Badre Belhaja : des gants aux tee-shirts

22 mai 2007 - 13h40 - Sport - Ecrit par : L.A

Il est né au Maroc (comme Marcel Cerdan), Badre Belhaja (31 ans) est un boxeur de haut vol, installé à Saint-Nazaire. Avenant et combattif, il vous donne rendez-vous aujourd’hui, 22 mai, à la Soucoupe* à Saint-Nazaire pour un titre de Coupe de France...

L’homme est affable. Sympathique. Toutefois, il se dégage de lui une véritable force de caractère. De la volonté. Autrement dit, Badre Belhaja a tout de la personne avenante... mais il impose le respect. Comment en serait-il autrement du reste au vu de son parcours.

Né à Casablanca, Badre Belhaja (31 ans) a pratiqué le karaté, le full contact, la boxe pieds-poings (trois fois médaillé en Championnat du Monde). Depuis l’âge de 17 ans il pratique le sport de haut niveau. A 25 ans il se met à la boxe anglaise : il sera même deux fois Champion du Maroc en boxe. Puis, en 2004, c’est la venue en France. Pour la boxe. "En 2003, suite à un combat test, le Boxing Nazairien lui propose un contrat et l’aide à s’installer en France. Salle de Porcé, encadré par Roland Cazeaux et son fils Stéphane, ses entraîneurs (l’un et l’autre champions de haut niveau), Badre Belhaja enchaîne les combats en catégorie mi-moyen. Il en gagne de nombreux avant la limite : "Ce type d’issue plaît au public nazairien", souligne avec humilité le boxeur.

Après quelques mois d’uppercuts bien sentis, de crochets redoutables, de directs expéditifs, Badre Belhaja mesure l’importance d’avoir un (autre) métier, et qu’il n’y a pas que la boxe dans la vie. "J’avais du mal à me concentrer sur l’entraînement", reconnaît-il. C’est le spleen. Badre Belhaja fera une "pause" de 7 mois durant laquelle il se maintient en forme -mais sans mettre les gants. Il profite de ce "break" pour suivre une formation. "J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont aidé pour cela, pour trouver ma voie", raconte Badre Belhaja, "j’ai donc décroché un diplôme dans l’animation culturelle et sportive via le sport, la boxe".

De CDD en CDD, il finit par décrocher en février dernier un CDI avec l’Office Municipal de la Jeunesse de Saint-Nazaire. Depuis, le boxeur a totalement retrouvé sa motivation. D’autant plus qu’aujourd’hui 22 mai, à la Soucoupe* de Saint-Nazaire, il affronte en Coupe de France, le triple champion Intercontinental Hamza Issa. "Ça me plaît. J’aime quand les combats s’annoncent difficiles, cela me motive plus que jamais", confie Badre Belhaja. Ce dernier souhaite en découdre. Il s’entraîne dur pour cela. "Quand on est bien préparé physiquement, on est bien dans sa tête", résume-t-il.

Badre Belhaja court le plus possible. Il met les gants presque chaque jour, soit pour un travail "au sac", soit pour des combats tests. Un face à face dans les cordes sans public, mais avec la même ferveur que pour défendre un titre. Pour Stéphane Cazeaux, "Badre a de nombreuses qualité, il est ambitieux, persévérant, rapide, il a le coup d’œil. Par ailleurs, ses crochets, à gauche comme à droite, ne manquent pas de punch. Aujourd’hui il travaille ses approches, son engagement dans le combat. Badre est un vrai pro, il sait apporter des idées nouvelles dans ses entraînements. Du coup, cela profite à tout le club".

Et l’avenir dans tout ça !

Salle de Porcé, Tubist Mendès, vainqueur du champion du Sénégal aux derniers Jeux Olympiques en catégorie plume (-57 kg), termine son échauffement ; l’heure de l’entraînement est entamée, mais Badre Belhaja continue de répondre aux questions. Il ne manifeste aucune impatience. D’une voix calme, chaleureuse, le boxeur évoque les valeurs qui lui sont chères : la famille, le travail, la réussite, l’intégration... "La vie c’est comme la boxe, il faut mener ses combats", explique-t-il, "Nous sommes tous des boxeurs face à la vie. Il ne faut pas reculer face aux défis, aux adversaires, même si l’on ne gagne pas ; car la vraie victoire, c’est l’acceptation du combat. Mais cela doit se faire avec le respect des autres. Quand on monte sur un ring comme pour grimper des échelons, cela doit se faire avec la rage, mais sans haine. Celui qui a la haine s’affronte lui-même avant tout et il s’effondre de lui-même ; il faut être zen dans la vie". Question sérénité, Badre Belhaja consolide son avenir.

Il vient de créer sa propre ligne de vêtements et sa propre marque : Yountiss (YNS 76). Tee-shirts, avec ou sans manches, sweat-shirts, etc. dont certains sont floqués d’un boxeur les bras levés en signe de victoire. Une gamme originale et qui s’annonce comme une autre réussite pour le boxeur nazairien et qui lui permet de moins s’interroger sur son avenir. Pour l’heure, Badre Belhaja prend le temps de trouver les bons fournisseurs, les meilleurs partenaires. "Cette marque, c’est un grand défi, il est dur de vivre sans motivation", souligne Badre Belhaja.

Déjà de nombreux sportifs d’autres clubs arborent les logos. Mais ils ne sont pas les seuls. En effet, Christophe Bonhomme du groupe nantais Breizoulou se pose aussi comme "ambassadeur" de la marque. "Christophe Bonhomme fait partie de ces types qui donnent naturellement envie de faire des choses, voire de prendre des risques. Avec Breizoulou, ce n’est pas du business, c’est de l’amitié". Puis, Badre Belhaja, remercie plusieurs fois de l’avoir écouté. Il met ses bandes, place ses gants et offre une écoute très respectueuse à ses entraîneurs. Quelques "jab" sur le sac, puis il prend la pause pour une photo, et s’enquiert plusieurs fois (avec humilité) pour savoir si vous êtes satisfait. Badre Belhaja est -aussi- champion en sympathie.

Dolcerama - PB

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