MRE : L’émigrant n’est pas une machine à devises

12 août 2004 - 13h17 - Economie - Ecrit par :

A l’occasion de la journée nationale de l’Emigrant (célébrée hier) et dans le cadre du festival régional RME, Tamazirt (du 1 au 20 courant), où l’Association Migrations et Développement se joint à la CCIS d’Agadir, sous l’égide du ministère délégué chargé des affaires de la communauté marocaine à l’étranger, pour tenir cette manifestation d’envergure, nous entretenons aujourd’hui le Directeur de cette association, M. Lahoucine Jamal.

Tout d’abord, depuis sa création en 1986 à Briançon, en France, l’Association M & D compte dans ses rangs plus de 2000 adhérents émigrés dont la plupart sont originaires du Souss.
Les actions phares de cette organisation s’articulent autour de projets participatifs réalisés au Maroc, plus particulièrement à Tata, Taliouine, Tiznit, Taroudant, Ouarzazate, El Haouz, Marrakech..., tels que l’électrification rurale décentralisée (112 villages électrifiés et création d’un fond d’investissement), la mise en fonction des routes rurales (construction de 540 kms en partenariat avec l’Etat et les migrants), approvisionnement en eau potable et d’irrigation, lutte contre la déscolarisation (construction et rénovation de 26 écoles et 4 collèges ruraux, formation des animateurs, alphabétisation et enseignement valorisant l’environnement immédiat, le développement et la citoyenneté), construction et équipement des dispensaires ruraux (avec 5 ambulances et un cabinet dentaire mobile), échanges des émigrés (150 personnes par an sous le thème central éducation et développement), création des activités économiques (valorisation des produits du terroir), édition d’un ouvrage (Evaluation et Capitalisation des Initiatives Locales, ECIL).
Pour Jamal, l’émigrant n’est pas seulement un robot de devises mais un acteur performant de développement à condition de mettre en place une véritable politique de mise à niveau, basée sur la qualité, la traçabilité et la vulgarisation des produits du terroir pour assurer la confrontation approrpriée. L’émigration, à l’époque, ne portait pas beaucoup préjudice à notre économie car elle se basait sur les "muscles", maintenant c’est les cadres dont le Maroc a grand besoin qui s’en vont, plus de 3000 médecins marocains en Europe, poursuit l’expert associatif. cela devient inquiétant pour nous comme c’est les cas des français dont les cadres trouvent refuge aux Etats-Unis, ce qui provoque chez eux un tollé. Imaginez, révèle Jamal, rien qu’à Paris, il s’y trouve plus de 5000 épiciers. Si cette force s’investit chez elle avec des méthodes de valorisation adéquates, on aura garantir une plus-value de plus en plus rentable. Malheureusement, sur 17 laboratoires d’expérimentation créés au Maroc depuis 1957, il n’y a plus qu’un seul qui soit opérationnel. C’est donc un manque à gagner qu’il faut combler au plus vite. Egalement, la responsabilité des émigrants dans les villages est primordiale.
Il y a beaucoup à faire dans ce sens pour valoriser des produits aromatiques et d’autres, tels le safran, l’huile d’argane et l’huile d’olive. Afin de faire face à la compétitivité féroce imminente, il faudrait révolutionner la production de qualité, répondant aux normes internationales, en se munissant des machines rapides, au lieu des "Maasra" traditionnelles qui, certes incarne le patrimoine authentique, mais mettent beaucoup de temps à produire, conclut le responsable associatif.
Concernant le festival Tamazirt, Jamal fait savoir que c’est là une opportunité de soulever les préoccupations des migrants mais aussi d’envisager des conceptions et approches nouvelles à même de capitaliser le phénomène dont les ressources sont énormes. C’est surtout un teneur pédagogique que nous voulons ressortir des ateliers pour pouvoir générer des forces synergiques pouvant se répercuter dans les 600 associations des villages du sud et débouchant sur un réseau fédérateur inter-villages.

Saoudi El Amalki - Al Bayane

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Transferts des MRE - Immigration - Journée nationale des MRE - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan 2024 en France : Le Maroc perd la main sur l’encadrement religieux des MRE

À l’approche du mois de Ramadan, des voix s’élèvent pour réclamer une formation religieuse adaptée aux Marocains résidant à l’étranger, notamment en France.

Un réseau familial marocain démantelé dans le Lot-et-Garonne

Les gendarmes de la Brigade de recherches de Bouliac ont démantelé un réseau d’exploitation d’ouvriers agricoles. Six personnes ont été mises en examen jeudi 12 décembre, dont un couple de Marocains placé en détention provisoire.

Transferts des MRE : l’Europe menace de bloquer les fonds

Mauvaise nouvelle pour les Marocains de l’étranger (MRE) ! L’Union européenne veut serrer la vis sur les transferts d’argent vers le Maroc. Les autorités marocaines sont actuellement en pleine discussion avec de nombreux pays, mais celles-ci s’avèrent...

Douane : des facilités pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE)

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) bénéficient de facilités douanières pour l’importation temporaire d’effets personnels lors de leurs séjours au Maroc. Deux régimes principaux existent, selon leur situation professionnelle.

MRE : Voiture de location au Maroc ? Évitez les galères à la douane !

Pour les MRE, opter pour une voiture de location peut s’avérer une solution commode pour se déplacer durant un séjour au Maroc. Cette alternative offre une certaine souplesse, mais elle implique de se familiariser avec les formalités d’importation...

MRE : du changement pour les voitures à la douane

En vue de fluidifier le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) durant l’opération Marhaba 2024, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mis en place de nouvelles mesures de facilitation. Ces dispositions visent à simplifier...

Maroc : ces logements désertés par les MRE

Le Maroc fait face à un phénomène croissant : celui des « logements fantômes ». Selon les estimations, plus de 2 millions d’appartements seraient inoccupés dans le pays. Un chiffre qui donne le vertige, alors même que l’accès au logement demeure un...

Emmanuelle Chriqui : Une voix marocaine contre l’antisémitisme

À l’heure où la guerre fait rage entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, l’actrice canadienne d’origine marocaine Emmanuelle Chriqui dénonce le déferlement d’antisémitisme.

Investissements des MRE : l’État serre la vis et sanctionne

Suite à une multiplication des plaintes signalant des obstacles d’ordre administratif et judiciaire, le ministère de l’Intérieur a instruit les walis et les gouverneurs de plusieurs préfectures et provinces, à l’effet de résoudre des dossiers relatifs...

Le Maroc cherche à transformer les MRE en investisseurs

Le Maroc entend mettre en place une série de programmes visant à « encourager et motiver les Marocains du monde à investir dans leur pays d’origine », a récemment déclaré Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et des Marocains résidant à...