L’horaire d’été à partir du 1er juin au Maroc

6 mai 2008 - 11h16 - Maroc - Ecrit par : L.A

On en parle depuis au moins deux ans, et Driss Jettou avait même, peu avant la fin de son mandat, programmé de le mettre en place : il s’agit de l’horaire d’été. L’Office national de l’électricité (ONE), lui, a fait du passage à GMT + 1, un des axes de son programme de réduction de la consommation d’électricité, depuis 2006 déjà. Mais la décision, qui relève bien évidemment de l’autorité gouvernementale, tardait à venir.

Cette fois sera-t-elle la bonne ? Amina Benkhadra, ministre de l’énergie et des mines, assure que la mesure interviendra bientôt et la décision sera annoncée dans les tout prochains jours. Le schéma vers lequel on se dirige, selon Mme Benkhadra, est celui d’un GMT +1 à mettre en place, à titre d’essai, à partir du 1er juin 2008 et qui prendrait fin le 30 septembre. A l’issue de cette période d’essai de quatre mois, une évaluation du système sera faite pour décider soit de son extension à toute l’année, soit de son application en été seulement, soit de son abandon.

A l’instar de ce qui se pratique un peu partout, l’horaire GMT +1 (ou +2 comme en France pendant l’été), génère d’importantes économies d’énergie. Il faut rappeler à cet égard que c’est à la suite du choc pétrolier de 1974 que la France, par exemple, avait décidé d’instituer l’horaire d’été (GMT + 2) et l’horaire d’hiver (GMT + 1), avec comme objectif de réaliser des économies d’énergie en réduisant les besoins d’éclairage notamment. Et ceci en faisant correspondre les heures d’activités avec les heures d’ensoleillement. L’évaluation réalisée en France du système GMT + 2 en été et GMT + 1 en hiver avait montré que le pays économisait entre 0,7 à 1,2 twh (térawattheure), soit, pour faire simple, entre 700 millions et 1,2 milliard de kwh.

Quid du Maroc ? Selon les estimations établies par l’ONE, l’adoption de l’horaire GMT + 1 sur toute l’année permettrait d’abaisser de 140 MW le niveau maximal de puissance appelée, ce qui permettrait de surseoir temporairement à l’urgence d’un investissement de 2 milliards de DH en capacités de production électrique. A cela, il y a sans doute lieu d’ajouter, comme avantage de ce système, une meilleure synchronisation, en termes d’échange, avec l’Europe, principal partenaire commercial du Maroc.

Mais si l’on se focalise trop sur le changement de l’horaire légal, comme mesure institutionnelle pour une meilleure maîtrise de la demande d’électricité, c’est tout simplement parce qu’elle est la plus « spectaculaire ». En réalité, sur le volet institutionnel, il existe d’autres propositions qui sont au stade de la validation par l’autorité gouvernementale.

On peut citer la généralisation de l’horaire continu, dont l’impact attendu est évalué à 500 millions voire 1 milliard de dirhams en terme de report d’investissement ; ou encore la gestion déléguée de l’éclairage public, qui devrait se traduire par des économies d’énergie de près de 30% de la consommation actuelle de l’éclairage public. Cette mesure, rappelons-le, est déjà appliquée, avec « réussite » selon l’ONE, à Khouribga et Beni Mellal.

Parmi les mesures d’économie d’énergie, qui attendent d’être validées cette fois par le ministère des Affaires économiques et générales, il y a celles relatives à la tarification. Ainsi, il est question d’introduire, pour la basse consommation (ménages et force motrice), un tarif bi-horaire : heures de pointe et heures normales. L’objectif est d’inciter ces clients à reporter l’utilisation de certains appareils électriques grands consommateurs d’électricité vers les postes horaires où le kwh est le moins cher.

On estime que cette mesure se traduirait par une réduction de la demande de 117 MW, dont 83 MW proviendraient du transfert de l’utilisation, par les ménages, de leurs appareils électriques (lave-vaisselle, chauffe-eau, lave-linge, etc.) des heures de pointe vers les heures normales de la journée.

Nouvelle tarification pour inciter les gros consommateurs à s’effacer pendant les heures de forts appels de puissance

Les gros consommateurs ne sont pas oubliés ; il est question d’introduire, pour la haute et la très haute tension, une nouvelle tarification, dite super pointe, afin d’inciter ces grands comptes à s’effacer pendant les heures de forts appels de puissance.

Cette mesure, bien que pouvant avoir un impact réel à la fois sur les producteurs d’électricité (un gain de 87 MW) et les consommateurs, sera-t-elle effectivement suivie (puisqu’elle est de toute façon optionnelle) ? Il semble que certains parmi eux ont déjà fait savoir qu’ils auraient du mal à la mettre en application, vu que, déjà, ils n’utilisent pas entièrement leur capacité de production alors que les produits qu’ils fabriquent sont très fortement demandés. Ce serait les cas des cimentiers...

Source : La vie éco - Salah Agueniou

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Energie - Environnement - Office National de l’Electricité - Heure d’été

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : une deuxième usine géante de dessalement en projet à Nador

Le Maroc se prépare à lancer un appel d’offres pour une nouvelle usine de dessalement d’eau de mer à Nador, d’une capacité de 250 millions de mètres cubes par an, a annoncé Nizar Baraka, ministre de l’Eau et de l’Équipement.

Carrières de sable illégales au Maroc : de hauts responsables pointés du doigt

De hauts responsables figurent parmi les exploitants « clandestins » de carrières de sable qui commercialisent du sable de mauvaise qualité partout au Maroc. D’ailleurs, cette activité échappe à la taxation imposée dans la loi de finances 2023.

Gazoducs, regazéification et hydrogène vert : les paris du Maroc

Le Maroc travaille à développer les énergies renouvelables pour garantir son indépendance énergétique. Les autorités du royaume ont prévu un plan ambitieux de construction d’oléoducs et de gazoducs pour atteindre cet objectif d’ici 2030.

Mondial 2030 : les Marocains contraints de se mettre au tri sélectif

Le Maroc va mobiliser près de 6 milliards de dirhams pour la mise en œuvre du projet de tri des déchets dans les six villes devant accueillir les matchs de la coupe du monde 2030 qu’il co-organise avec l’Espagne et le Portugal.

Une importante découverte de gaz au Maroc

SDX Energy a annoncé la découverte d’un important gisement de gaz dans le bassin du Gharb, dont l’exploitation contribuera au développement économique de la région.

Total annonce un projet à 10,69 milliards de dollars au Maroc

Le PDG de Total Energies, Patrick Pouyanné, a fait part lors de l’Assemblée générale mixte des actionnaires du jeudi 26 mai 2023, d’un projet ambitieux d’énergie renouvelable au Maroc.

La prolifération des méduses préoccupe le Maroc

Le Maroc va lancer des recherches pour comprendre la prolifération des méduses qui envahissent ses côtes. Une résolution a été prise dans ce sens, visant à assurer la conservation et l’utilisation durable des ressources marines en Méditerranée et en...

Le Maroc doit-il s’inquiéter pour le sabotage des câbles sous-marins ?

Après le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, le Maroc doit-il craindre celui des câbles sous-marins utilisés pour l’Internet ou l’électricité ?

Norme « Euro 6 » : le patronat marocain demande un moratoire à l’Europe

Dans une demande formulée depuis juillet, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) demande du temps avant la mise en application de la norme antipollution dénommée « Euro 6 » déjà en vigueur en Europe et qui sera appliquée à partir de...

Safi : le maire s’octroie un garage en douce, la colère gronde

Le président de la commune urbaine d’Asfi a construit sans autorisation préalable un garage souterrain pour sa maison de deux étages, en chantier dans le quartier Miftah Al Rahma, suscitant l’indignation et la colère des résidents et des défenseurs des...