Nouvelle enquête sur le séisme d’Al Hoceima

15 avril 2004 - 14h34 - Maroc - Ecrit par :

Le tragique séisme qui a frappé la région d’Al Hoceima a eu de lourdes conséquences sur le secteur immobilier de cette ville. L’ampleur de cette catastrophe naturelle a fait l’objet d’un travail minutieux de la part d’une cellule de crise mise en place par l’Ordre national des architectes du Maroc assisté par “Architectes de l’urgence France et Algérie”.

Lors d’une rencontre organisée, mardi 13 avril 2004 à Casablanca, par le cabinet CEA Bennouna et l’Ordre sur le thème : “Responsabilités et assurances de l’architecte au Maroc”, une note relative au “diagnostic et propositions d’intervention sur le parc bâti” a été distribuée aux participants.
Il ressort de cette note que, suite à une première visite sur les sites sinistrés, d’une équipe d’architectes, il s’est avéré que le périmètre touché par le séisme, du 24 février 2004, s’étend sur 40 km de large environ et 60 km de profondeur depuis le littoral. Celui-ci est reconnu comme étant essentiellement constitué d’un habitat rural dispersé, et de centres urbains, dont Al Hoceima, Ajdir, Imzouren et Beni Ayach.
Le principal enseignement tiré de cette catastrophe naturelle est que les effondrements et les dégâts subis ne s’expliquent ni par la nature des matériaux ni par celle des systèmes constructifs utilisés. Les conséquences lourdes résultent principalement du défaut de la maîtrise des règles de l’art dans l’acte de bâtir. De surcroît, l’écoute de la population sinistrée fait apparaître la nécessité de maintenir la typo-morphologie du cadre bâti, d’améliorer la sécurité et le confort des constructions, de permettre la conservation de son patrimoine et de ses outils de production et de subsistance mais aussi et surtout de permettre son maintien dans son environnement socio-culturel par son désenclavement.
Par ailleurs et sachant qu’une démarche pareille exige une logistique sophistiquée, le plan d’action mis en place par les architectes s’est appuyé sur des outils d’investigation scientifique : GPS, talkies walkies, appareils photo numérique, cartes détaillées, photos satellites, logiciel de cartographie, etc. A cela s’ajoute le personnel mis à la disposition de la cellule par l’agence urbaine pour le traitement informatique des données ainsi que les architectes bénévoles.
Les investigations sur le terrain et le traitement statistique des informations recueillies ont indiqué qu’en milieu urbain et jusqu’au 12 mars, pas moins de 142 bâtiments ont été détruits ou condamnés, 371 devant faire l’objet d’une expertise poussée, 541 sont à réhabiliter ou faisant l’objet de dégâts mineurs tandis que 456 n’ont pas été affectés, soit un total de 1510 bâtiments visités.
L’examen des données recueillies a permis d’établir que les dégâts s’expliquent essentiellement par un manque de maîtrise des règles de l’art dans l’acte de bâtir. Les principaux vices constatés portent sur la conception et la réalisation des éléments de structures, la composition et l’exécution des bétons, le dimensionnement et la mise en oeuvre des armatures ainsi que la surévaluation sans renforcement de la structure porteuse.
En milieu rural marqué par l’absence d’infrastructure routière, le mauvais entretien des pistes et le caractère dispersé du cadre bâti, il a été relevé que 904 bâtiments ont été détruits ou menacés d’effondrement, 127 bâtiments sont partiellement habitables et que 238 ont été épargnés par le tremblement de terre, soit un total de 1269 bâtiments visités.
Ces données représentent approximativement, d’après la même source, 55% du territoire délimité soit les communes de Ait Kamra, Imrabten, Imzouren, Louta et Rouadi. En milieu rural, les matériaux de construction se résument généralement en brique de terre crue, la pierre, la brique et le parpaing plein pour les murs. Les structures porteuses des toitures sont généralement constituées de poutrelles en rondins de bois ou de poutrelles préfabriquées “artisanales”, recouvertes soit de roseaux, soit de briquettes ou de dallettes de ciment, le tout fini par une couche de terre crue damée.

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