Maroc : trop chère licence de taxi

11 août 2025 - 12h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Au Maroc, les contrats-type récemment conclus entre titulaires d’agréments (kremat) de taxi et exploitants professionnels ont suscité une vive polémique, notamment en ce qui concerne le montant de la location, convenu entre les deux parties.

Ce montant variant entre 4 000 et 7 000 dirhams le mois, a provoqué une vague de réactions de la part des acteurs du secteur. Alors que les titulaires d’agréments (kremat) saluent cette réforme qui améliore leurs revenus, les exploitants estiment que « l’acceptation de tels contrats exerce une pression sur les professionnels ». « Parvenir à une étape où sont conclus des contrats d’exploitation avec un loyer compris entre 4 000 et 7 000 dirhams est une très bonne chose, car cela peut soutenir la situation sociale de cette catégorie de la société », a affirmé Mohamed Beniâcoub, président de l’Association Al-Ismaïlia Taxi – Meknès, regroupant les titulaires d’agréments.

À lire : Tanger : colère contre les taxis

Dans une déclaration à Hespress, il a précisé que « l’adoption d’un tel montant de loyer pousse les titulaires d’agréments à régulariser leur situation fiscale et sociale, puisqu’ils sont tenus de payer l’impôt sur le revenu et de s’acquitter de leurs obligations envers la Caisse nationale de sécurité sociale, dans le cadre du chantier de la protection sociale ». Beniâcoub a en outre indiqué que « le recours à la conclusion de contrats transparents et clairs entre les professionnels et les titulaires d’agréments réduit le recours aux usages qui prévalaient auparavant, et qui se faisaient “sous la table”, comme le versement de sommes d’argent en espèces appelées halawa, destinées à réduire le montant du loyer mensuel ».

À lire : Maroc : vers une grande réforme du secteur des taxis ?

Le responsable a ajouté que « nous devons parvenir à une étape où les contrats types conclus sont clairs et respectés par les parties contractantes, notamment en ce qui concerne leur renouvellement après les années fixées par la loi », soulignant que « la justice tranche désormais un certain nombre de dossiers relatifs aux différends qui surgissent dans ce domaine ».

À lire : Taxis au Maroc : le grand ménage a commencé

Pour sa part, Mohamed Machkhechkh, secrétaire national du Syndicat national des taxis affilié à l’Union nationale du travail au Maroc, a déclaré que « les chauffeurs ne pourront pas supporter un tel loyer qui dépasse 4 000 dirhams et frôle le plafond des 7 000 dirhams ». Selon lui, un professionnel qui accepte un tel loyer, « accepte de se soumettre à une forte pression sociale, étant donné que cela l’obligera à travailler en continu, en tenant compte des dépenses mensuelles et annuelles qu’il devra assumer, qu’il s’agisse de l’entretien du taxi utilisé ou du règlement du loyer exigé ».

À lire : Maroc : du souci pour les exploitants de taxis

Et de poursuivre : « En principe, le montant du loyer varie selon les villes et en fonction du niveau d’activité, puisqu’il atteint, dans sa limite inférieure, 2 000 dirhams, et s’élève parfois à 4 000 dirhams, notamment pour les petits taxis, un chiffre que nous considérons comme exagéré. La pression exercée sur les chauffeurs professionnels par un loyer élevé constitue une menace directe pour la qualité du service public qu’ils sont légalement tenus de fournir aux clients citoyens. Les agréments se transforment, après avoir transité par les circuits administratifs, en rente, alors qu’ils étaient à l’origine une donation royale ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Transport en commun - Taxis Maroc

Aller plus loin

Tanger : colère contre les taxis

L’association de défense des droits des consommateurs de Tanger dénonce les « pratiques dangereuses » de certains chauffeurs de taxi qui imposent de nouveaux tarifs aux...

Taxis au Maroc : le grand ménage a commencé

Contrôles accrus, règles plus strictes et sanctions effectives : le Maroc agit pour réguler le secteur des taxis. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a détaillé cette...

Maroc : vers une grande réforme du secteur des taxis ?

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a mis en garde contre les interventions d’entités illégales visant à empêcher les activités des VTC, réitérant la disponibilité de...

Maroc : du souci pour les exploitants de taxis

Au Maroc, les exploitants de taxis ont l’obligation de déclarer les conducteurs et leurs adjoints auprès des services compétents des préfectures avant le 31 mars 2025, au risque...

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, les taxis clandestins dans le viseur du gouvernement

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, dit mener une lutte implacable contre les taxis clandestins, notamment les utilisateurs des applications intelligentes de transport qui n’ont pas obtenu de licence pour exercer.

Le Maroc édicte de nouvelles règles pour les trottinettes

Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique, veut réglementer l’utilisation des trottinettes et d’autres nouveaux moyens de transport.

Maroc : les taxis refusant des clients seront sanctionnés

Les chauffeurs de taxi qui refusent de transporter les usagers sont désormais dans le viseur du ministère de la Justice. Ce dernier prévoit de qualifier ce refus comme un délit ou une infraction. Une nouvelle qui réjouit les clients, mais met en...

Gardiens de parking : l’arnaque continue à Casablanca

Au Maroc, la fin du diktat des gardiens de parking illégaux communément appelés « gilets jaunes » n’est pas pour demain. Les automobilistes continuent de payer des tarifs illégaux. Un énorme manque à gagner pour les conseils communaux.

Maroc : 32 villes dotées de 3 500 bus flambant neufs

Le Maroc va mobiliser 10 milliards de dirhams pour l’acquisition d’une flotte de 3 500 bus de transport urbain au profit de 32 villes sur la période 2024-2029, a annoncé lundi Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur.

Le Maroc en passe d’autoriser les VTC

Abdelouafi Laaftit, ministre de l’Intérieur, travaille à mettre fin aux tensions persistantes entre les chauffeurs de taxis, qui dénoncent « une concurrence déloyale », et les opérateurs de VTC, qui réclament une légalisation de leur activité.

Transport via applications : le Maroc prépare une réglementation stricte

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch s’active pour la régulation du transport via les applications mobiles. Dans ce sens, Mohamed Abdeljalil, ministre du Transport et de la Logistique, et ses collaborateurs entendent élaborer une charte nationale pour le...

Maroc : des nouveaux bus dans tout le pays

Le ministère de l’Intérieur a annoncé le lancement d’un vaste plan de modernisation du secteur des transports urbains dans les collectivités du pays. Doté d’une enveloppe de 11 milliards de dirhams, ce programme promet de transformer en profondeur les...

Tanger étouffe

La multiplication des embouteillages monstres étouffe peu à peu la ville de Tanger au point de rendre la conduite presque impossible.

Au Maroc, la voiture d’occasion a la cote

Les Marocains se tournent plus que jamais vers l’occasion pour l’achat de leur véhicule. En témoigne le nombre de mutations enregistrées en 2024.