L’affaire Radouane : Le calvaire d’un Belgo-Marocain en prison

4 juillet 2007 - 00h39 - Belgique - Ecrit par : L.A

Radouane Al Majd, un Belgo-Marocain de 33 ans, revient à la vie. Depuis le 9 juin, il était dans le coma. La cause : certains de ses co-détenus à la prison belge de Saint-Hubert l’ont agressé.

« Deux prisonniers m’ont tenu chacun par une main, un autre s’est chargé de me taper dessus de toutes ses forces », raconte Radouane à sa mère. Celle-ci rapporte que l’un des agresseurs, après avoir mis son fils à terre, a continué à le frapper partout et lui a même marché sur le visage. « Ils ont manqué de peu de tuer mon fils et personne n’a réagi », s’indigne-t-elle en pleurant.

Baignant dans son sang, Radouane a été transporté d’urgence à l’hôpital. Il a été blessé au visage, aux yeux, à la mâchoire... Tout son corps portait des traces de coups. Il a été sauvé in extremis.

Le lundi 18 juin, le blessé a à peine repris ses esprits qu’il a été renvoyé dans sa prison, malgré les protestations de sa mère. À ce jour, aucune plainte n’a été déposée et aucune enquête n’a été ouverte suite à cette agression qui n’est pas un cas isolé. Radouane était défendu par une avocate pro deo (non rétribuée par son client, mais par l’Etat).

La violence dans le milieu carcéral en Belgique est monnaie courante. Elle est l’une des conséquences de l’anarchie et de la surcharge qui caractérisent les prisons belges.

Celles-ci n’ont dans leur globalité qu’une capacité de 8.311, elles abritent aujourd’hui plus de 10.100 détenus.

Dans ce contexte, les cellules, souvent insalubres, destinées à abriter deux détenus, en abritent trois, sinon plus.

« Dans cette promiscuité, un condamné pour meurtre côtoie parfois un prévenu qui pourrait être déclaré innocent par la suite. Ces deux prisonniers peuvent fréquenter un sans-papiers qui se trouve juste en détention administrative et qui ne comprend même pas ce qu’on dit autour de lui », révèle un visiteur de prison. Du coup, la cohabitation n’est pas toujours facile.

« Quand il y a une bataille entre prisonniers, les agents pénitentiaires n’osent même pas intervenir. Ils craignent pour leur vie », rapporte une source pénitentiaire. La même source explique que les détenus constituent souvent des bandes organisées à l’intérieur de chaque prison. « C’est la loi du plus fort qui règne dans ces zones de non-droit », confirme un ex-détenu en parlant des prisons en Belgique.

Et de renchérir : « c’est à travers un jeu de pouvoir qui a ses subtilités, ses règles et ses combats qui sont extrêmement violents parfois, que les caïds s’imposent. De la sorte, dans certaines prisons, la bande dominante peut être d’origine marocaine, dans d’autres elle peut être d’origine italienne ou albanaise... Et ce sont toujours les plus faibles qui paient ». Le passage à tabac de Radouane n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Le Reporter - Mohamed Zainabi

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