Elément aggravant contre Philippe Servaty

14 avril 2006 - 15h23 - Belgique - Ecrit par :

Le touriste sexuel belge va devoir répondre de faits de pédophilie. Une instruction menée par le juge Fransen est déjà en cours en Belgique.

Les filles mineures, c’est pour l’instant la seule, et la plus efficace, manière d’atteindre notre coupable », déclare maître Abdelmounaïm Taha, l’un des avocats qui défend, côté marocain, les intérêts des victimes d’un touriste belge. Rappel, Philippe Servaty, ex-reporter du journal « Le Soir », a abusé de quelque 80 filles dans la région d’Agadir, au sud du Maroc, entre 2001 et 2004.

Et la plainte déposée à son encontre par quelques-unes de ses victimes devrait s’alourdir. C’est qu’un extrait d’acte de naissance d’une fille mineure (17 ans aujourd’hui) ayant été abusée par M. Servaty va être transmis prochainement au juge d’instruction en charge du dossier en Belgique, Daniel Fransen.

« Le Maroc n’a officiellement lancé aucune plainte ni mandat d’arrêt international contre Philippe Servaty », explique Fatiha Saïdi, députée régionale bruxelloise. « Donc, nous avions besoin de pièces probantes pour avancer plus vite dans l’instruction. Voilà de quoi renvoyer le Belge au pied de la loi de 1995 qui condamne le tourisme sexuel sur mineur », poursuit la députée socialiste d’origine belgo-marocaine. L’« affaire Servaty » continue de susciter indignation et colère au Maroc et, partant, dans la communauté marocaine de Belgique.

« Majeures et consentantes »

Quinze filles, victimes du touriste belge, ont été incarcérées dans deux prisons, celles d’Inezgane et d’Aït Melloul, aux abords d’Agadir. Ces filles, auxquelles M. Servaty, promettait le mariage, ont toutes été arrêtées en 2005. La cour de Première instance d’Agadir avait retenu plusieurs chefs d’inculpation à leur encontre : relation sexuelle avant le mariage, exhibition, fabrication et diffusion de matériel pornographique.

M. Servaty avait diffusé sur Internet des reproductions photographiques de ses « conquêtes » marocaines, à leur insu. Ces images, parfois à caractère pornographique, ont ensuite été téléchargées et vendues sur CD-Rom.

Deux filles, parmi les quinze arrêtées, étaient mineures au moment des faits, ce que M.Servaty a nié lors d’une convocation récente avec le juge d’instruction Daniel Fransen. Là, M. Servaty se serait borné à reconnaître la prise de photos avec des filles

« majeures et consentantes ». Une victime est toujours détenue dans une prison d’Agadir, alors que les autres filles ont bénéficié d’une grâce royale de la part du souverain Mohamed VI en janvier 2006.


« Raser les murs »

« Il s’agit de dignité, on ne cherche pas de compensation financière. Ces filles sont désormais obligées de raser les murs partout où elles vont ! Il faut qu’elles soient réhabilitées et cela passe par une condamnation de M. Servaty », s’exclame Abderrahamne El Yazidi, qui préside Anaruz (Espoir, en Berbère), une association de soutien aux victimes du touriste belge qui a été créée l’année dernière.

Aide juridique, mais aussi humaine, pour des filles plongées dans la détresse la plus totale, Anaruz est venu pallier le manque d’engagement des associations féminines peu enclines à se mouiller sur le terrain tabou du tourisme sexuel. « Personne, même les plus téméraires des féministes, n’a voulu relever le gant », observe encore Fatiha Saïdi. « On demande que Servaty, s’il est condamné en Belgique, vienne purger sa peine de prison au Maroc », glisse Abdelkader Maski, un coordinateur de l’Association marocaine des droits de l’homme à Agadir.

Mais, au vrai, « nous n’attendons rien des autorités marocaines, reprend Maître Taha. Servaty a été renvoyé chez lui, en Belgique, sans être inquiété... Sous la pression médiatique, le procureur d’Agadir a accepté d’ouvrir une enquête. C’est plus pour la forme qu’autre chose ».

Source : La Libre Belgique

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