Bab Sebta, frontière de deux mondes

10 octobre 2005 - 11h52 - Espagne - Ecrit par :

L’entrée de Sebta ressemble à s’y méprendre à n’importe quelle autre bourgade paumée du Maroc. Un défilé de murailles lépreuses insuffle au lieu une atmosphère triste et mélancolique.
Vendredi 19 août 2005, poste-frontière de Bab Sebta, la campagne de retour des MRE bat son plein. La chaleur caniculaire de l’été contraste avec le ciel gris et bas de cette journée pluvieuse.

Sur les trois voies de passage prévues par les autorités marocaines, c’est celle de gauche qui affiche le plus grand taux de trafic. Normal, c’est la première voie que les automobilistes venant de Fnideq rencontrent. En l’absence de signalisation adéquate, ils s’y engagent tête baissée et se retrouvent coincés dans de gigantesques bouchons. Tandis que, à côté, dans le passage du centre et celui de droite, la circulation demeure souvent fluide.
En ce vendredi, une longue file constituée de centaines de voitures, pour la plupart immatriculées à l’étranger, s’est agglutinée devant cette voie de passage très fréquentée. Malgré le désordre apparent, accentué par un concert assourdissant d’avertisseurs, la file avance à un rythme raisonnable. De temps à autre, l’avancée est freinée par quelques inconscients qui abandonnent leurs voitures au milieu de la file pour aller régler leurs formalités douanières dans les innombrables guichets prévus pour la circonstance. Ils sont aussitôt apostrophés par des policiers marocains qui rodent parmi les rangées de voitures. Cependant, le ton reste souvent amical et nos policiers font preuve d’une gentillesse bien inhabituelle sous nos cieux.
Côté espagnol, le rythme augmente et la circulation devient beaucoup plus fluide. Ce qui est en soi logique, puisque, par rapport à leurs homologues marocains, nos amis ibères font preuve d’une étonnante nonchalance. Le contrôle se fait à l’humeur et nombre de véhicules passent sans même s’arrêter. Ce qui n’est pas pour déplaire aux automobilistes. En revanche, pour les piétons, qui doivent traverser un long tunnel grillagé, la vigilance semble de mise. De temps à autre, les douaniers espagnols refoulent quelques mémés empaquetées dans des djellabas trop amples. Il s’agit, comme vous l’aurez deviné, de contrebandières dépourvues de documents de voyage et qui désirent traverser la frontière avec une simple carte nationale. Avec un Espagnol approximatif, certaines insistent et finissent par convaincre les douaniers de les laisser passer.
De l’autre côté de la frontière, l’entrée de Sebta ressemble à s’y méprendre à n’importe quelle autre bourgade paumée du Maroc. Un défilé de murailles lépreuses insuffle au lieu une atmosphère triste et mélancolique. Derrière ces murailles, sur les collines, se profile un quartier déshérité aux allures de favela. Bâtis en pente, des R+2 et R+3 délabrés paraissent défier les lois de la pesanteur. On se croirait à douar Lhajja à Rabat ou Bani Makada à Tanger. Normal, c’est le quartier marocain de Sebta.
Au loin, au bout da la longue avenue côtière qui mène vers le port, se dessine un horizon beaucoup plus avenant : les immeubles du centre ville avec en arrière plan la forteresse du Mont Hacho et le fort des Majorquins... Bienvenue à Sebta l’européenne.

Majdouline ElAtouabi - Maroc Hebdo

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