Lutte contre la corruption, un bilan en demi-teinte

16 avril 2008 - 22h41 - Maroc - Ecrit par : L.A

Un bilan en demi-teinte, celui que dresse Transparency Maroc à l’occasion de la présentation du bilan de l’Observatoire de la corruption. Fouad Filali Meknassi, actuel président de cette association, n’y est pas allé de main morte. Le Maroc est l’un des 94 signataires de la Convention des Nations unies contre la corruption (signée en 2003, elle n’a été publiée au Bulletin officiel qu’en 2008).

Il s’est également doté d’un plan d’action national de lutte contre la corruption dont la principale disposition demeure la création de l’Instance nationale de prévention de la corruption. Initiative qui a été saluée en son temps. Mais force est de constater, souligne Transparency Maroc dans sa déclaration, que non seulement cette instance dont la création a été décidée par décret il y a un an, ne répond que partiellement aux critères stipulés par la Convention des Nations unies ratifiées par le Maroc, mais en plus, à ce jour, elle n’a pas encore été mise en place.

Deux ans donc après la publication de ce plan, l’Association rappelle l’urgence de sa concrétisation et demande sa mise en oeuvre à commencer par l’installation de l’Instance.
Transparency Maroc épingle également le gouvernement concernant la déclaration du patrimoine. La jugeant « éparpillée à travers des procédures et des mesures éparses », elle affirme qu’elle ne permet ni« de couvrir les principaux décideurs publics, ni de traiter de manière égalitaire et transparente leur suivi ni d’engager de manière systématique des investigations ».

Bien entendu, il ne faut pas voir uniquement la partie vide du verre. Le Maroc, rappelons-le, a réussi à améliorer légèrement son score sur le classement dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2007. Il a été en effet classé à la 72ème place parmi 180 pays avec une note de 3,5 sur l’IPC 2007, et ce, en légère hausse par rapport à 2006 où il a été classé à la 79ème place parmi 163 pays avec une note de 3,2. Une amélioration louable certes, mais qui ne sort pas le Maroc du stade de la corruption endémique où il se trouve actuellement. Beaucoup reste à faire notamment dans les domaines où la corruption est la plus répandue. C’est le cas du secteur de la santé qui fait actuellement l’objet d’une initiative commune entre ce ministère et Transparency Maroc. « Mme Badou nous a effectivement sollicités en vue de l’accompagner dans la mise en oeuvre de son programme de lutte contre la corruption.

Un comité de pilotage a été mis en place dans ce sens qui se chargera de définir les actions à mener et les mécanismes à mettre en place en vue d’atteindre les objectifs attendus », a souligné dans ce cadre Fouad Filali. Une occasion pour rappeler que les actions de Transparency Maroc dépendent naturellement des moyens dont elle dispose. Et ces derniers restent limités tant qu’elle ne bénéficie pas encore de statut d’utilité publique. La demande déposée dans ce sens il y a près de deux ans demeure en instance. « Le caractère d’utilité publique n’est pas un privilège, c’est une reconnaissance symbolique et morale que Transparency est un partenaire de l’Etat dans la lutte contre la corruption ».

Bien entendu, ce statut permet à l’Association de bénéficier des aides des partenaires sociaux et économiques en plus de celle de l’Etat, si aide il y a. Cette rencontre a été également une occasion d’exposer et discuter le bilan et les perspectives de « l’Observatoire de la corruption et du développement de la transparence au Maroc », entité mise en place par Transparency Maroc au mois d’août 2007. L’Observatoire a présenté à cette occasion le deuxième numéro de sa publication, « Transparency News », consacrée à la transparence de la justice et les enjeux d’indépendance et d’efficacité ainsi que le Système d’information élaboré pour assurer une veille informationnelle sur la problématique de la corruption.

Source : Libération - Amina Salhi

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Sujets associés : Corruption - Transparency Maroc - Bilan - Azeddine Akesbi

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