Le bilan Jettou

19 juillet 2007 - 01h16 - Maroc - Ecrit par : L.A

100 minutes ! C’est le temps qu’il a fallu, hier, au Premier ministre Driss Jettou, pour présenter le bilan de l’action de son gouvernement devant la Chambre des représentants. Il en a du souffle le Premier ministre. Dans un discours monocorde, mais largement applaudi, il a su mettre en valeur l’action de son gouvernement. Neutralité politique oblige, le Premier ministre a surtout parlé des « réussites », évitant les loupés.

D’emblée, le chef du gouvernement plante le décor de son mandat à moins de sept semaines des législatives. Pour lui, son équipe gouvernement a dépassé, dans plusieurs domaines, les engagements pris en 2002. Il a ainsi affirmé que « le gouvernement a honoré ses engagements et les a même dépassés dans nombre de domaines et a ouvert de nouveaux chantiers structurants… ».

Il s’est déclaré satisfait « du résultat positif réalisé au cours des cinq dernières années. Ce qui est, selon lui, « le fruit d’une réelle cohésion gouvernementale corrélée à une large concertation avec les opérateurs économiques et les partenaires sociaux… ». Et qui traduit « la politique volontariste de l’Etat et des composantes de la société civile ». En plus « d’une interaction fructueuse avec l’appareil législatif ».

Il s’agit là d’« une dynamique nouvelle ». Le Maroc vit aujourd’hui des réformes audacieuses, destinées à consolider et conforter la démocratie, les libertés et les droits de l’Homme. « C’est un Maroc qui combat avec force toutes les formes de pauvreté et d’exclusion et qui s’attache à soutenir la cohésion sociale et la solidarité spatiale », a dit le Premier ministre.

Intégrité territoriale oblige, Jettou a déclaré que l’Initiative royale de mise en place d’un statut d’autonomie de la région du Sahara constitue « une rupture radicale avec les plans précédents ». Elle confirme la volonté du Royaume de parvenir à une solution définitive au conflit artificiel créé autour de la question du Sahara, a souligné le Premier ministre. « Il s’agit d’une initiative courageuse dont les traits ont été définis à l’issue d’un processus de larges concertations. Cette initiative, a-t-il affirmé, garantit à tous les sahraouis, que ce soit à l’intérieur du pays ou à l’étranger, la participation à la gestion de leurs propres affaires par eux-mêmes à travers des institutions législative, exécutive et judiciaire dans le cadre d’une régionalisation élargie, loin de toute discrimination ou exclusion.

Le Premier ministre a ajouté que l’Initiative royale, qui constitue « la priorité des priorités », représente également une plate-forme visant à mettre fin à des décennies d’épreuves et de drames subis par les enfants du Sahara séquestrés dans les camps de Tindouf.
Le Royaume du Maroc, a-t-il réaffirmé, considère également sa proposition comme une contribution à l’instauration de la paix dans la région et un pas sur la voie de la construction du Maghreb arabe, qui reste une option constante basée sur l’unité de la religion, de l’histoire et de la langue. « Cette option, a-t-il poursuivi, s’avère aujourd’hui nécessaire eu égard aux impératifs de la création d’un espace compétitif et ce, d’autant plus que dans le contexte de la mondialisation, nous assistons à la création, à un rythme accéléré, de regroupements régionaux ».

Passant ensuite à l’énumération des réalisations du gouvernement, Driss Jettou a beaucoup insisté sur celles économiques et sociales. Il a ainsi souligné que tous les efforts ont été entrepris pour faire du Maroc un pôle stratégique de production de richesses et de compétitivité. Il a affirmé à cet égard que de nombreuses actions ont été entamées et réalisées en amont. Ceci dans le but de baliser le terrain à l’émergence d’une économie moderne, forte et capable de faire face aux impératifs de la mondialisation.

Le Premier ministre a ainsi rappelé les différentes réformes engagées par le Maroc notamment dans le domaine culturel qui a toujours été caractérisé par sa diversité. Et c’est justement cette diversité qui a été renforcée, consolidée et développée. L’institutionnalisation de l’amazigh en tant que langue enseignée dans les écoles et dans les universités en est la preuve éclatante.

L’un des grands acquis de l’actuelle législature reste incontestablement la réforme de la Moudawana, le code de la nationalité et l’Instance Equité et Réconciliation (IER), a affirmé le chef du gouvernement. Le statut de la femme a également occupé une place de choix dans la politique de développement initiée par l’équipe Jettou. Ce dernier estime cependant qu’il est temps d’accorder à la femme la place qu’elle mérite au niveau de la représentativité au sein des instances élues.

La loi sur les partis politiques, la garantie de la transparence des prochaines élections législatives, la consolidation et l’élargissement du champ des libertés publiques consacrés par la création de la Haca, la réforme du cadre religieux par la restructuration du ministère de tutelle et des lieux de culte… sont autant d’acquis qui plaident en faveur du gouvernement.

La suppression de la Cour spéciale de justice, la création des tribunaux administratifs, la diversification des spécialités en modernisant les tribunaux de commerce et ceux de la famille, ont permis d’accélérer le rythme des procédures et d’exécution des jugements, a indiqué Jettou.

En matière de sécurité, le Premier ministre se félicite de la politique préventive initiée par les responsables. A cela s’ajoutent les moyens financiers et humains dont ont été dotés les services sécuritaires pour un meilleur déploiement à l’échelle nationale.

Sept orientations majeures ont été arrêtées par l’équipe actuelle dès sa mise en place en 2002. Particulièrement dans les domaines de développement économique et social.

L’éducation et la formation s’inscrivent au coeur de cette démarche. Sans elles, dira Jettou, il sera difficile de gagner le pari du développement économique et social. D’où le choix « d’une école de l’excellence pour assurer la formation d’une relève fière de son identité, de ses institutions et ouverte sur le monde du savoir à travers les NTI ».

En matière d’éducation, toujours, le Premier ministre reconnaît qu’en dépit des réalisations accomplies, de grands défis restent encore à relever pour édifier l’école de demain. L’un des problèmes majeurs est incontestablement l’abandon scolaire, surtout en milieu rural. Le gouvernement a donc adopté une approche préventive pour lutter contre ce fléau.

L’alphabétisation des adultes a aussi donné ses fruits. Jettou parle d’une réduction du taux d’analphabètes de 43% en 2004 à 38,5%. Le nombre de bénéficiaires aura été de quelque 700.000 en 2007. Un résultat qui rapproche le Maroc des recommandations des Nations Unies. Reste que l’approche est appelée à évoluer en ciblant davantage l’analphabétisme fonctionnel particulièrement auprès des 10-45 ans.

Cependant, ce sont surtout les grands chantiers qui ont marqué l’actuelle législature. TangerMed, autoroutes, programme de routes rurales, voies ferroviaires, transports aérien et maritime, tourisme, artisanat… autant de chantiers enclenchés sous le mandat Jettou. Les responsables des départements concernés avaient le sourire au coin des lèvres. Ils ont apparemment de quoi être satisfaits. A l’image de leur Premier ministre.

Emploi : 1,6 point de chômage en moins ?

Quand Driss Jettou a pris les commandes du gouvernement, le HCP recensait 1,31 million de chômeurs à fin 2002. A fin mars 2007, ce chiffre était de 1,15 million de chômeurs. Le taux de chômage est passé de 11,6% en 2002 à 10% fin mars 2007. Après cinq ans d’exercice, près de 160.000 chômeurs en moins et une baisse de 1,6 point du taux de chômage. Trop ou peu ? Le 21 novembre 2002, le Premier ministre présentait son programme devant la Chambre des représentants. Il s’était bien gardé d’avancer d’objectif chiffré. Il est resté général en affirmant que le problème de la lutte contre le chômage n’est pas une problématique purement économique mais qui dépend fortement des autres politiques, d’éducation notamment. Toujours est-il que le quinquennat 2002-2007 était une période exceptionnelle pour la croissance du PIB avec une moyenne de 5%. Jamais l’économie du pays ne s’est aussi bien portée que ces dernières années. Jamais les initiatives pour la promotion de l’emploi n’ont été aussi nombreuses (Moukawalati, Idmaj, Taahil…).

L’Economiste - J.E. Herradi & Amine Rboub

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