Fonction publique : Bougez, vous serez payés !

6 avril 2007 - 01h04 - Maroc - Ecrit par : L.A

Après le DVD, un autre projet en préparation par le gouvernement Jettou qui pourrait être en tête d’affiche au cours des prochains mois : le redéploiement du personnel dans la Fonction publique.

Selon nos informations, l’opération, qui porte la très institutionnelle appellation de « projet de décret réglementant la mobilité des effectifs », est fin prête, réunions au niveau de la Primature et concertations plus larges se multiplient. Les syndicats sont informés des grandes lignes et seront associés comme ils l’ont été pour le DVD et l’horaire continu, précise un responsable au sein du ministère de la Modernisation des secteurs publics. Le texte devra être programmé dans un prochain conseil de gouvernement.

Le système proposé par le département de Mohamed Boussaid porte sur le redéploiement indemnisé des effectifs dans l’Administration. Au programme : deux indemnités à verser aux candidats au redéploiement nouvelle version. La première, forfaitaire, se calcule sur la base du salaire mensuel. Elle compte 6 mois de salaires. La deuxième est qualifiée de prime de déménagement. Son montant est fonction de la région où le fonctionnaire sera réaffecté. Elle varie entre 15.000 et 50.000 DH. Il est précisé que le redéploiement normal dans l’Administration continuera. La nouvelle formule vise à combler les situations de déficit du service public dans des régions enclavées et reculées.

En procédant au redéploiement indemnisé, l’Etat économisera dans le nombre de postes budgétaires à pourvoir chaque année. Au lieu de ne créer que de nouveaux, la Fonction publique proposera à des fonctionnaires d’aller travailler dans une autre région. Selon les prévisions du ministère, près de 1.000 fonctionnaires joueront le jeu, soit 15% des 7.000 postes budgétaires que l’Etat prévoit chaque an. Les départements ciblés en priorité par cette formule sont l’Education nationale, l’Intérieur et la Justice.

Pour ses promoteurs, ce redéploiement se base sur trois principes. D’abord, le volontariat. Cette formule indemnisée ne sera pas imposée au fonctionnaire et le profil devra convenir aux attentes de l’Administration, souligne le même responsable. Ensuite, l’approche se fera au cas par cas. Enfin, la progressivité. Les besoins des ministères et les demandes des fonctionnaires doivent correspondre. D’ailleurs, c’est dans cette optique que la bourse de redéploiement a été créée. L’objectif visé est le rapprochement entre l’offre et la demande. Le ministère de la Modernisation des secteurs publics compte combler les déficits régionaux via ce système de motivation. C’est une commission qui statuera sur les demandes des ministères. Son visa pour le redéploiement indemnisé sera nécessaire.

Pour un responsable au ministère, ce ne sera pas une campagne ou une opération généralisée sur une période donnée. C’est plutôt un outil permanent pour une meilleure gestion d’un redéploiement spatial et sectoriel. Attention, les demandes de redéploiement dans le sens du ministère des Finances par exemple ou vers l’axe Rabat-Casablanca ne seront pas prises en compte.

Absence de données

Plusieurs tentatives de redéploiement entreprises par le passé ont échoué. Et pour cause, l’approche sociale et managériale des problèmes inexistante. Les données sur les effectifs optimums des ministères font défaut. Résultat : absence de la gestion prévisionnelle des effectifs. D’où la nécessité de mettre en place une carte de visibilité de la gestion des effectifs, une sorte de référentiel des emplois et des compétences (REC). L’idée est de favoriser la maîtrise de l’information concernant la Fonction publique. A aujourd’hui, 5 ministères ont mis en place cet outil de visibilité. 21 autres départements comptent le faire en 2007.

L’Economiste - M.C.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Driss Jettou - Administration

Ces articles devraient vous intéresser :

Ce fléau qui fait mal au Maroc

Malgré l’adoption en 2015 de la stratégie nationale de lutte, la corruption ne recule pas au Maroc en raison de principales résistances rencontrées, aussi bien au niveau intra-étatique que dans l’ensemble de la société, et en particulier dans le...

Immobilier au Maroc : des changements pour le transfert de propriété

Au Maroc, le transfert de propriété ne se fera plus comme avant, la loi de finances 2025 ayant revisité les conditions applicables à l’inscription des actes et conventions à l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la...

Maroc : Pénurie inquiétante de livrets de famille

Anticipant sur la forte demande de livrets de famille à l’approche de la saison du retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le ministère de l’Intérieur mobilise les inspecteurs de l’état civil au niveau des préfectures dans les différentes...

Maroc : derniers jours pour la régularisation fiscale des revenus

Les contribuables marocains souhaitant mettre en conformité leurs revenus déclarés n’ont plus que quelques jours pour déposer leurs demandes de régularisation.

Investissements des MRE : l’État serre la vis et sanctionne

Suite à une multiplication des plaintes signalant des obstacles d’ordre administratif et judiciaire, le ministère de l’Intérieur a instruit les walis et les gouverneurs de plusieurs préfectures et provinces, à l’effet de résoudre des dossiers relatifs...

Marrakech veut en finir avec la mendicité et les SDF

La ville de Marrakech mène une lutte implacable contre la mendicité professionnelle et le sans-abrisme, qui porte déjà ses fruits. À la manœuvre, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la brigade touristique.

Maroc : les parlementaires traqués

Au Maroc, le bureau de la Chambre des représentants renforce la traque contre les députés absentéistes en faisant installer des caméras de nouvelle génération dans l’enceinte de l’institution.

Maroc : révision de l’impôt sur le revenu

Le gouvernement marocain, via son porte-parole Mustapha Baitas, a annoncé une révision de l’Impôt sur le revenu (IR) avec pour objectif d’augmenter les revenus des employés et fonctionnaires.

Hassan Abkari limogé : une faute grave à l’origine de son départ du port Tanger Med

Hassan Abkari, directeur général du Port Tanger Med, a été démis de ses fonctions, pour « faute grave ».

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).