Hassan II reçoit les membres du bureau de la chambre des représentants

"Louange à Dieu,

Que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Messieurs les membres du bureau de la Chambre des Représentants,

Je suis heureux de vous recevoir après que vous ayez bénéficié de la confiance des membres de la Chambre pour assumer, chacun en ce qui le concerne, les responsabilités qui vous incombent. Nul doute que cette session, la dernière de l’actuelle Chambre, aura par la grâce de Dieu, un rendement appréciable et sera décisive, eu égard aux résultats qui couronneront vos travaux, et à la méthode par laquelle vous allez parvenir aux dits résultats.

Cette méthode, sera pour Moi une preuve et un signe profond, de la conscience politique et la maturité de l’ensemble des membres de la Chambre. Si la passion dans les débats doit exister, tout comme le droit de chacun de défendre ses idées et d’aller jusqu’au bout de son raisonnement en faisant prévaloir ses preuves et ses arguments, l’important pour Moi, ce sont les termes utilisés, l’argumentation avancée et la sagesse qui doit marquer le tout, du début à la fin.

Les projets qui vous seront soumis et qui ont été élaborés à la suite du dernier amendement de la Constitution, ne sont que de simples textes qui restent susceptibles, dans une, deux ou trois années, d’être revus et modifiés. Nous n’avons donc aucun intérêt à verser dès le départ dans la redondance et à s’obstiner à s’attacher à des principes figés qui sont beaucoup plus de simples principes que de véritables expériences. Tout le monde attend au contraire de la Chambre des Représentants, qu’elle fasse preuve de souplesse d’au tant plus que les expériences des municipalités et des communes rurales n’ont malheureusement pas toujours été réussies.

Dans leur majorité, les municipalités, les villes et les campagnes n’ont pas atteint le niveau souhaité au Maroc, ni au regard de l’histoire, ni sur les plans humain et culturel. Ce sont là des questions qui relèvent des élus et non pas des autorités. Y a-t-il manque de moyens ? S’agit-il d’un manque d’idées ou encore d’une négligence de la part des élus ? Dieu seul le sait.

Toujours est-il que nous devons tirer la leçon qui s’impose, de ce qui se passe dans certains endroits pour mieux appréhender la région qui englobe des millions d’habitants, enfants jeunes, moins jeunes et personnes âgées. Il vous appartient donc d’adopter la démarche qui convient dans l’examen des textes régissant la région.

Je ne vous demande pas de suivre le rythme des plus fragiles parmi vous. Non, allez plutôt à un rythme qui nous permettrait d’assimiler les actions entreprises. S’il s’avère d’ici une année qu’il est souhaitable d’élargir les attributions de la région, les textes suivront, la loi n’étant pas figée. Par la suite, nous élargirons davantage ces attributions chaque fois que le besoin s’en fait sentir.

Si nous consentons tout dès le départ, il sera difficile de revenir sur les décisions prises et de reprendre ce qui a été accordé. Ce sont là quelques remarques que je voudrais que vous transmettiez à tous les membres de la Chambre de toutes les tendances et formations politiques. Nous prions Dieu de leur accorder succès, de les guider sur la bonne voie et de les inspirer pour qu’ils fassent le meilleur choix.

Comme Je l’ai dit dans mon dernier discours, il y a parmi eux ceux qui seront réélus au Parlement, s’il plaît à Dieu, et d’autres qui préfèreront ne pas se représenter. Qu’ils reviennent ou non, l’essentiel est que le Parlement doit constituer une école vivante de patriotisme ardent, un patriotisme intimement lié à la réalité et non pas celui fait de discours creux, une école de patriotisme d’action et de combat continu, un patriotisme qui cerne les grands objectifs que nous souhaitons à ce pays en attendant que soient réunis les moyens de les atteindre.

Que Dieu vous assiste, guide vos pas et vous inspire le bien. Nous vous souhaitons plein succès dans votre mission."

05/11/1996