Attentat Casablanca : Terroriste pour rien !

27 mars 2007 - 00h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

Abdelfattah Raïdi est mort pour rien. Il s’est auto-déchiqueté pour rien. Il n’a même pas eu droit à l’enterrement de l’intégr(al)ité de son corps. Même les sempiternels justificateurs de l’injustifiable se sont tus. Abdelfattah Raïdi, le « déjà crevé », et Youssef Khadri, le rescapé du cybercafé, portaient en eux une haine de soi incommensurable.

Le premier se shootait aux « ampoules rouges » (qarqoubi) et le second faisait, selon Khadri père, dans la colle chimique (Silicionne). Pourtant, ces criminels sans idées se sont approvisionnés en dogmes obscurantistes auprès de mafieux déguisés en islamistes. La capacité de nuisance du mouvement jihado-salafiste, fut-il adossée à la Qaïda, s’est révélée nulle. C’est la leçon centrale de l’attentat de Sidi Moumen.
Le kamikaze Abdelfattah Raïdi.

Voilà une brigade de plusieurs terroristes qui s’apprêtait à faire exploser des édifices publics et privés dont un palace de Casablanca et le siège de la préfecture de police de la ville blanche. Une brigade de criminels comme beaucoup d’autres. Nul besoin d’être un profiler de la CIA pour dresser le profil type de ces jeunes gens qui ont investi l’« industrie de la mort ». Des hordes de marchands ambulants récupérés par le jihadisme transnational via des cybercriminels, correspondants locaux du tentacule sanguinaire. L’un de ces sinistres correspondants n’est autre que le « sous-marin » de Had Soualem que les forces de l’ordre purent cueillir à temps (16h10) avant qu’il n’eût pu transmettre le ciblage explosif, prévu vers 22h, à Raïdi et à son complice Khadri. Le procédé est des plus simples : convenir d’un code basique lors d’une rencontre ou par voyou interposé. Le travail de rembourrage de cerveau et la formation au port d’explosifs se font en quelques semaines, parfois en quelques jours. Le jour J, on regagne un cyber pour accéder aux instructions dûment codées. Et puis Booooum !

Longtemps, l’Internet a été l’outil exclusif de l’armée et des services secrets américains. Une technologie militaire qui a pu vaincre le colosse nucléaire soviétique. Les forces de la nuit s’en sont emparées aujourd’hui pour retourner cette arme, devenue domestique, contre ses propres inventeurs et, plus globalement, contre la modernité, toutes les modernités.

En vérité, L’acte barbare de Sidi Moumen, s’il a inspiré le dégoût par son abjection, n’a, en revanche, causé aucune perturbation notable sur la vie des Casablancais et des Marocains. à peine quelques difficultés mineures de circulation autour du cybercafé explosé. Cet acte n’a eu aucune incidence sur l’économie du Royaume. La bourse est plus que jamais dynamique. Il n’a pas fait sauter le gouvernement. Il n’a fragilisé en rien le degré de vigilance des citoyens, des forces de l’ordre et de la classe politique. Les salopards peuvent se dire que la nation est aujourd’hui immunisée et que, de toutes les façons, rien n’est révisé à la baisse quant aux chantiers majeurs du Royaume. La construction des villes nouvelles, la requalification du suburbain, la création des routes et des autoroutes ne sont point aliénées. Les apprentis-salauds se font donc exploser pour rien ! Qu’on n’aille surtout pas leur chercher des circonstances atténuantes ou des alibis alambiqués. Ils sont les forçats d’un sida mental qui diffuse la mort et la désolation. Une vaste escroquerie à la doxa coranico-hadithique a été promue par les jihadismes meurtriers. Les enfants des faubourgs difficiles en sont les premières victimes. Mais ces victimes sèment la violence, l’ignorance et la mort. Ces soldats de l’abject sont entraînés pour traquer le vrai, le bon et le beau. Ils sont les ennemis de la vie. Point.

Sur le plan diplomatique, le Royaume a, contrairement au vœu des criminels, bénéficié d’une immense compassion. En effet, personne ne doute aujourd’hui de la mobilisation de notre peuple contre la pandémie terroriste. D’autant que le Royaume se trouve sur un triangle périlleux campant, au nord, l’un des détroits les plus stratégiques de la planète, au sud un couloir où la Qaïda put bénéficier de la « courtoisie » polisarienne pour déployer ses troupes et, à l’est, un Etat en perpétuelle agonie.

En tout état de cause, mêmes les familles des terroristes sont horrifiées. La société marocaine est fondamentalement attachée à la vie et à ses plaisirs les plus simples. D’ailleurs, le substratum même de cette société exclut la mort comme moyen d’ « expression » : Les extractions berbère et arabe de notre peuple sont étrangères à cette horrible forme de perversité qu’est le terrorisme panislamiste. D’ailleurs, l’origine du mal n’est pas arabe. Ce dernier nous vient de contrées islamiques non arabophones (Iran puis Afghanistan, Pakistan…etc.)

Les foyers de grande pauvreté sont traités aujourd’hui avec moins de nonchalance gouvernementale. Nous en verrons les résultats dans moins d’une décennie. En attendant, la vigilance demeure de mise. Le terrorisme, quel que soit son background idéologique, est le contraire même de la vie. Pas de pitié pour les assassins !

La Gazette du Maroc - Abdessamad Mouhieddine

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