épanoui en lui un autre génie : celui de l’homme pacifique et modérateur, toujours hostile à "la pire des solutions" toujours dressé contre les extrêmes, toujours présent, au moment opportun, pour concilier et réconcilier, avec sérénité, conviction et fermeté, les frères africains entre eux.

Animé d’une double fidélité : à l’identité culturelle la plus propre et à l’ouverture du partage et de la compréhension, il a voulu que l’Afrique fût une ressource pour une civilisation sans égoïsmes ni souffrances. Poète, il a exprimé, avec une vivacité très communicative, le fait que le passé et la grandeur d’une culture sont ses ailes vers l’avenir. Sa foi en l’homme a renforcé sa confiance en l’efficacité de l’apport de chaque continent, de chaque région, de chaque tradition et de chaque nation. Son patriotisme s’est mué naturellement en humanisme approfondi, en mémoire élargie du monde nouveau, en harmonie entre des ordres de valeurs différents et convergents.

L’action de l’homme d’Etat fut justement marquée par le sens de l’accord et de l’équilibre. Grand intellectuel épris de liberté, il montra que l’esprit critique lesté de jugement et de sens moral est constructif, car la vie personnelle est l’ingrédient de l’évolution la plus propice aux droits et aux libertés. Sincère et résolu dans la défense des valeurs africaines, Notre grand Ami sut faire de l’indépendance de son pays l’outil efficace de son émancipation.

Considérant à juste titre les sacrifices de l’Afrique pour la victoire de la liberté sur l’oppression totalitaire, comme la base de la solidarité morale de l’humanité, il a conçu la coopération pour le développement comme le devoir sacré de tous. Dans cette perspective, la revendication des spécificité africaines ouvrit la voie de nouvelles relations entre l’Afrique et l’Occident. En effet, seules coopèrent des identités en dialogue. La négritude elle-même, dans la vision du Président Senghor, devint le garant de l’esprit de concertation. Nous devons nous en féliciter.

C’est parce que l’Afrique s’est sentie elle-même, s’est retrouvée et s’est nourrie de son propre passé que l’émancipation des peuples africains s’est accomplie. L’esprit nouveau qui a animé le dialogue et la réciprocité des services, doit beaucoup à cette personnalité africaine, capable de profiter des apports positifs, ainsi, comme il le dit, que "l’arbre qui, planté dans un riche humus, s’épanouit, fleurit à l’eau et au soleil".

Léopold Sédar Senghor a de cette façon revivifié l’identité des peuples africains. Il a assuré la survie des cultures africaines. Il a œuvré pour l’entente africaine. Poète et homme d’Etat, ses mots expriment des engagements et des décisions, mais ses actes s’épanouissent en formules d’une calme et supérieure mansuétude, quelque chose de la grande patience et de la bonté exprimée par les règles de la sagesse africaine. Grâce au Président Senghor, les cultures et les langues africaines, la manière de voir et de sentir qu’elles véhiculent, les valeurs de création qu’elles mettent en œuvre se sont universalisées, en nous rappelant par ce proverbe digne de toutes les nations et de tous les temps, cette vérité : "Quand on commence par le dialogue, on aboutit à une solution". Il a fallut, pour y croire, la force et la vigueur du poète qui nous enseigne que "L’arbre ne tombe pas s’il est l’esprit de l’arbre". Et l’esprit de l’Afrique, à travers nous tous, est désormais présent et prêt à la mission d’humanité qui est la sienne."

18//10/1996

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