Le musicien Chico Bouchikhi, connu pour avoir cofondé les Gipsy Kings, est revenu il y a quelques mois sur un événement qui a durablement marqué sa vie : l’assassinat de son frère aîné, Ahmed, par les services de renseignement israéliens en 1973. Cette mort fait suite à une erreur d’identification survenue dans le contexte de la traque des responsables de l’attentat des Jeux olympiques de Munich.
Les faits remontent à 1973, en Norvège. Le Mossad y mène une opération visant à retrouver Ali Hassan Salameh, identifié comme l’un des commanditaires de l’attaque qui avait coûté la vie à onze athlètes israéliens un an plus tôt. C’est au cours de cette mission que les agents israéliens ciblent par erreur Ahmed Bouchikhi. Ce dernier est alors abattu sous les yeux de son épouse norvégienne. « Il a été tué à 30 ans, sous ses yeux, en rentrant du cinéma. Elle était enceinte », relate Chico.
Un deuil géré dans le silence en l’absence d’excuses officielles
Chico Bouchikhi, qui se produisait à Saint-Tropez avec les frères Reyes au moment des faits, apprend la nouvelle à distance. Au sein de sa famille, la gestion du drame se fait dans la discrétion. « On n’en a jamais parlé dans la famille », confie le musicien. Il précise également que si le corps de son frère a été rapatrié grâce à l’intervention du roi du Maroc, sa famille n’a « jamais reçu d’excuses de la part d’Israël ». La perte est d’autant plus significative pour l’artiste que cet aîné, qui représentait « tout » pour lui, est celui qui « lui a offert sa première guitare, lui a fait découvrir le jazz, le classique, le flamenco ».
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Plus de vingt ans après cette tragédie, un événement diplomatique a offert à Chico l’occasion d’un geste symbolique fort. En 1994, il se produit à Oslo avec son groupe pour la célébration du premier anniversaire des accords de paix israélo-palestiniens. Son frère Bobby, photographe, est également présent et capture un instant précis : une poignée de main entre Chico, le président palestinien Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin. « À part mon frère et moi, personne ne connaissait notre histoire. J’avais des frissons. C’était un moment inoubliable, explique Chico. Cette photo est l’image du pardon. »