Emeutes à Anvers après le meurtre d’un enseignant marocain

27 novembre 2002 - 17h47 - Belgique - Ecrit par :

La confrontation que redoutaient tellement les partis démocratiques au pouvoir à Anvers s’est produite : mardi soir 26 novembre, à Borgerhout, dans la banlieue de la grande ville portuaire, la police et des groupes de jeunes d’origine étrangère, échauffés par la Ligue arabe européenne (LAE) de Dyab Abou Jahjah, se sont affrontés pendant plusieurs heures.

Les incidents ont démarré lorsque s’est répandue la nouvelle du meurtre de Mohamed Achrak, un jeune professeur marocain, tué par un voisin belge de 66 ans qui, selon les autorités judiciaires, semblait souffrir de problèmes psychologiques.

Sous l’œil des caméras découvrant ce quartier-laboratoire, où l’extrême droite est très active et où la municipalité développe de gros efforts en vue de l’intégration, le chef de la police et le leader de l’AEL ont tenté de nouer un dialogue impossible.

Pour les autorités locales, l’arrivée d’Abou Jahjah, qui avait, depuis quelques jours, déployé des "comités de surveillance" chargés de contrôler les interventions de la police, n’a fait qu’envenimer les choses. Selon la LAE, groupuscule marginal critiqué au sein de la communauté arabe et turque, on avait affaire à un meurtre raciste, perpétré par un homme connu pour avoir commis d’autres violences. "Nous sommes les juifs du XXIe siècle", clamait Ahmed Azzuz, le chef local de la Ligue.

La municipalité de la première ville flamande, gérée par une coalition unie seulement par la volonté de faire barrage à l’extrême droite (celle-ci rassemble un tiers de l’électorat anversois), redoute l’extension des incidents. A six mois des législatives, les partis de Flandre craignent quant à eux que la confrontation ne serve uniquement les intérêts du Vlaams Blok, qui a fait de la conquête d’Anvers l’un des principaux objectifs de sa marche vers le pouvoir.

"Les ferments de la violence, attisée par le contexte international, sont présents dans les deux camps. Et chaque camp cherche la justification de son action dans l’attitude de l’adversaire", diagnostique Anne-Marie Lizin, présidente socialiste de la commission de l’intérieur du Sénat. Pour une fois, les partis francophones ne se réjouissent pas des difficultés survenues dans l’autre partie du pays : car, même si elle est éclatée et désorganisée, l’extrême droite francophone pourrait, elle aussi, utiliser à son profit les incidents d’Anvers.

Jean-Pierre Stroobants pour lemonde.fr

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