Enquête : Quid du Maroc en 2030 ?

11 juillet 2007 - 13h24 - Maroc - Ecrit par : L.A

Ils approchent, ou ont déjà la vingtaine. Comment se voient-ils, imaginent-ils le Maroc, le Maghreb, la sphère arabo-musulmane et le monde en 2030 ? Questionner des élèves de la deuxième année du bac sur des thèmes économiques, politiques, culturels et sociaux, qui forment le puzzle du Maroc et du monde de 2030 était nécessaire. Le Haut commissariat au Plan (HCP) l’a fait. Une enquête dont les résultats en disent long sur les aspirations, les illusions et les désillusions d’une génération qui lèchera la cinquantaine, à l’approche du terme du premier tiers du XXIème siècle. Lecture et analyse.

Cette enquête s’inscrit dans un processus initié par le Roi Mohammed VI et tendant à entreprendre toutes sortes d’inventaires et de projections, en vue d’enrichir le débat tous azimuts. Le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, présente ainsi le cadre de l’enquête : « Sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi, le Haut Commissariat au Plan, conduit, comme vous le savez, depuis 2004, une réflexion prospective sur le Maroc 2030. Une telle réflexion est, aujourd’hui, arrivée à la phase d’élaboration des scénarios, exploratoire, alternatif ou de rupture, dans l’un ou l’autre desquels le Maroc, après débats, pourrait choisir d’inscrire l’itinéraire stratégique de son développement économique et social, conformément à une planification rénovée qui répond aux exigences du monde moderne ».

En tout cas, cette tradition de mise sous analyse des différents aspects de la vie nationale est, en elle-même, une vertu de bonne gouvernance. Comment construire l’avenir quand on n’a pas soumis le passé à l’analyse critique et si on n’a pas exploré les différents scénarios du futur ? L’enquête effectuée auprès des citoyens de demain, que sont les élèves bacheliers d’aujourd’hui, relève de cette ambition.
A la lecture de cette enquête de 55 pages, on est saisi avant tout par l’optimisme des 1271 jeunes sondés, quant à l’avenir du Royaume. A cet optimisme correspond un pessimisme, quant au futur du monde, sphère arabo-musulmane exceptée. Même si des bémols viennent tempérer une telle impression, sans toutefois la démentir.

En effet, on peut quasiment toucher du doigt une grande ambition en terme d’insertion sociale : 74% des sondés auraient, à cet horizon, un statut de cadres supérieurs et 23,2% de cadres moyens.

L’auto-perception est résolument positive, en ce sens que 65,2% conçoivent leur vie active au Maroc, alors que 36,3% la voient se dérouler à l’étranger. Quoi de plus normal à l’ère de la mondialisation rampante ? D’autant que les sources d’accès à l’information seraient dominées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication  : pour 71,4%, cette source serait l’Internet.

Au chapitre de la perception des réalités nationales en 2030, l’attention focalisée sur le social, l’économie et la politique. 29,3% des enquêtés portent un intérêt soutenu aux questions sociales, avec une forte prédominance des questions liées au développement humain, celles-ci étant marquées, en particulier, par de nettes performances en matière de lutte contre l’analphabétisme, le chômage, l’habitat insalubre, etc. Les questions politiques, quant à elles, sont fortement présentes dans 23,5% des réponses, avec une prédominance des questions liées à l’intégrité territoriale (9,4%) et aux relations avec l’environnement régional et international. Les questions économiques, de leur côté, sont au centre de 17,7% des réponses, les sciences et les technologies de 12,9% et le sport de 10,3%. « Dans l’ensemble, la vision des jeunes, est largement optimiste pour leur pays, qu’ils perçoivent en plein essor, voire comme une grande puissance économique, technologique et militaire. C’est le cas des trois quarts de la population enquêtée. Cependant, 10,9% ont une vision plus mitigée et 6,2 %, une vision bien pessimiste. Pour les premiers, le Maroc continue à affronter les mêmes problèmes et pour les autres la situation serait, plutôt, détériorée ».

La vision de l’avenir du monde contraste avec l’optimisme de celle que les jeunes ont de leur propre pays. Ainsi, à l’inverse de la perception qui se dégage de l’enquête au plan national, la situation internationale, telle qu’elle ressort des titres des médias imaginés par la catégorie des jeunes concernés, est d’une rare complexité. Elle semble fortement influencée par l’impact des événements qui agitent le monde actuel et le poids du rôle que les grandes puissances y jouent. C’est ainsi que 25 % des réponses traduisent un regard négatif sur l’évolution du monde et le rôle joué, notamment, par les Etats-Unis. Il n’en reste pas moins que 12 % des réponses renvoient à un monde moins inégalitaire, multipolaire et vivant en paix ; Le monde arabo-musulman, quant à lui, est au centre de 32,7% des réponses et jouit, a contrario, d’un préjugé favorable en ce qui concerne sa situation en 2030, où il aurait trouvé son unité et réalisé une forte avancée en termes économique et politique. A l’heure où certains parlent de relâchement du sentiment patriotique au bénéfice de quelque non-destin de type opportuniste, cette enquête vient attester de l’attachement des jeunes à leur pays.

Cet attachement revêt des aspects qui transcendent une conjoncture mutationnelle et, somme toute, difficultueuse, pour appréhender le futur avec beaucoup d’espérance.

En 2030, je ferai probablement partie de ceux qui ne seront plus de ce monde. Cette enquête rassure ma génération, quant au devenir de la nation pour laquelle des sacrifices ont été consentis et des humiliations, parfois immondes ont été subies. Bonne route !

Une méthodologie scientifiquement valide

Objectif : Cette enquête vise à appréhender comment le jeune marocain se projette en 2030 par rapport à sa profession, à son lieu de résidence et aux médias qu’il utilise pour se tenir informé de l’actualité. Pour cerner ses préoccupations et sa perception de l’environnement dans lequel il vivra en 2030, il lui a été demandé d’imaginer le titre d’une information médiatique de l’actualité nationale et de l’actualité internationale.

Champs de l’enquête : L’enquête a concerné un échantillon représentatif des élèves de la deuxième année du baccalauréat au niveau national. Vu que 95% des effectifs scolarisés en secondaire sont en milieu urbain, l’enquête s’est focalisée uniquement sur les villes.

Méthodes d’échantillonnage : En l’absence d’une base de sondage exhaustive et récente, l’échantillonnage de l’enquête a été fait par la méthode des quotas. Les variables retenues pour former les quotas, sont le sexe et la branche d’étude (lettres, sciences, techniques). Une représentation géographique a été, par ailleurs, assurée au niveau de l’ensemble des provinces et préfectures du Royaume.

Echantillon : L’enquête a été réalisée auprès de 1271 bacheliers et bachelières répartis dans 276 établissements d’enseignement couvrant le Royaume. Cet échantillon a été construit selon les principes stipulés par la méthode des quotas. Sa taille est jugée suffisante pour estimer toutes les caractéristiques de l’ordre de 10% et plus, avec une erreur relative ne dépassant pas 7%.

Allocation de l’échantillon : Sur la base des données du recensement général de la population et de l’habitat de 2004, il a été procédé à l’allocation de la taille de l’échantillon selon les provinces, proportionnellement au poids de chacune d’elles, en termes d’effectifs des élèves scolarisés en deuxième année du baccalauréat.

Les tailles arrêtées pour chaque province, sont par la suite allouées selon le sexe et la branche. La structure au niveau national a été retenue pour la répartition des élèves selon les branches d’enseignement.

Répartition des enquêtés selon le sexe et le lieu de naissance

Selon le sexe, les 1271 jeunes enquêtés se répartissent en 50.5% de garçons et 49,5% de filles. Selon l’origine, 87.1% sont nés en milieu urbain et 12.9% en milieu rural. Selon la branche d’étude, les littéraires constituent 48.2% des enquêtés, les scientifiques 46.6% et ceux de la branche technique 5.3%.

Selon la profession du père, les jeunes dont le père est cadre moyen, employé ou commerçant représentent plus de la moitié de l’échantillon soit 53.2% ; 20,5% ont un père cadre supérieur, 12,4%, ouvrier, 12%, exploitant agricole ou artisan, 1,2%, chômeur. 0.7% des jeunes n’ont pas précisé la profession de leur père.

Selon la profession de la mère, l’écrasante majorité des élèves enquêtés ont des mères femmes au foyer, soit 82.4%.

Les pourcentages des mères en activité se répartit ainsi : mère cadre moyen : 11.6% ; mère cadre supérieur : 3.7% ; mère exploitante agricole : 1.7% ; et mère ouvrière : 0.3%. 0.2% des enquêtés ne se sont pas prononcés sur la profession de leur mère et 0.2% sont orphelins de mère.

Gazette du Maroc - Abdessamad Mouhieddine

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