
La souveraineté du Maroc sur le Sahara est irréfutable si l’on s’en tient aux documents royaux historiques, a affirmé jeudi Bahija Simou, la directrice des Archives royales, lors d’une conférence organisée par l’Association Ribat Al Fath pour le...
La visite que le président du gouvernement espagnol, M. Jose Maria Aznar, vient d’effectuer en Algérie a comporté, outre les échanges strictement bilatéraux, un volet régional. Et la question du Sahara figure au centre des échanges. Non que quelque chose de nouveau en ressorte qui puisse rompre avec la traditionnelle position des uns et des autres. Le président du gouvernement espagnol a réitéré à la télévision algérienne son souhait pour « un accord entre les parties concernées » sur le Sahara.
Faite à Alger, cette déclaration confirme seulement une certaine attitude, d’autant plus que l’Espagne est membre du Conseil de sécurité, actuellement penché sur l’affaire du Sahara. « Nous souhaitons toujours, a-t-il précisé, qu’il y ait une entente, un accord entre les parties. C’est là la position traditionnelle de l’Espagne qui reste telle quelle en ce moment ».
Le chef du gouvernement espagnol a affirmé notamment : « Je respecte l’initiative du secrétaire général de l’ONU et souhaite que les parties puissent conclure des accords qui recevront notre support ». Le propos ne prête à aucune confusion, certes. Il fait écho cependant à la sortie, dans le même dîner, de Abdelaziz Bouteflika qui a cru bon d’avancer que « l’affaire du Sahara est une question de décolonisation dont le règlement relève de l’ONU… ».
Il y a là langage en demi-teinte, des tirs croisés entre le président algérien et son hôte. Curieuse alchimie des choses : la “ décolonisation ” qu’invoque paradoxalement M. Bouteflila comme une condition sine qua non à tout règlement n’est-elle pas celle-là même à laquelle étaient parvenus, le 14 novembre 1975, Maroc et Espagne ? Pourquoi aux yeux du même président, à l’époque impétueux chef de la diplomatie algérienne, la notion de décolonisation du territoire était-elle à ce point méprisée, combattue par son gouvernement et vouée aux gémonies ?
Pourquoi en revanche aujourd’hui, vingt-huit ans après, elle retrouve grâce à ses yeux ? Qui plus est devant le chef de gouvernement d’Espagne, le même pays qui avait signé l’accord de Madrid, exemple s’il en est de l’aboutissement de tout processus de décolonisation ?
Ce que l’Algérie avait abhorré hier l’adore-t-elle subitement aujourd’hui ? Comme quoi, on ose à peine le penser, le cynisme est toujours le trait saillant du réalisme politique. Encore que la référence à cette notion n’a vraiment plus cours dans la littérature juridique des Nations unies, parce qu’il n’existe pratiquement plus de territoire à “ décoloniser ” sur terre. La théorie des Etats ayant elle-même évolué, les entités lilliputiennes qu’Alger s’efforce contre vents et marées à créer ex nihilo au Sahara devenant fictives et illusoires. MM. Aznar et Bouteflika se sont, en effet, entretenus sur bien des choses et ont même “ souligné l’essor remarquable de leurs relations ”.
Ils se sont félicités aussi de ce qu’ils appellent la “ coopération stratégique privilégiée ” qui constitue le pilier du traité d’amitié signé entre eux en octobre 2002 et qui se jauge, calculs obligent, à l’aune de quelque 3 milliards de dollars. L’Algérie est considérée comme le “ premier partenaire économique de l’Espagne dans le monde arabe et le dixième partenaire sur le plan international ”.Elle approvisionne l’Espagne à raison de plus de 60% pour ses besoins énergétiques.
Comment s’étonner qu’une certaine complicité puisse inspirer une attitude commune ? Madrid marque néanmoins ses pas et s’en remet à l’ONU ; à tout le moins elle demeure prudente. En souhaitant un “ accord entre les parties ”, M. Aznar se donne le privilège de ne rien exiger ou d’imposer quoi que ce soit au Maroc.
Le Matin
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