Télécoms, l’envers d’une ascension

8 juillet 2008 - 18h39 - Economie - Ecrit par : L.A

Un phénomène !? La starisation accrue de certains secteurs. A l’instar des BTP ou du tourisme, les télécoms se classent dans le hit-parade 2007 de la croissance économique. Dans son dernier rapport, Bank Al-Maghrib a souligné leurs poids. Ils ont relativement épargné l’économie des turbulences mondiales, dont la hausse des prix du pétrole, et surtout la mauvaise saison agricole de 2007.

Il y a dix ans, le chiffre d’affaires du monde des télécoms a été de l’ordre de 8,5 milliards de DH. D’après la Primature, on en est actuellement à 30 milliards de DH. Dans son dernier rapport, le régulateur donne plus de détails : le secteur participe à hauteur de 7% au PIB et emploie directement 37.000 salariés… Durant les cinq dernières années, les télécoms s’adjugent la moitié des investissements directs étrangers. Ils sont également le premier contributeur fiscal…

Le opérateurs de « secteur-star » ont donc de quoi parader. Face à cette montée en puissance, de grosses priorités s’imposent. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, Ahmed Réda Chami, les a synthétisées, lors du 10e anniversaire de l’ANRT, en trois points : « améliorer la qualité de la communication ; baisser les prix et mutualiser les infrastructures pour réduire leur coût d’installation ».

Le basculement vers la fibre optique, par exemple, a déjà été lancé. Finetis Maroc, opérateur en infrastructure alternative, a installé depuis un réseau de plus de 900 km de fibre optique pour le compte de Wana et Méditel. La généralisation d’une telle technologie réduirait, en principe, le coût des communications. Quant à la mutualisation des infrastructures, elle ne semble pas être pour le moment une priorité pour la Moroccan association of telecom industry (MATI).

Toujours est-il que le ministère des Affaires économiques et générales plaide pour une « vision territorialisée des télécoms » basée sur des enquêtes, en vue de spécifier les besoins de chaque région. PACTE, un programme qui vise à couvrir toutes les « zones blanches » du Royaume par le réseau télécoms a été initié.

Parler des télécoms ne doit pas occulter le débat sur la fracture numérique. D’une région à l’autre et d’un foyer à l’autre, les disparités dans l’utilisation et la pénétration des technologies de l’information sont loin d’être surmontées. Il est vrai que Génie, un programme qui s’étale sur trois ans (2006-2009), va équiper plus de 8.600 écoles en salles multimédia. Mais un autre défi persiste : à l’heure où la carte d’identité, le permis de conduire et l’état civil se numérisent, il va falloir connecter 30 millions de citoyens à leur administration. Un projet qui doit être mené de pair avec une informatisation des procédures… administratives. Il y a de quoi bouleverser les méthodes de travail des fonctionnaires et les réflexes des administrés. Autant dire révolutionner toute une mentalité…

Exotisme juridique ?

La loi 55-01 confirme : l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) se voit confier un pouvoir de sanction pour parer aux pratiques anticoncurrentielles. Exotisme juridique ? Pas vraiment, car « cette délégation s’appuie sur une loi et renforce l’efficacité de la régulation sectorielle », commente Nabil Boughabi, chercheur en droit économique à la faculté de Nice. Mais cette option, même si elle a démontré son mérite notamment en Grande-Bretagne, est discutable. Alors même qu’il n’a qu’un pouvoir consultatif, il fallait d’abord sortir « le Conseil de la concurrence de son coma », selon l’expression de Farid El Bacha, professeur de droit. Plus alarmant, « un décret du 15 novembre 2007 confie au ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales les attributions dévolues au Conseil de la concurrence ! » Un « enterrement » juridique en bonne et due forme.

Source : L’Economiste - Faiçal Faquihi

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