Le design marocain exposé en Italie

29 octobre 2007 - 23h55 - Monde - Ecrit par : L.A

Le design marocain commence à se faire connaître à l’international, à la grande joie des designers marocains. En effet, après avoir été invités d’honneur du salon Maison et Objets à Paris en septembre dernier, cinq designers marocains reviennent tout juste d’une exposition qui s’est déroulée à Palerme du 16 au 21 octobre. Intitulée « Palermo Design Week », cette exposition, qui en est à sa deuxième édition, était dédiée exclusivement au design dans l’espace méditerranéen, avec pour but d’encourager et développer le dialogue entre pays du pourtour de la Méditerranée : Espagne, Turquie, Liban, Israël, Italie et Maroc.

L’ensemble des designers présents (à raison de 5 designers par pays) ont eu la possibilité de présenter au public des créations originales et novatrices. « Seule l’Espagne a eu droit à un traitement de faveur, avec davantage de designers sur place », nous a confié Soumiya Jalal Mikou, une des cinq designers qui faisait partie du voyage, et présidente de la toute récente association Designers du Maroc. La manifestation a été initiée par l’Ecole d’architecture de Palerme, qui espère créer un réseau méditerranéen et une véritable industrie du design, qui serait un moteur de développement de la région. Les universitaires de l’Université de Palerme estiment que le design est un secteur économique à part entière.

« Palermo Design Week » comptait un total de huit sites d’expositions à travers la ville. Onze expositions y ont été organisées et plusieurs tables rondes s’y sont tenues. En clôture du salon, trois prix ont été distribués : celui du meilleur designer, du meilleur produit exposé et du meilleur commerçant pour le design. C’est l’Université de design de Palerme qui a sélectionné les cinq designers marocains participants.

Soumiya Jalal Mikou, architecte de formation et créatrice textile, faisait partie du groupe. Passionnée par la matière, elle a exposé des panneaux lumières, autrement dit de grandes bannières tendues par des câbles rigides, éclairées par des spots au niveau du plafond, créant dans l’espace un rythme de lumière intéressant. A la lumière du jour, les panneaux se fondent discrètement dans l’espace, laissant la liberté totale à la vision.

Elle s’est concentrée sur la transparence, tout en s’attachant à accentuer la variabilité de la surface du tissu sous les effets de la lumière. Elle a essayé de rendre un effet de texture se rapprochant le plus possible de la vision fugitive d’un poisson accrochant un maximum de lumière à sa sortie de l’eau, en y rajoutant de la transparence pour donner à la texture une légèreté inattendue.

Elle compte à plus ou moins court terme continuer en milieu industriel, afin de compléter son exploration à la fois technique et plastique du cuivre associé à d’autres éléments naturels.

Autre designer présent à Palerme, Saïd Guihia. Depuis 15 ans, il est chef de département et enseignant de design d’intérieur à l’Ecole des beaux-arts de Casablanca. Il donne souvent des conférences sur le design au Maroc, en France et en Italie, et participe régulièrement à des festivals et expositions.

A Palerme, il a présenté une table traditionnelle marocaine revisitée, avec un plateau comprenant des motifs géométriques avec l’anneau de Salomon sablé. La table est supportée par un piètement en tube d’inox, sous forme de croisillon pliable.

Hicham Lahlou a présenté pour sa part un prototype de service à thé et à café intitulé « Dar ». A la fois objet usuel quotidien et élément décoratif d’inspiration architecturale, ce prototype de service à thé et à café revêt des lignes originales, inspirées des architectures de Wright, Le Corbusier, Meier, Richard Neutra ainsi que de l’architecture très rectiligne des minarets.

Aucun motif n’est rajouté pour ne voir que l’essentiel. La théière-cafetière fait office de tour, dans laquelle vient s’imbriquer le sucrier. Les tasses sont les seuls éléments à être légèrement galbés, cette ergonomie permettant de boire plus facilement. Le tout est intégré sur un plateau, tel un terrain sur lequel on aurait érigé un complexe résidentiel.

Devenu célèbre pour la création de la fameuse théière « Koubba », ce designer et architecte d’intérieur a développé aussi récemment une ligne complète de mobilier urbain pour Agadir, dans le cadre d’un projet « ligne pure ».

Maintenant, il envisage de passer à l’étape d’industrialisation de son service à thé et à café « Dar ».

Khadija Kabbaj, quant à elle, a fait des études d’art et de mode. Artiste passionnée de l’objet, elle souhaite donner un souffle nouveau à la création et au design et travaille sur des projets tant dans le domaine du graphisme, du design mobilier objets, que de la création d’installations et d’espaces.

Elle a présenté la table « Tbeq », un clin d’œil au plat très populaire réalisé en jonc qui souvent est caché dans la cuisine et qui sert généralement à contenir de la farine, des fruits, du pain, ou bien d’autres aliments.

Le jonc est travaillé sous forme de spirale, c’est un travail propre aux femmes de la campagne. A partir d’un matériau pauvre, Khadija a ainsi voulu concevoir et réaliser un objet qui ait sa place dans un intérieur, dans un salon en le surdimensionnant et en retravaillant le graphisme et les couleurs de la table.

Enfin, Réda Bouamrani, architecte d’intérieur designer tout aussi talentueux, a présenté la chaise « hamak », dont la peau flottante adopte un système amovible, qui se transforme à la guise et aux goûts de chacun.

Depuis peu de retour à Casablanca, les cinq designers, plus motivés que jamais, ont tous des projets plein la tête. D’ores et déjà, ils préparent d’autres expositions.

Un projet pour Casablanca

L’association Designers du Maroc, créée il y a à peine huit mois et présidée par Soumiya Jalal Mikou, prépare actuellement, en collaboration avec l’Université du design de Palerme, un projet d’exposition à Casablanca. « Nous sommes en train d’identifier des sites afin d’organiser un salon sur la même formule qu’à Palerme. Nous sommes en contact avec la chambre de commerce italienne pour mener à bien ce projet », indique Mikou.

L’association Designers du Maroc œuvre aussi pour promouvoir le design marocain au Maroc et à l’étranger et l’ériger en tant que moteur de développement économique. D’autre part, elle joue un rôle de sensibilisation.

« Le design, ce n’est pas du tout du relooking, mais c’est l’art de réfléchir sur l’amélioration de l’usage d’un produit, pour qu’il soit plus ergonomique, plus efficace, plus utile et plus confortable pour son utilisateur », affirme Soumiya Jalal. Il s’agit en quelque sorte de créer des objets ou des meubles intelligents.

L’Economiste - Nadia Belkhayat

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Sujets associés : Italie - Exposition - Artisanat marocain

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