L’Espagne souhaite un accord entre les parties au Sahara

28 novembre 2003 - 12h00 - Espagne - Ecrit par :

La visite que le président du gouvernement espagnol, M. Jose Maria Aznar, vient d’effectuer en Algérie a comporté, outre les échanges strictement bilatéraux, un volet régional. Et la question du Sahara figure au centre des échanges. Non que quelque chose de nouveau en ressorte qui puisse rompre avec la traditionnelle position des uns et des autres. Le président du gouvernement espagnol a réitéré à la télévision algérienne son souhait pour « un accord entre les parties concernées » sur le Sahara.

Faite à Alger, cette déclaration confirme seulement une certaine attitude, d’autant plus que l’Espagne est membre du Conseil de sécurité, actuellement penché sur l’affaire du Sahara. « Nous souhaitons toujours, a-t-il précisé, qu’il y ait une entente, un accord entre les parties. C’est là la position traditionnelle de l’Espagne qui reste telle quelle en ce moment ».

Le chef du gouvernement espagnol a affirmé notamment : « Je respecte l’initiative du secrétaire général de l’ONU et souhaite que les parties puissent conclure des accords qui recevront notre support ». Le propos ne prête à aucune confusion, certes. Il fait écho cependant à la sortie, dans le même dîner, de Abdelaziz Bouteflika qui a cru bon d’avancer que « l’affaire du Sahara est une question de décolonisation dont le règlement relève de l’ONU… ».

Il y a là langage en demi-teinte, des tirs croisés entre le président algérien et son hôte. Curieuse alchimie des choses : la “ décolonisation ” qu’invoque paradoxalement M. Bouteflila comme une condition sine qua non à tout règlement n’est-elle pas celle-là même à laquelle étaient parvenus, le 14 novembre 1975, Maroc et Espagne ? Pourquoi aux yeux du même président, à l’époque impétueux chef de la diplomatie algérienne, la notion de décolonisation du territoire était-elle à ce point méprisée, combattue par son gouvernement et vouée aux gémonies ?

Pourquoi en revanche aujourd’hui, vingt-huit ans après, elle retrouve grâce à ses yeux ? Qui plus est devant le chef de gouvernement d’Espagne, le même pays qui avait signé l’accord de Madrid, exemple s’il en est de l’aboutissement de tout processus de décolonisation ?

Ce que l’Algérie avait abhorré hier l’adore-t-elle subitement aujourd’hui ? Comme quoi, on ose à peine le penser, le cynisme est toujours le trait saillant du réalisme politique. Encore que la référence à cette notion n’a vraiment plus cours dans la littérature juridique des Nations unies, parce qu’il n’existe pratiquement plus de territoire à “ décoloniser ” sur terre. La théorie des Etats ayant elle-même évolué, les entités lilliputiennes qu’Alger s’efforce contre vents et marées à créer ex nihilo au Sahara devenant fictives et illusoires. MM. Aznar et Bouteflika se sont, en effet, entretenus sur bien des choses et ont même “ souligné l’essor remarquable de leurs relations ”.

Ils se sont félicités aussi de ce qu’ils appellent la “ coopération stratégique privilégiée ” qui constitue le pilier du traité d’amitié signé entre eux en octobre 2002 et qui se jauge, calculs obligent, à l’aune de quelque 3 milliards de dollars. L’Algérie est considérée comme le “ premier partenaire économique de l’Espagne dans le monde arabe et le dixième partenaire sur le plan international ”.Elle approvisionne l’Espagne à raison de plus de 60% pour ses besoins énergétiques.

Comment s’étonner qu’une certaine complicité puisse inspirer une attitude commune ? Madrid marque néanmoins ses pas et s’en remet à l’ONU ; à tout le moins elle demeure prudente. En souhaitant un “ accord entre les parties ”, M. Aznar se donne le privilège de ne rien exiger ou d’imposer quoi que ce soit au Maroc.

Le Matin

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Sahara Marocain

Ces articles devraient vous intéresser :

Un club algérien risque de boycotter un match au Maroc

Alors que le tirage au sort des quarts de finale de la Coupe de la Confédération africaine (CAF) est imminent, l’Union Sportive de la Médina d’Alger redoute qu’un nouveau différend l’oppose au club marocain Renaissance de Berkane à cause du maillot des...

Le Front Polisario réagit au discours du roi Mohammed VI

Le Front Polisario a vivement réagi, jeudi, au discours du roi Mohammed VI au sujet du Sahara. Le roi du Maroc avait affirmé que le référendum d’autodétermination pour ce territoire restait une option « inapplicable ». En réponse, le Front Polisario...

Aucune capacité militaire pour le Polisario

Alexander Ivanko, Chef de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a affirmé dans un rapport que le Polisario n’est pas disposé à aller vers un cessez-le-feu avec le Maroc et n’a pas les capacités...

A l’ONU, le Maroc dénonce encore les agissements de l’Algérie

Omar Hilale, ambassadeur et représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, estime qu’il est temps de réévaluer la manière dont la question du Sahara marocain est traitée au sein du Comité des 24 de l’ONU (C24) pour le pacifique, avec clarté et courage.

Le Polisario se plaint du Maroc auprès de l’ONU

Un groupe proche du Polisario affirme que des Forces royales air ont ciblé ses chameaux et son bétail dans les zones sahariennes et tient la MINURSO responsable de toute escalade qui pourrait en découler.

Le Polisario s’en prend à nouveau au Maroc

Le Polisario, protégé de l’Algérie, accuse le Maroc de faire obstacle à la « décolonisation » du Sahara occidental et la communauté internationale d’inaction.

Sahara : voici la lettre envoyée par Emmanuel Macron au roi du Maroc

Dans une lettre envoyée au roi Mohammed VI et divulguée le mardi 30 juillet 2024, le président français Emmanuel Macron a reconnu la marocanité du Sahara.

Un phénomène météorologique rare touche le Sahara marocain

La Direction générale de la météorologie (DGM) s’explique sur un phénomène naturel rarissime qui touche les régions désertiques et sahariennes du Maroc.

L’Espagne tire un trait sur le Sahara occidental

Le ministère espagnol des Affaires étrangères, sous la houlette de José Manuel Albares, a retiré de son site internet une section consacrée au Maghreb et au Moyen-Orient. Auparavant, cette partie incluait l’engagement de l’Espagne pour...

Trois miliciens du Polisario se rendent à l’armée marocaine

Trois miliciens du Polisario se sont rendus aux Forces armées royales (FAR) dans la région d’Oum Dreyga, au sud-ouest du mur de défense marocain, au Sahara.