Maroc-Espagne : prémices de normalisation

18 octobre 2002 - 11h50 - Espagne - Ecrit par :

Les relations personnelles réussiront-elles là où la diplomatie classique n’a pas fait mouche ? A Madrid comme à Rabat, bien des personnes l’espèrent. Depuis que S.M. le Roi Mohammed VI a envoyé un message à S.M. 

Juan Carlos Premier d’Espagne pour le féliciter à l’occasion de la fête nationale de son pays, les perspectives d’une normalisation des relations entre les deux pays semblent crocher sur le réel.

Au message de S.M. le Roi a fait en effet pendant une déclaration plus que chaleureuse de la porte-parole du palais royal espagnol. Celle-ci aurait déclaré que le monarque espagnol avait été particulièrement heureux du message de S.M. Mohammed VI . Même si elle ajouté qu’il en est ainsi à chaque fois que le palais reçoit des messages de ce genre, cette précision ne semble pas avoir tempéré l’enthousiasme des nombreux diplomates qui souhaitent que le Maroc et l’Espagne reprennent le fil de leur coopération là où ils l’avaient laissée il y a un an. En fait, cette dernière touche semble destinée à amadouer les centres de résistance qui, au sein du gouvernement espagnol, s’opposent à une normalisation rapide avec le Maroc. Mais, même à ce niveau, les indices d’une décrispation se multiplient.
C’est en effet José Maria Aznar lui-même qui n’hésite pas à envoyer un message de félicitations à Driss Jettou au lendemain de sa nomination au poste de Premier ministre par S.M. le Roi. Dans sa missive , le Président du conseil espagnol se dit souhaiter une reprise de langue avec le Maroc sur la plupart des questions en suspens. Même espoir d’embellie nourri cette fois-ci par Ana Palacio, ministre espagnole des Affaires étrangères qui s’est dit croire à la nécessité d’un retour à des conditions de travail normales. Reste que si la volonté de tourner la page semble exister des deux côtés, c’est une autre affaire que de lui donner corps dans l’immédiat.
En fait, l’affaire n’est pas aisée et, pour certains, elle serait même l’une des causes qui ont incité à demander à la diplomatie de faire preuve de plus de pugnacité et d’imagination. Outre le modus operandi – L’Espagne veut d’abord le retour des ambassadeurs-, les deux parties ne sont pas non plus d’accord sur les questions à débattre. L’émigration clandestine et la question des enclaves espagnoles dans le nord marocain, par exemple, sont loin d’offrir prise à d’éventuelles retrouvailles. Pour autant, la situation n’est pas aussi hermétique qu’il y a seulement quelques semaines. Alors, le très net rapprochement entre Madrid et Alger avait semblé condamner toute issue à la crise hispano-marocaine. Même quand Aznar avait pris le soin de préciser que ce rapprochement n’était pas dirigé contre le Maroc, l’impression qu’il y avait impasse restait présente. Aujourd’hui, cependant, les choses ont bougé. Tout se passe comme si avec son rapprochement avec l’Algérie, l’Espagne avait voulu prouver qu’elle pouvait entreprendre avec d’autres que le Maroc. Ce à quoi le Maroc a répondu en se rapprochant de la Russie. Un échange de bons procédés qui indique clairement que la question de l’intégrité territoriale nationale est l’élément-clé du jeu de l’oie auquel on se livre des deux côtés du Détroit.

lematin.ma

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