L’actrice, productrice et danseuse maroco-canadienne, Nora Fatehi figure parmi les grosses pointures du cinéma indien. À combien s’élève la fortune de la plus indienne des Marocaines ?
Il n’y a qu’à défiler des titres comme « Roumana wa Bartal », « Douiba », « Souk N’ssa » pour voir émerger, fraîchement, la silhouette pas plus haute qu’un choux, de Sanaâ Akroud. Grande dans son esprit, sage et réfléchie quant aux choix qu’elle s’est fixés pour façonner son parcours professionnel.
Petite, elle se remémore avoir été une enfant très difficile. Avec son sourire qui ne la quitte que rarement, elle dit : « J’étais très difficile, capricieuse. Je débordais d’énergie. Je rentrais souvent à la maison couverte de boue et de poussière. J’adorais jouer aux billes, à cache-cache, nager dans la rivière appelée Zaraba. Les poupées, ce n’était pas mon fort. On a vécu une enfance merveilleuse. Je me sentais libre, c’est important ».
Elle est la récolte d’une éducation basée sur la liberté et le sens de la responsabilité. Elle est, aussi, le fruit de l’espace, des lieux où elle a grandi, sa ville natale Taroudant qui continue de lui inspirer, amour et quiétude. Une ville qui puise son authenticité dans ses trésors culturels, ses traditions et coutumes, la fraîcheur de ses parfums, le charme de ses oasis, de ses ruelles et de sa rivière. Jamais un artiste n’a décrit aussi, généreusement et joliment, sa ville natale, que l’a fait Sanaâ.
« Taroudant ma ville natale, c’est là où il y a toutes les personnes que j’aime et qui m’aiment aussi. C’est là où mes souvenirs continuent de prendre forme et de venir à moi que je sois à Taroudant ou ailleurs. Taroudant, la cité magique où j’ai grandi, ses ruelles, ses paysages mémorisent la cadence de mes pas de petite fille. Lorsque je me promène concrètement dans ma ville, ou j’y retourne à travers ma mémoire, je m’entends rire et courir. La ville de Taroudant est une belle femme pourvue d’une grande âme, celle de ses habitants chaleureux, généreux, et « niyya », Il y avait plus de bonheur qu’aujourd’hui. C’est ma seconde mère », narre Sanaâ.
Son père Mbarek, cultivateur et grand amoureux du jardinage, lui inculque le sens de l’esthétique. De sa maman Zaïna, elle hérite le suc de la poésie et l’amour de la dramaturgie. Pétillante de vie et de charme, elle a le regard étincelant d’intelligence. Ce n’est pas un hasard, si on lui a confié le rôle de Roumana. Ses parents l’ont éduquée sur les valeurs de la responsabilité, de la modestie et de la pudeur. « Je donne l’impression d’être une fille effrontée. Loin de là, je suis très timide et très pudique ». Déclare dans un éclat de rire Sanaâ. « Mes parents, de nature très ouverts, ne se sont jamais opposés à mes choix, au contraire, ils m’ont toujours encouragée à opter pour la voie qui sied à ma personnalité et à mon caractère. L’essentiel pour eux, c’est que je puisse assumer mes responsabilités », poursuit l’amoureuse des planches. En 1997, l’année où elle réussit son Bac lettres modernes, elle décide de quitter sa ville natale Taroudant, en direction de Rabat où elle allait passer le concours de l’ISADAC (Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle).
Le jour du concours, elle se plante toute confuse, avec sa petite taille qui voile beaucoup d’atouts, de potentialités et de volonté d’aller de l’avant. « Je portais des lunettes en verre de taupe. Je regardais toutes ces filles bien sapées, grandes de taille, et je me disais, mon Dieu, ce que je vais être ridicule. Certaines candidates m’ont demandé d’enlever mes lunettes, car, disaient-elles, c’était interdit. Sans mes lunettes, je ne voyais que dalles. Malgré cette situation, j’ai réussi mon concours », se rappelle Sanaâ qui adore se nourrir de lecture et écrire des scénarios ou des nouvelles. « La lecture est à l’homme, ce que l’eau est à la fleur », affirme Sanaâ, l’éternelle enfant. « Il faut préserver ce côté enfant que chacun de nous, a en lui. Il ne faut pas prendre les choses trop au sérieux », partage avec son public, l’enfant prodige de Taroudant.
Pour cette artiste convaincue, le métier d’artiste est un métier à grand risque. C’est une belle aventure qu’il faut assumer jusqu’au bout. « J’aime ce métier et je le fais avec beaucoup d’amour. S’il m’est arrivée par bêtise humaine, d’interpréter un rôle que mon public n’a pas apprécié, je lui dis mille excuses », conclut Sanaâ. Quand la terre est fertile, il suffit d’arroser et d’éparpiller quelques bonnes graines, pour faire pousser de beaux arbres fruitiers. Sanaâ est une multitude de ces graines enfouies qui n’attendent que d’être dévoilées.
Source : Aujourd’hui le Maroc - Ilham Khalifi
Ces articles devraient vous intéresser :