La vague de contestation sociale, menée par des jeunes au Maroc, a connu une escalade dramatique. Alors que le pays se préparait ce jeudi à une sixième nuit de manifestations, le bilan des affrontements de la veille s’est alourdi, marquant un tournant violent dans ce mouvement.
Trois personnes ont été tuées par balle mercredi 1ᵉʳ octobre à Leqliaa, une localité proche d’Agadir, lorsque les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur des manifestants. Le ministère de l’Intérieur a affirmé que les tirs avaient eu lieu lors d’une « tentative de saisie d’armes de la police », une version qu’aucun témoin n’a pu corroborer pour l’instant. Des centaines d’autres personnes ont été blessées.
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Ce mouvement, initié en ligne par un groupe anonyme se nommant « GenZ 212 », proteste contre la corruption et les priorités budgétaires du gouvernement. Les manifestants dénoncent les milliards investis pour la Coupe du Monde 2030 alors que les services publics, comme les hôpitaux et les écoles, sont jugés défaillants. « Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux ? » est l’un des slogans scandés.
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Face à cette escalade, le Premier ministre Aziz Akhannouch s’est dit « ouvert au dialogue » ce jeudi pour tenter de mettre fin aux contestations. Parallèlement, le ministère de l’Intérieur a fait état de dégâts matériels importants dans 23 provinces, incluant des centaines de véhicules et de nombreux bâtiments publics et privés endommagés.
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Le groupe « GenZ 212 » a de son côté affirmé rejeter la violence et a appelé à de nouvelles « manifestations pacifiques », exhortant les participants à « respecter le caractère pacifique » du mouvement. Sur le plan judiciaire, l’Association marocaine des droits humains a rapporté l’arrestation d’un millier de personnes depuis le début des protestations, les plus violentes que le pays ait connues depuis les événements du Rif en 2016.