Le cas de Sebta et Mellilia est encore une nouvelle fois l’objet de tension entre Rabat et Madrid. Cette fois, il ne s’agit nullement d’assauts de Subsahariens ni de drogue, encore moins de contrebande mais de la confirmation par le Maroc, lors de la récente cinquième session du Comité d’association avec l’Union européenne, que les villes de Sebta et Mellilia sont occupées.
La présidence britannique tournante des vingt-cinq a répondu aux propos de Rabat en qualifiant ces deux villes d’"espagnoles".
Voulant atténuer cet incident politique, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Moratinos, a estimé, le 30 novembre devant les membres du Sénat à Madrid, qu’"il ne fait que refléter des positions traditionnelles et constantes des deux pays sur Sebta et Mellilia".
Le président de la ville autonome de Mellilia, José Imbroda, affilié au PP, a qualifié, au cours de cette séance, les propos du Maroc d’"agression" à la "souveraineté espagnole" sur ces deux villes.
Cette nouvelle tension sur la marocanité de Sebta et Mellilia, s’inscrit dans une conjoncture politique espagnole assez particulière. Le gouvernement de Madrid, depuis les intensifications, en octobre dernier, des flux de clandestins subsahariens, subit une pression allant crescendo pour que le chef de l’exécutif, Rodriguez Zapatero, effectue un voyage à Sebta et Mellilia. Effectivement, le locataire de la Moncloa avait annoncé, devant les présidents des régions début novembre, son intention de s’y déplacer début janvier 2006. A quelques jours de cette date fatidique, l’opposition veut profiter au maximum de cette donne pour acculer M. Zapatero à concrétiser sa promesse. Au point que certains médias madrilènes spéculent même sur le début de négociations entre Rabat et Madrid sur l’avenir de Sebta et Mellilia. En ligne de mire des critiques de ces organes de presse, le conseiller diplomatique de José Luis Rodriguez Zapatero, Maximo Cajal qui, depuis 2003, affiche publiquement son opinion pour le retour de Sebta et Mellilia à la souveraineté marocaine.
La non-participation des présidents de ces deux villes occupées, lors du sommet Zapatero-Jettou, du 29 septembre à Séville, a alimenté les spéculations se rapportant à ce problème. L’économie des deux villes occupées est liée, en grande partie, au Maroc. La manne financière générée par la contrebande, chiffrée à un milliard d’euros, est une garantie pour la stabilité des emplois dans ces deux villes.
Le statut politique en Espagne reconnaît l’existence de 17 communautés autonomes, Sebta et Mellilia n’en font pas partie pour le moment.
Libération
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