»Le gouvernement gabonais est un peu déçu par la tournure qu’ont pris les discussions avec la Ram », déclare à l’AFP le ministre délégué à l’Economie et à la Privatisation Alexandre Barro Chambrier. »Des lenteurs que nous imputons principalement à la Ram ont fait qu’il n’a pas été possible de poser les bases de la nouvelle compagnie ».
Le »pacte d’actionnaires » signé le 24 février prévoyait la création d’Air Gabon International (AGI), détenue à 51% par la compagnie marocaine et à 49% par l’Etat gabonais.
En publiant les bans de cette union, les responsables gabonais fixaient les premiers vols à juin. Tant d’urgence avait une cause : le ciel gabonais était orphelin de la compagnie publique Air Gabon, liquidée après des années de gestion calamiteuse.
Mais la lune de miel a été rapidement gâchée par les premières divergences, selon une source gabonaise proche du dossier.
Le Gabon voulait un Boeing 767 pour les long-courriers, les Marocains ne proposaient qu’un 757. Pour la Ram, le capital de départ d’AGI devait être de 7 milliards de francs CFA (plus 10 millions d’euros), Libreville exigeait le double. Et la compagnie chérifienne ne voulait pas embaucher plus de 350 employés, alors que les 1.100 salariés d’Air Gabon, emportés par la liquidation, espéraient un recrutement plus massif.
Face à ces désaccords, un long silence s’est installé entre »partenaires ».
Malgré une tentative de conciliation fin septembre, avec un voyage dans la capitale gabonaise du PDG de la Ram Driss Benhima, le ministre Barro Chambrier ne peut que le constater : »le pacte d’actionnaires est caduc ».
Libreville n’a pas apprécié la volonté marocaine d’obtenir l’exclusivité des droits de trafic sur 20 ans, au lieu des 12 initialement prévus.
»Les discussions se poursuivent sur cette base », assure un connaisseur marocain du dossier. »Nous n’avons fait que proposer les conditions selon nous indispensables pour garantir la viabilité de la nouvelle compagnie ».
Si les négociations ne sont pas rompues, la Ram est redevenue »un dossier parmi tant d’autres » et Libreville »envisage d’autres partenariats », explique un responsable gabonais qui a requis l’anonymat. Le gouvernement vient d’ailleurs de créer un »comité » chargé, selon ce responsable, de »créer une nouvelle compagnie aérienne nationale ».
»De nombreuses compagnies de réputation internationale s’intéressent à la reprise des droits de trafic pour les vols régionaux et vers l’Europe », glisse Alexandre Barro Chambrier.
Mais un »plan B » est déjà à l’étude. L’Etat pourrait s’allier à des privés gabonais, qui viennent de créer Gabon Airlines, une coquille encore vide mais qui espère rafler le marché en nouant des partenariats avec des compagnies étrangères, selon une source proche de cette nouvelle entité.
Dans ce scénario, la part publique serait moins importante que prévu lors de l’alliance avec la Ram, et un maximum d’activités sous-traitées.
Les responsables de Gabon Airlines et du gouvernement multiplient d’ailleurs les contacts à la recherche de partenaires stratégiques. Si la Ram n’a pas dit son dernier mot, des compagnies d’Afrique du Sud et de l’Est ont manifesté leur intérêt, a ajouté cette même source.
Echaudé par son amourette marocaine, Libreville préfère néanmoins rester vague sur le calendrier. »Nous pensons qu’en 2007 nous aurons de bonnes nouvelles », se contente d’avancer le ministre Barro Chambrier.
Source : Tageblatt.lu