La douane de Menton a récemment mis la main sur une trouvaille pour le moins inhabituelle. Loin des saisies habituelles de stupéfiants ou de contrefaçons, ce sont des vestiges d’un autre temps qui ont été découverts : une dizaine de dents de reptiles préhistoriques, remarquablement préservées.
Ces trésors paléontologiques, repérés dans un camion de fret en provenance d’Espagne et à destination de l’Italie, étaient dépourvus des documents nécessaires à leur circulation. « Lorsqu’on trouve dans des colis des biens archéologiques, normalement, il y a des justificatifs qui doivent les accompagner […] S’il n’y a pas ces documents, le flux est considéré comme illicite, donc la marchandise est saisie par la douane », explique Samantha Verduron, de la Direction régionale des douanes de Nice.
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Les dents ont ensuite été confiées au musée de la Préhistoire de Menton. L’expertise a révélé qu’elles appartenaient à un plésiosaure, un reptile marin au long cou et à la petite tête, ayant vécu il y a environ 70 millions d’années. Cette créature a nourri l’imaginaire collectif jusqu’à inspirer le mythe du monstre du Loch Ness.
L’origine de ces fossiles, souvent le Maroc, est bien le souci majeur. « Pour être vendus à des collectionneurs, à des amateurs de paléontologie », confirme Pierre-Elie Moullé, attaché de conservation du patrimoine. Les prix de ces vestiges varient : « 50, 100, 150 euros » pour une dent, mais « un crâne, c’est plusieurs milliers d’euros. C’est pour ça que ce commerce est très actif ».
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Ce marché florissant alimente, par ricochet, un trafic illégal préjudiciable aux sites paléontologiques. Gérald Lemaître, paléontologue dans le Var, témoigne avoir récemment constaté les dégâts causés par des fouilles clandestines : « C’est l’œuvre de quelqu’un qui est venu sans autorisation sur le site pour essayer d’y trouver des fossiles […] Il n’y a pas eu de soin à l’extraction de ces fossiles. C’est simplement du vol ».