La Turquie conquiert le marché marocain

1er avril 2005 - 07h40 - Economie - Ecrit par :

En visite officielle au Maroc, depuis mercredi, le Premier ministre Turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est réuni avec le Premier ministre marocain, Driss Jettou. Une réunion qui sera suivie de la signature d’accords entre le Maroc et la Turquie.

Calendrier chargé pour le Premier ministre, Driss Jettou. Après avoir rencontré, mardi dernier, le chef du patronat espagnol, José Cuevas, le chef du gouvernement marocain a accueilli, mercredi dernier, le Premier ministre Turc, Recep Tayyip Erdogan, venu au Maroc pour une visite de deux jours. La visite officielle du Premier ministre turc intervient presque un an après celle effectuée par Driss Jettou à Ankara. Avant de prendre l’avion à destination du Maroc, Erdogan avait, dans une déclaration à la presse, souligné que la coopération avec le Maroc est appelée à se renforcer davantage. Certes, les échanges commerciaux avec Rabat ont enregistré un accroissement significatif, 435 millions de dollars contre 260 millions en 2003, mais c’est peu dans la mesure où beaucoup reste à faire.

Un an après la signature de l’accord de libre-échange, qui a connu cinq rounds et auxquel ont participé experts et représentants des secteurs privés, les deux pays cherchent, aujourd’hui, à consolider leurs acquis et renforcer davantage leur partenariat. Pour les deux parties, le temps presse et la tâche est immense. Il faut dire que cette visite vient à point nommé pour jeter la lumière sur l’accord signé entre les deux pays. Un accord qui laisse sceptique plus d’un, notamment chez les opérateurs économiques, dont l’inquiétude est monté d’un cran ces derniers temps.

Contacté par ALM, Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce extérieur, désigné comme accompagnateur officiel d’Erdogan, se veut rassurant. « Il ne faut surtout pas croire qu’il s’agit là d’un accord déséquilibré. Loin de là. D’ailleurs, rien ne nous empêche d’activer les accords de l’OMC pour faire face à une éventuelle invasion des produits étrangers », a déclaré ce dernier, allusion faite à la mesure de sauvegarde que compte appliquer le ministère du Commerce extérieur pour protéger les professionnels du secteur de la céramique, victimes des importations massives. L’accord signé entre le Maroc et la Turquie est, en fait, un accord asymétrique.

Autrement dit, les investisseurs marocains vont accéder directement au marché turc. Par contre, les produits turcs vont accéder progressivement au marché marocain selon un calendrier qui s’étale sur dix ans. Publié dans le Bulletin officiel, le 3 mars dernier, le texte de l’ALE avec la Turquie devrait entrer en vigueur début mai prochain. Pourquoi la Turquie ? Le ministre du Commerce extérieur a fait savoir que la Turquie est l’un pays des pays du sud de la Méditerranée qui offre le plus d’opportunités de développement.

Et le Maroc dans tout cela ? « L’accord signé avec la Turquie ne fera qu’accélérer le processus d’intégration du Maroc en Europe et même aux Etats-Unis », a expliqué Mechahouri. À en croire ce dernier, l’accord de libre-échange avec la Turquie n’a pas uniquement ses inconvénients, notamment le volet agriculture ou le Maroc était obligé de faire des concessions pour parvenir à un compromis, mais aussi ses avantages, surtout au niveau du textile. À rappeler que l’ALE conclu avec les USA donne aux opérateurs marocains la possibilité de recourir à une fibre étrangère autre que marocaine pendant les quatre premières années. La Turquie se présente comme l’un des meilleurs marchés pour s’approvisionner en tissu, en attendant le développement des joint-ventures au Maroc entre opérateurs marocains et turcs.

Samir Boudjafad - Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Importations - Turquie - Ankara

Ces articles devraient vous intéresser :

Importation de devises par les Marocains résidant à l’étranger : Ce qu’il faut savoir

Pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE), l’importation de devises au Maroc nécessite certaines formalités essentielles qu’il faut absolument connaître. Que vous rentriez avec des devises sous forme de billets de banque ou d’instruments...

Ramadan 2025 au Maroc : quelle disponibilité pour les dattes ?

Les producteurs et commerçants de dattes au Maroc rassurent les consommateurs quant à la disponibilité et à des prix abordables de ce produit sur le marché pendant le mois sacré de Ramadan.

Automobile : l’inquiétante baisse des exportations au Maroc

Les exportations automobiles marocaines ont enregistré à fin mai 2025 une baisse de 4 % par rapport à la même période de l’année dernière. Une régression qui pèse sur les exportations marocaines.

Maroc : appel à l’annulation du sacrifice de l’Aïd Al-Adha

Au Maroc, des voix s’élèvent pour appeler à l’annulation du sacrifice de la fête de l’Aid Al-Adha de cette année en raison de la sécheresse persistante qui sévit au Maroc et a déjà détruit une part considérable du cheptel ovin.

Or et bijoux : le Maroc achète plus, mais consomme moins

Alors que les importations marocaines d’or et de bijoux sont en hausse, le marché local stagne. Et, les perspectives ne sont pas heureuses.

Tomates marocaines : l’Europe durcit le ton

Les producteurs et exportateurs marocains de tomates expriment des inquiétudes quant à l’adoption annoncée d’une nouvelle réglementation modifiant les conditions d’importation des fruits et légumes vers l’UE.

Intermarché bannit la fraise marocaine

Afin de valoriser des produits de saison et du terroir français, le groupement Les Mousquetaires, qui chapeaute les enseignes Intermarché et Netto, a pris une décision radicale : bannir les fraises et les cerises de ses étals durant les mois de...

Métaux stratégiques : le Maroc impose un contrôle total

Au Maroc, l’exportation de cuivre et d’aluminium est désormais soumise à de nouvelles règles édictées par l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII).