Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.
La visite de Rosé Luis Rodriguez Zapatero au Maroc sera couronnée aujourd’hui mardi 6 mars par une audience royale. Le chef du gouvernement espagnol, à la tête d’une forte délégation, aura passé à Rabat moins de 24 heures, juste pour coprésider, avec Driss Jettou, la 8e réunion de haut niveau. L’ordre du jour est concentré.
Dès son arrivée prévue hier en fin d’après-midi, il devait avoir un tête à tête avec son homologue marocain Driss Jettou. Au menu, l’examen des dossiers économiques et les échanges commerciaux. Au même moment, sont prévues des rencontres sectorielles des ministres espagnols avec leurs homologues marocains.
Il est incontestable que cette rencontre, qui devait avoir lieu en septembre dernier, permettra de faire le bilan de la coopération bilatérale entamée depuis trois ans. Elle a été intense sur plusieurs plans.
D’abord, économique. En effet, les chiffres des échanges commerciaux de l’année écoulée sont là pour le démontrer, indique Enrique Verdeguer, conseiller économique et commercial de l’ambassade d’Espagne à Rabat. Ainsi, les exportations espagnoles vers le Maroc ont enregistré une hausse de 14,9%, pour s’établir en volume à 2,56 milliards d’euros, soit plus de 28 milliards de DH. Quant aux exportations marocaines vers l’Espagne, elles ont progressé de 15,7% pour s’établir à 2,43 milliards d’euros, soit 26,7 milliards de DH.
La balance commerciale est en faveur de l’Espagne à hauteur de 130 millions d’euros. Sur le registre de l’accord de pêche, le Maroc a donné un signal en ratifiant l’accord de pêche à la veille de la visite de Zapatero. Ainsi, les bateaux espagnols commenceront à opérer à partir d’avril prochain. Des questions techniques restent à régler d’ici là comme la puissance de la lumière à utiliser la nuit, la liste des bateaux qui seront contrôlés par le Maroc…
De son côté, Madrid a annoncé la mise en place d’une ligne de crédit de 16 millions d’euros, soit 176 millions de DH pour la restructuration de la flotte de la pêche artisanale. Cette ligne permettra la reconversion de 4.100 bateaux de pêche. Autre signal de Rabat en direction de Madrid : la libération de 52 prisonniers espagnols, la moitié de la population carcérale ibérique au Maroc, à l’occasion de la naissance de la princesse Lalla Khadija.
La lutte contre le terrorisme, l’émigration clandestine, le trafic de drogue sont autant de dossiers sur lesquels la coopération est exemplaire. Les deux gouvernements ne cessent de le clamer haut et fort et avec des résultats concrets. On ne manquera pas d’aborder le problème du rapatriement des mineurs, sans pouvoir parvenir, du moins dans l’immédiat, à un accord définitif.
Cependant, une question centrale reste le seul point de friction entre les deux pays.
En effet, le Plan d’autonomie dans les provinces du sud, qui dominera cette rencontre, ne plaît pas tout à fait à Madrid. L’accueil qui lui a été réservé à l’issue de la visite en Espagne de la délégation marocaine a été qualifié de « froid » dans le langage diplomatique. Autrement dit, Madrid développe une fixation sur le droit de l’autodétermination et demande de l’inclure dans le Plan et dans le cadre des Nations unies.
Pourquoi se braquer sur ce dossier alors qu’aucun autre nuage n’apparaît à l’horizon, s’interroge un diplomate ? Dans son calcul, Madrid ne veut pas fâcher Alger. D’ailleurs, une visite officielle du roi d’Espagne Juan Carlos est programmée en Algérie à partir de la semaine prochaine.
Une manière de rassurer nos voisins de l’Est. Cette attitude à l’égard d’Alger est claire, même si elle va à l’encontre de la position affirmée par les capitales qui comptent dans le monde et qui ont été visitées par la délégation marocaine. Pour présenter le Plan d’autonomie à Paris, Washington, Londres ou ailleurs, l’initiative marocaine a été saluée.
Même l’Union européenne, dont l’Espagne est membre, a loué les efforts de paix du Maroc dans le problème du Sahara. Le ministre allemand des Affaires étrangères, qui assure la présidence, a fait l’éloge de l’initiative marocaine visant à accomplir des efforts dans un conflit bloqué depuis de nombreuses années.
L’Economiste - Mohamed Chaoui
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