Paris et Rabat au coude à coude au Sahara

10 octobre 2003 - 23h58 - France - Ecrit par :

Si un dossier illustre l’étroite alliance franco-marocaine, c’est bien celui du Sahara. Paris a pris fait et cause pour Rabat. A l’occasion de sa visite au Maroc, le président Jacques Chirac a plaidé dans une entrevue à l’agence de presse marocaine MAP pour une « solution politique, réaliste et durable (...) qui prenne en compte les intérêts du Maroc et la stabilité régionale ». Il a réclamé la libération des quelques centaines de prisonniers de guerre marocains encore détenus par le Front Polisario, « une obligation du point de vue du droit international humanitaire ».

Les journaux du royaume se félicitaient hier d’une même voix de cette prise de position. « La convergence des points de vue est sans équivoque », écrivait ainsi le quotidien Libération. Lors d’un précédent voyage en 2001, le président de la République s’était déjà aligné sur la position des dirigeants marocains en reprenant à son compte le vocable de « provinces du sud » par lequel ils désignent le territoire occupé.

Au risque de sembler renier dans les sables sahariens les principes qu’elle défend sous d’autres cieux, la diplomatie française a oeuvré l’été dernier pour éviter le vote d’une résolution contraignante des Nations unies entérinant le plan échafaudé par l’envoyé spécial de l’organisation internationale, James Baker. L’ancien secrétaire d’État américain avait proposé un régime d’autonomie de cinq ans. Un référendum organisé dans l’ancienne possession espagnole déterminerait alors son statut définitif.

Non seulement les Sahraouis d’origine, mais aussi les civils marocains établis depuis fin 1999 dans ce territoire, auraient le droit de voter. Baker a ainsi élargi le corps électoral par rapport à des projets précédents, ce qui n’a pas empêché le Maroc de récuser son plan. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, l’a en revanche bien accueilli. Le Conseil de sécurité de l’ONU, le 31 juillet, s’est finalement contenté de mentionner son « appui » au plan plutôt que de le reprendre à son compte. Les États-Unis, qui avaient plaidé pour une action résolue de l’ONU, ont fait marche arrière. Le 23 septembre à New York, le président George W. Bush a confirmé au roi Mohammed VI sa volonté de « ne pas imposer un règlement ». Le dossier est, une fois de plus, dans l’impasse.

La question du Sahara empoisonne les relations entre le Maroc et l’Algérie et empêche tout rapprochement des pays maghrébins. C’est pendant l’agonie de Franco en 1975 que le rio del Oro espagnol, un territoire de 266 000 km2 quasiment désertique, est tombé sous la souveraineté de Rabat. L’Algérie a pris fait et cause pour les revendications indépendantistes du Front Polisario, qui a proclamé une fantomatique République arabe sahraouie démocratique (RASD) reconnue par plusieurs dizaines de pays en développement mais ignorée par les grandes puissances.

Près de trente ans plus tard, malgré les promesses de la communauté internationale d’organiser un référendum d’autodétermination sous la supervision de l’ONU, le Maroc maintient son emprise sur le territoire. Mohammed VI, depuis son accession au trône, en a fait une de ses priorités. « J’ai réglé la question du Sahara », affirmait-il l’an dernier dans une interview au Figaro. Sachant que le temps joue en sa faveur, le Maroc peut se permettre de rester intransigeant.

lefigaro.fr

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