Hassan Benhamza, le fugitif qui a trompé la justice française en se déclarant mort

17 mars 2025 - 20h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Recherché pour le meurtre de Mehdi Ettir, un jeune homme de 23 ans tué en 2011 à Paris, Hassan Benhamza, 22 ans, s’est fait passer pour mort pour échapper à la justice, avec la complicité de sa famille. Douze ans plus tard, en 2023, il sera finalement arrêté puis condamné au Maroc. Il a fait appel. La famille de la victime, elle, réclame justice.

Mehdi Ettir, ouvrier saisonnier dans le BTP, a été tué en pleine rue à Paris le 27 mars 2011 par l’un de ses amis du nom de Hassan Benhamza. Une date noire pour Inès, sa sœur. « Ma vie s’est arrêtée. Je n’arrive plus à être comme avant », confie-t-elle dans le reportage de « Sept à Huit » diffusé dimanche 16 mars sur TF1. Fuyant la justice, le meurtrier s’est réfugié depuis lors au Maroc, son pays natal, avant de simuler sa propre mort, avec la complicité de sa famille. « C’est quand même grave, d’avoir fait croire à la famille de Mehdi et à la justice, qu’un meurtrier est mort, en sachant qu’il est vivant », fulmine de colère la sœur de Mehdi.

À lire : Un «   mort-vivant   » arrêté au Maroc pour meurtre en France

Selon le récit de Djamel, un proche des deux protagonistes, tout est parti d’une simple dispute entre les deux amis, dans un gymnase du quartier de Belleville, le 26 mars 2011. Le lendemain, Hassan agresse Mehdi devant le domicile de ce dernier, le poignardant à cinq reprises avec un couteau de cuisine, avant de prendre la fuite. Transférée à l’hôpital, la victime succombe à ses blessures peu de temps après. Par la suite, les enquêteurs retrouvent l’arme du crime sur laquelle l’ADN de Hassan a été identifié. C’est ainsi qu’ils placent la famille de Hassan sur écoute, découvrant que le jeune homme s’était réfugié au Maroc, son pays d’origine, deux jours après le meurtre.

Acte de décès de Hassan Benhamza au Maroc

Après quatre mois d’enquête, l’un des frères de Hassan annonce à la police parisienne le décès du meurtrier, fournissant à titre de preuve un certificat de décès établi à Rabat, en date du 11 juin. Plusieurs membres de sa famille dont sa mère ont confié aux enquêteurs que le jeune homme, rongé par le remords, aurait consommé « des pilules » pour se donner la mort, ajoutant que Hassan a été enterré « près de la ferme de son père ». Une version qui ne convainc ni les enquêteurs, ni la famille de la victime. « L’intérêt de ce mensonge, c’est de cesser toutes les recherches autour d’Hassan. Il veut vivre impunément et pour toute sa vie, et sans être inquiété par cette affaire », dénonce Me Sabrina Goldman, avocate de la famille de Mehdi.

À lire : Un individu suspecté d’homicide en France arrêté au Maroc

Après plusieurs mois d’écoute, les enquêteurs finissent par intercepter des conversations entre le fugitif « mort-vivant » et son père. « Un an, cela fait un an que je patiente, je ne bouge pas. Ma vie, c’est un cauchemar […]. Rester enterré comme une chauve-souris », se plaignait Hassan dans l’enregistrement. Placés en garde à vue, sa mère, ses deux frères et sa petite amie ont été condamnés le 3 janvier 2017 pour faux témoignages et faux et usage de faux, à des peines allant d’un an de prison avec sursis à 15 mois ferme. Quant à son père, un diplomate, il n’a jamais été poursuivi.

Condamné par défaut en 2016 à Paris à 25 ans de prison, Hassan a été finalement arrêté au Maroc en mai 2023, après une dispute près d’un centre commercial. Il sera condamné un an plus tard par la cour d’assise de Rabat à 20 ans de prison pour le meurtre de Mehdi. Ses avocats ont fait appel de la décision. Une première audience s’est tenue le 24 février dernier. « Il doit payer… S’il prend moins de 20 ans, je ne vais pas m’arrêter là, je continuerai, quoi qu’il arrive », assure la sœur de la victime. Hassan sera fixé sur son sort le 7 avril prochain. Inès attend sa condamnation pour faire son deuil. « Peut-être que j’essaierai de revivre comme avant. Mais pour l’instant, ce n’est pas possible. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Homicide - Droits et Justice - Paris - France - Violences et agressions - MRE

Aller plus loin

Diana Santos décapitée : Un an après, enquête au Luxembourg et au Maroc

Près d’un an s’est écoulé depuis l’effroyable découverte d’un corps mutilé et décapité dans la région de Mont-Saint-Martin. Le 19 septembre 2022, un adolescent de 16 ans était...

Un faux mort rattrapé par la justice marocaine (et française)

La chambre criminelle de la cour d’appel de Rabat vient de condamner Hassan Benhamza, 34 ans, à 20 ans de réclusion et près de 50 000 euros de dommages et intérêts pour le...

Dijon-Besançon : un fugitif franco-marocain condamné à 15 ans de prison

Condamné par contumace à quinze ans de prison mercredi à Besançon pour une fusillade à la Kalachnikov ayant grièvement blessé deux hommes en juin 2023, Sahbi El Asraoui, 26 ans,...

Un Français recherché par Interpol arrêté au Maroc

Un Français qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la France a été arrêté par les autorités marocaines.

Ces articles devraient vous intéresser :

MRE : les règles pour importer des pièces détachées au Maroc

Le Guide de la douane marocaine à destination des Marocains résidant à l’étranger (MRE) précise les règles d’importation de pièces détachées pour les véhicules.

Appel à mettre fin à l’échange d’informations fiscales des MRE

L’Organisation démocratique du travail (OMT) a vivement critiqué la politique gouvernementale à l’égard des Marocains résidant à l’étranger, pointant du doigt une approche jugée superficielle et occasionnelle, particulièrement lors de l’accueil des MRE...

Marhaba 2023 (MRE) : un record dans les ports marocains

L’opération « Marhaba 2023 », visant à faciliter le passage des Marocains résidant à l’étranger (MRE), a enregistré un flux record cette année, avec près de 2,84 millions de passagers et 642 000 véhicules ayant transité par les ports marocains entre le...

Rapatriement de dépouilles : les MRE bientôt libérés de la paperasse

Le ministre marocain des Affaires étrangères a annoncé la mise en place prochaine de nouveaux services consulaires pour les MRE, dont la délivrance électronique des autorisations de transport de dépouilles vers le Maroc.

Le Maroc confronté à une flambée d’agressions à l’arme blanche

Les agressions à l’arme blanche prennent de l’ampleur au Maroc. Pas moins de 5 138 cas ont été enregistrés en janvier et février 2025. Les services de sécurité poursuivent leurs efforts pour lutter et tenter d’éradiquer ce phénomène.

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

Aïd al-Adha : ruée de Marocains vers l’Espagne

Alors que de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) rentrent au Maroc pour y passer les congés de l’Aïd al-Adha, certaines familles marocaines font le chemin inverse.

Le programme d’aide au logement séduit les MRE

Des Marocains résidant à l’étranger (MRE) figurent parmi les 15 194 bénéficiaires du nouveau programme d’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier, fait savoir Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du Territoire, de...

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

L’actrice marocaine Laila Rouass au coeur d’une polémique en Grande-Bretagne

Alors que le concours de danse télévisé « Strictly Come Dancing » de la BBC est touché ces derniers mois par des accusations de violences sur le tournage, une dispute historique entre le mannequin et actrice britannique d’origine marocaine Laila Rouass...