Le corps de Philippine, étudiante de 19 ans, à l’université Paris-Dauphine, avait été retrouvé samedi 21 septembre 2024 dans le bois de Boulogne. Elle est morte étranglée alors qu’elle rentrait chez elle, en plein après-midi. Dans les colonnes du Figaro, ses parents, Loïc, ingénieur en nucléaire et Blandine, saluent la mémoire d’une jeune femme « courageuse, rayonnante, intelligente ». Son corps est enterré au cimetière municipal de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), juste derrière le domicile familial. « Je suis catho, je suis persuadée que Philippine est à côté du Père. J’ai enterré ma fille, mais j’aurais besoin qu’elle me fasse un signe. Et peut-être que là je pourrais la laisser partir », a confié sa mère Blandine, enseignante. Un an après, elle n’arrive pas à se remettre de la mort de sa fille. « Je n’ai pas avancé d’un pouce depuis un an, je suis à moitié morte. Presque tous les jours, j’ai des petites choses à lui dire, et c’est le silence », poursuit-elle.
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Le 24 septembre 2024, Taha Oualidat, Marocain âgé de 22 ans au moment des faits, avait été arrêté à la gare principale de Genève en tant que principal suspect du meurtre de Philippine et avait été extradé vers la France. Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire pour viol et homicide. Il « est sous le coup d’une mesure d’obligation de quitter le territoire français (OQTF). Mais celle-ci n’avait pas été exécutée au moment de cette rencontre fortuite avec Philippine », a fait savoir la même source. Le mobile sexuel est privilégié en raison des antécédents judiciaires de Taha O. Celui-ci avait été jugé pour un premier viol sur une autre étudiante dans la forêt de Taverny (Val-d’Oise) et avait été condamné en 2021. Libéré en juin 2024, « en fin de peine » selon le parquet de Paris et visé par OQTF, il avait été placé en centre de rétention administrative à Metz, en attendant l’accord du Maroc pour son expulsion.
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En l’absence de ce feu vert, le juge des libertés et de la détention a rejeté une quatrième prolongation de rétention du détenu. Il sera libéré, mais assigné à résidence dans un hôtel de l’Yonne où il ne s’est jamais rendu. Il sera inscrit au fichier des personnes recherchées la veille du meurtre, le 19 septembre pour n’avoir pas respecté son obligation de pointer. « Cet individu n’aurait jamais dû se trouver sur son chemin », affirment les parents de Philippine. Sa mère dénonce : « Ce n’est jamais la faute de personne. Ceux qui ont failli à leur fonction n’ont pas eu un mot pour Philippine, aucun n’a envoyé une gerbe sur sa tombe. Cela montre à quel point ils ne se sentent ni coupables ni responsables. […] Mais on a assez de peine pour ne pas se taper la tête contre le mur. Peut-être que je serai plus en colère quand j’aurai moins de peine ».
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Elle est en outre écœurée qu’une partie de la loi portée par le député LR Olivier Marleix, allongeant la durée maximale de rétention pour les étrangers jugés dangereux adoptée par l’Assemblée nationale, ait été censurée par le Conseil constitutionnel début août. « Comment des hommes et des femmes peuvent prendre le risque que nos jeunes soient assassinés ? », se morfond la mère de famille.