Les Marocains du Canada

20 février 2006 - 09h33 - Monde - Ecrit par : Bladi.net

Plusieurs Marocains quittent le pays pour le Canada. Ils payent même des intermédiaires, sachant très bien qu’entre les candidats à l’immigration et le gouvernement du Québec ou du Canada, ils n’ont pas besoin de payer pour ce service.

Les consultants en immigration se sont enrichis sur le dos des Marocains, et pourtant, on peut consulter simplement le site du gouvernement du Québec pour évaluer nos chances d’être acceptés comme immigrants au Canada.

Les gens, en arrivant au Canada, pensent à améliorer leur situation mais malheureusement la réalité est tout autre. Les statistiques montrent que cela prend en moyenne deux ans et demi pour qu’un Maghrébin trouve son premier emploi au Québec. Il y a 28 % de chômage chez les immigrants maghrébins.

Plusieurs professionnels marocains se trouvent au volant d’un taxi. Combien de familles sont brisées à leur arrivée au Canada, même chez ces riches marocains qui rentrent en tant qu’immigrants investisseurs finissent par perdre leur femme et leurs enfants et retournent au Maroc en laissant toute une histoire derrière eux. Il n’en demeure pas moins que cette réalité ne s’applique pas à la totalité, il y a quand même certains Marocains qui ont très bien réussi même si on peut les compter sur le bout des doigts.

J’aimerais vous parler d’un Marocain de Tétouan, entré au Canada en 1987, d’une famille très modeste, s’exprimant plus en espagnol qu’en français. Il est rentré au Canada avec un peu moins de cinq cents dollars dans ses poches, trouvant un travail comme représentant dans une compagnie d’informatique. Aujourd’hui, son ex-employeur est devenu son employé et sa compagnie fait 40 millions de dollars de chiffre d’affaires. Une des personnalités les plus respectées dans le milieu politique autant qu’économique.

M. Mohamed El Khayat n’est pas resté au Maroc, il a choisi de s’expatrier. Aujourd’hui ce Québécois d’origine marocaine est un bel exemple d’intégration réussie dans la société québécoise pour ses compatriotes.

Bien qu’il se considère aujourd’hui comme un Québécois et un Canadien à part entière, il se rappelle les difficultés qu’il a connues à son arrivée. En effet, le premier hiver lui a presque fait regretter d’avoir choisi le Québec, mais le plus difficile a été de trouver un emploi. Avec son diplôme en informatique, obtenu à Grenade en Espagne, il voulait à tout prix devenir vendeur de produit Apple. Il a dû utiliser bien des arguments pour convaincre le directeur commercial de Micro-contact, Gilles Tanguay, de l’embaucher. "M. Tanguay m’a fait confiance."

Il a reçu le titre de "Grand bâtisseur" en 2000, remis par le Bloc Québécois et le prix Immigrant du monde 2001, décerné par la Chambre de commerce et d’industrie du Québec métropolitain. Mohamed El Khayat réside dans la ville de Québec depuis 1987, après avoir transité par l’Espagne, le temps d’une formation en informatique de gestion.

Québec, capitale de la province de Québec, ville où siège le gouvernement provincial, attire peu d’immigrants. Si Montréal accueille 38.000 immigrants, Québec n’en reçoit que 1300 à 1400. Depuis quelques années, le gouvernement encourage les immigrants à s’installer.

D’après M. El Khayat, "il faudrait sensibiliser la population et les entreprises pour faciliter l’enracinement des nouveaux arrivants dans la ville de Québec", et pourtant il est très fier d’être Marocain. Il disait même que "lorsque nous étions jeunes, nous n’avions rien à manger. Ma mère, la nuit, réchauffait de l’eau nous faisant croire qu’elle nous cuisinait une soupe, mais elle ne faisait ça que pour gagner du temps en attendant que nous nous endormions."

Pour recevoir ses parents, Mohammed ne se contente pas de les attendre à l’aéroport mais il se déplace jusqu’au Maroc pour aller les chercher.

Aujourd’hui, il préside l’événement : un monde des affaires dont le président d’honneur n’est pas moins que le Premier ministre du Québec, Jean Charest.

Dans la ville de Québec, tout le monde l’appelle et le connaît par son prénom Mohammed. Il fait souvent les premières pages des journaux au Québec et comme disent certains, c’est le seul arabe qui fait la première page des journaux sans être accusé de terrorisme.

Abderrahim Khouibaba - Libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Canada - Montréal - Intégration - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Voici le guide fiscal 2023 des MRE (douane)

La Direction Générale des Impôts (DGI) vient de dévoiler son guide fiscal pour l’année 2023 à destination des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Les Marocains du monde, au cœur d’une importante réunion à Rabat

Le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, a présidé la dixième réunion de la Commission ministérielle dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE)à Rabat hier, jeudi. Dans le cadre de cette réunion, il a mis en avant l’engagement du...

Maroc : des changements majeurs pour les MRE en matière de droit de la famille

Le Maroc a décidé d’alléger considérablement les procédures administratives en matière du Droit de la famille, notamment le mariage, le divorce et l’état civil en faveur des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Entre droits des MRE et échange de renseignements fiscaux : le dilemme du gouvernement marocain

Le gouvernement d’Akhannouch revient sur les deux projets de loi sur l’échange de renseignements fiscaux et de données des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Par la voix de son porte-parole, Mustapha Baïtas, il rassure une fois de plus les MRE.

Accord fiscal Maroc-OCDE : Le gouvernement rassure les MRE

Le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, a voulu rassurer les Marocains résidant à l’étranger (MRE) au sujet de l’échange automatique d’informations financières et fiscales, signé par le royaume avec l’OCDE à Paris le 25 juin 2019.

Du changement pour les voitures des MRE à leur arrivée à la douane

Les Marocains résidant à l’étranger devront se soumettre à un nouveau document émis par l’administration des douanes et qui concerne la circulation des véhicules immatriculés à l’étranger.

Enseignement supérieur : le Maroc attend la compétence MRE

Le ministère de l’Enseignement supérieur, en collaboration avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et le Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST), a organisé samedi à Rabat, l’Assise de la 13ᵉ Région...

Aide au logement : Un vrai succès chez les MRE

Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, confirme l’intérêt des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour le nouveau programme d’aide directe au logement.

Meurtre de Malak : des traces d’agressions sexuelles révélées par le médecin légiste

Lors d’une conférence de presse donnée jeudi par le parquet de Liège, des révélations choquantes ont été faites sur le meurtre de Malak, la jeune adolescente de 13 ans tuée par Olivier Theunissen, un Sérésien de 37 ans. Le médecin légiste a en effet...

MRE et l’OCDE : l’heure de la renégociation fiscale

Le gouvernement marocain affirme vouloir préserver les intérêts des six millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE). Il entend engager dans les prochains jours des négociations avec l’OCDE pour revoir les conventions relatives à l’échange des...