Les aéroports à l’épreuve de l’open sky

27 juin 2008 - 22h40 - Economie - Ecrit par : L.A

L’accord d’open sky entre le Maroc et l’Union européenne a engendré un développement rapide de l’offre de vols, une détente des tarifs et, automatiquement, une hausse du trafic passagers. Dans ce contexte, l’urgence de relever les standards et les capacités de plateformes aéroportuaires s’imposait naturellement afin de faire face à la croissance du trafic touristique.

Depuis cinq ans, le trafic aérien enregistre une croissance annuelle à deux chiffres. De 5,3 millions de passagers en 2003, la fréquentation est passée à 8,6 millions en 2006. Et, l’an dernier, le trafic aéroportuaire s’est accru de 17%. En parallèle, le nombre de vols hebdomadaires a augmenté de plus de 50% en 3 ans. Selon les données du ministère de l’Equipement et du Transport, plus de 52 nouvelles routes aériennes ont été créées et au moins une douzaine de nouvelles compagnies sont entrées sur le marché. Avec aussi quelques retraits dont le plus fracassant est celui de British Airways, Brussels Airlines également.

Sur le plan des tarifs, des baisses ont été enregistrées sur les vols vers les destinations touristiques ayant connu le plus grand nombre de nouveaux entrants, notamment les compagnies à bas coût.

Dans cette logique, il est devenu impératif d’accompagner ce développement en offrant une infrastructure de qualité. L’Office national des aéroports (ONDA) annonce un ensemble de projets visant l’élargissement et le développement de l’offre aéroportuaire.

Vitrine du réseau des aéroports du Royaume, Mohammed V vient en tête avec des investissements qui dépassent les 900 millions de dirhams. Ajouter à cela des projets en cours d’étude et qui, selon les estimations, dépasseront le milliard de dirhams. L’extension et le réaménagement en cours du terminal 1 absorberont plus de la moitié de l’investissement alloué à l’aéroport : 556 millions de dirhams y sont consacrés pour porter sa capacité à 6 millions de passagers par an. Sa mise en service est prévue pour fin 2010.

Une nouvelle gare fret est aussi en cours de réalisation. D’un coût de 120 millions de dirhams et d’une surface de 16.000 m2, elle sera mise en service en fin d’année avec l’objectif d’améliorer le traitement du fret, un des maillons faibles de cette plateforme. D’autres projets verront le jour dans le courant de cette année ou en 2009. Il s’agit essentiellement d’une station d’épuration qui coûtera près de 100 millions de dirhams, d’une plate-forme DHL et du renforcement en plus de l’extension des aires de trafic. L’ONDA prévoit aussi plusieurs projets de développement pour l’aéroport Mohammed V ; l’extension de toutes les installations terminales et de l’aéroport est prévue pour fin 2015, elle nécessitera 800 millions de dirhams. Une troisième piste devrait voir le jour en 2015, selon les estimations de l’ONDA : elle coûtera près de 300 millions.

L’aéroport de Marrakech-Ménara aura aussi sa part du gâteau. Un troisième terminal sera mis en place en 2011 avec un investissement de 900 millions de dirhams. D’une surface de 55.000 m2, la capacité de ce nouveau terminal sera de 5,5 millions de passagers par an. Marrakech-Ménara s’offrira aussi un bâtiment fret, un bâtiment handling et une zone aviation légère. Côté infrastructures, un taxiway parallèle (100 millions de dirhams) a été mis en service le mois dernier et le parking des avions a été aussi élargi (pour 60 millions).

La ville de Tanger n’est pas en reste : son aéroport Ibn Battouta connaît actuellement des travaux d’extension des infrastructures, de même que de connexion routière. En plus du renforcement et de l’élargissement des aires de mouvement, ce sont, au total, 72 millions de dirhams qui seront investis. Un nouveau terminal viendra renforcer les infrastructures de cet aéroport, et les responsables de l’ONDA précisent que l’acquisition des terrains est en cours. Mais Tanger ne veut pas en rester là : la ville du détroit veut s’associer à Tétouan pour s’offrir un nouveau site aéroportuaire. Les études sur ce nouveau site sont en cours de réalisation et dureront près de 2 ans. Les travaux de rénovation touchent quasiment tout le réseau des aéroports. Fès-Saïss investit 25 millions de dirhams pour l’extension de son aérogare passagers. La fin des travaux est prévue en 2010 et permettra de porter la surface de l’aérogare à 8100 m2 et sa capacité à 800.000 passagers annuellement. Celui d’Oujda-Angad connaît aussi le même dynamisme et un nouveau terminal sera prêt en 2010 et coûtera 380 millions de dirhams. Une deuxième piste est aussi en cours de réalisation, elle sera prête fin 2010 et mobilisera près de 221 millions. A cela, il faut ajouter les autres équipements aéroportuaires (parking voitures, parking avions, accès routier…) qui nécessiteront, à leur tour, quelque 185 millions de dirhams.

Rabat-Salé portera la capacité de son premier terminal à 2 millions de passagers par an en 2009. Cependant, le plus grand chantier dans l’histoire de cet aéroport ne débutera qu’en 2011. Pour un investissement de 600 millions de dirhams, l’ONDA compte construire une aérogare de 2 millions de passagers avec un concept évolutif. Des équipements nécessaires sont aussi prévus (parkings, accès routier…). La durée des travaux, selon les estimations, est de 24 mois.

La ville de Benslimane est aussi dans les programmes. L’ONDA prévoit la réhabilitation de son aérodrome. Le but du projet est la délocalisation des activités de l’aéroport de Casa-Anfa et la création d’une nouvelle plate-forme afin de recevoir les déroutements de l’aéroport Mohammed V. Les infrastructures ont été réalisées en 2006 et les hangars et les bâtiments du projet seront prêts fin 2008. La viabilisation de la plate-forme est prévue pour juin 2009. Le tout nécessitera une enveloppe de 728 millions de dirhams. Des autres projets sont aussi en cours de réalisation dans les aéroports d’Essaouira, Agadir, Al Hoceïma, Dakhla, Laâyoune, Guelmim et Tan Tan.

L’ONDA vient de lancer des études pour la création d’un nouveau bâtiment technique CCR. La durée de réalisation est de 2 ans, et la mise en service est prévue en 2012. Selon les estimations, le projet coûtera quelque 300 millions de dirhams. La partie génie civil sera composée d’un bâtiment CCR à deux niveaux (salles techniques et tour de contrôle) sur une superficie de 600 m2, un bâtiment pour l’administration et pour le simulateur radar (600 m2), un bâtiment dédié au social (cantine et buvette) et un local d’énergie (postes de transformation et groupe électrogène) sur une superficie de 200 m2. Les équipements prévus sont un système de traitement de données radar, système de chaîne radio, système de commutation des messages, simulateur radar pour la formation et la qualification et un réseau IP pour la transmission de la voix et des données entre les centres.

Ce projet aura un impact considérable sur la gestion de l’espace aérien et sur la qualité du services. Il permettra aussi une meilleure sectorisation afin d’absorber l’augmentation du trafic, l’allégement de la charge de travail du contrôleur, la préparation du Maroc pour la prise en charge du trafic aérien dans la zone Sud. Enfin, il assure la conformité aux normes ESARR en vue de l’intégration au SES (le niveau le plus élevé en matière de sécurité).

Sur l’intervalle 2008-2012, l’ONDA compte lancer également des projets pour le développement de la navigation aérienne. Il s’agit de mettre en place des nouveaux systèmes d’atterrissage (LVP) dans les aéroports de Casablanca, Marrakech, Tanger, Agadir et Rabat-Salé, une nouvelle approche radar (Marrakech, Tanger, Fès et Oujda), une couverture pseudo radar (ADS B) de la zone Sud et des couvertures radio plus larges (Sud 2, Océan 2, Ouest 2).

Source : L’Economiste - A. E. Y.

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Sujets associés : Transport aérien - Union européenne - Convention - Open sky

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