La blogosphère marocaine est la plus active du Maghreb

5 décembre 2007 - 21h29 - Economie - Ecrit par : L.A

La blogosphère marocaine, la plus active du Maghreb avec 30.000 adresses, s’est imposée, à l’instar des autres pays arabes, comme le meilleur moyen de débattre de sujets tabous en contournant la censure. "C’est une vraie révolution car chacun y va librement de son commentaire sur des sujets aussi sensibles que la monarchie, l’islam, le Sahara", explique Larbi.

Ce blogueur "vétéran", auteur de 443 billets ayant suscité 17.600 commentaires depuis octobre 2004, reçoit chaque jour 3. 500 visiteurs, qui discutent surtout de la constitution et la liberté de la presse. "Les opinions sont très partagées et beaucoup défendent le statu quo", précise-t-il.

La "Blogoma" abrite aujourd’hui 30.000 blogs pour 4 millions d’internautes. "C’est peu par rapport aux 17 millions de blogs français mais bien plus que chez nos voisins", souligne Larbi.

Cinq fois plus qu’en Algérie, si l’on en croit DZblog.com, la plate-forme algérienne qui recense 5.892 blogs, 2 millions de visiteurs et 7 millions de pages vues depuis janvier 2006. La Tunisie en compte environ un millier.

Etonnant, les blogueuses sont majoritaires au Maroc comme en... Arabie Saoudite où elle tiennent plus de 1.000 blogs. "La Blogoma, c’est un café convivial", explique Mehdi7, qui mêle sur son blog chroniques légères et reportages sur la culture du cannabis, la prostitution ou les coulisses d’une visite royale.

Les blogosphères tunisienne et égyptienne se rapprochent plus du journalisme citoyen mais leur impact reste limité faute d’accès au net : moins d’un million de Tunisiens "surfent", et un Egyptien sur 10 est connecté.

Wael Abbas, un Egyptien de 33 ans, premier blogueur lauréat du prix du Centre International des Journalistes (CIJ), a conduit en novembre à la condamnation à trois ans de prison de deux policiers tortionnaires.

Moins chanceux, Karim Amer, 22 ans, a été condamné début 2007 à 4 ans de détention pour avoir critiqué, sur son blog Al Azhar, le président Hosni Moubarak et l’islam.

En mars 2005, un blogueur tunisien, Zouhair Yahyaoui, est décédé en prison où il purgeait une peine de 2 ans pour "diffusion de fausses nouvelles" sur les atteintes aux droits de l’Homme.

"Le Maroc est un pays où il fait encore bon bloguer", reconnaît Mehdi7, qui note qu’aucun blogueur n’y a encore été inquiété.

Mais dans la région, le bilan n’est pas brillant. Sur les 17 pays pointés sur "l’Access Denied Map" de l’ONG Global Voices Advocacy, qui lutte contre la censure sur internet, 7 sont arabes.

En mai, Rabat avait bloqué pendant six jours l’accès à Youtube où circulaient des vidéos insultant le roi. Même traitement en juin pour "Live Journal", une plate-forme étrangère de deux millions de blogs, qui hébergeait des blogs pro-Polisario.

"Les autorités se ridiculisent en croyant imposer la censure à des sites, car n’importe qui peut la contourner", assure Citoyen Hmida, doyen de la Blogoma.

En effet, la grande majorité des blogosphères arabes fait preuve d’indépendance et de liberté de ton. Ainsi à Bahreïn, des bloggeurs ont soutenu trois animateurs de forums internet arrêtés en 2005, affichant régulièrement le lieu et l’heure des manifestations de soutien.

"Certains courants politiques ont essayé d’infilter la Blogoma mais elle a une forte capacité d’auto-préservation", assure Othmane Boummalif, consultant web au Maroc.

Le gros des blogs maghrébins et moyen-orientaux sont en arabe, en anglais, en français et dans des dialectes, retranscrits phonétiquement dans différents alphabets. Quelle que soit la langue, un genre y domine : le journal intime.

AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Liberté d’expression - Informatique - Maghreb - Censure - Blogoma - Internet

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan et réseaux sociaux : les photos d’iftar divisent

Pendant le mois sacré de Ramadan, de nombreux influenceurs marocains publient quotidiennement sur les réseaux sociaux des photos de tables garnies de mets et de boissons pour la rupture du jeûne (iftar). Un comportement perçu comme de la provocation...

Maroc : Ahmed Assid dénonce la répression des voix d’opposition par l’astuce des mœurs

Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.

Office des changes au Maroc : du nouveau pour l’e-commerce

Les jeunes entreprises innovantes en nouvelles technologies ont désormais une dotation commerce électronique plafonnée à un million de dirhams par année civile, selon la version 2024 de l’Instruction générale des opérations de change (IGOC).

Le Maroc teste un système de santé intelligent

Le Maroc prévoit d’installer un « système de santé intelligent » dans les centres de santé des régions de Rabat-Salé-Kénitra (16), Fès-Meknès (15), Beni Mellal-Khénifra (11) et Draâ-Tafilalet (11). Cette première phase du projet devrait nécessiter un...

AliExpress et Shein : la douane marocaine mène la vie dure aux acheteurs

Malgré la suppression de l’exonération des frais de douane sur les transactions d’une valeur inférieure à 1 250 DH, les Marocains n’ont pas arrêté de faire des achats en ligne à l’international, notamment sur les sites chinois (AliExpress et Shein)....

Le Maroc s’oriente vers une administration sans papier avec une nouvelle plateforme numérique

Le ministère délégué chargé de la Transition numérique entend développer une plateforme dénommée « le compte numérique de l’usager » pour améliorer la qualité des services de l’administration aux usagers.

Le Magazine Marianne censuré au Maroc

L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.

L’École 1337 élue 3ᵉ meilleure au monde

L’école « 1337 » de l’Université Mohammed VI Polytechnique, spécialisée dans la formation gratuite en programmation, fait partie des trois meilleures au monde.

Le film « Zanka Contact » contraint de supprimer une chanson d’une pro-Polisario

Suite à l’interdiction de diffusion « au niveau national et international » du film Zanka Contact, les producteurs se sont pliés aux exigences de l’organe régulateur, annonçant la suppression de la musique à polémique.

Des influenceurs marocains impliqués dans des achats immobiliers illégaux à l’étranger

L’Office des changes a découvert que des influenceurs et créateurs de contenu sur Internet ont des propriétés non déclarées à l’étranger et violent les textes régissant le change.