Marks & Spencer reroute sa production turque vers le Maroc

26 janvier 2006 - 21h21 - Economie - Ecrit par : Bladi.net

Les fournisseurs d’un des plus gros donneurs d’ordre textiles européens, le britannique Marks & Spencer, délocalisent une partie de leur production de la Turquie vers le Maroc.

Dans quelles proportions ? Pour quels emplois additionnels ? Ils se garderont bien de le dire. Dewhirst, l’un des douze fournisseurs de la marque implantés localement, ne confirme même pas ce mouvement au profit du Maroc. Mais selon des informations recoupées, c’est bel et bien le cas. Un des responsables à Dewhirst affirmera d’ailleurs que l’avantage du Maroc est certain. « Le Royaume gagnera certainement des contrats intéressants avec des partenaires qui produisent en Turquie ». Il ne manque pas d’attirer l’attention sur le danger que peuvent représenter les grèves. L’une des unités de production du groupe a en effet été affectée ces derniers mois par une crise sociale d’envergure.

Une chose est sûre : le Maroc offre, dans le textile, des avantages comparatifs certains par rapport à des pays pourtant réputés pour leur compétitivité internationale, notamment la Turquie. Dans des entreprises de logistique, l’affirmation est sans équivoque. De nombreux donneurs d’ordre effectuent un retour vers le Maroc grâce à l’amélioration des coûts de production dont la logistique est partie intégrante. « Les entreprises de logistique ont été réactives et très compétitives par rapport à la dynamique du libre-échange du Maroc avec la Turquie », explique le responsable d’une société de transport logistique. Ses plus gros clients, des confectionneurs, ont tourné le dos à d’autres pays au profit du Maroc. Sous l’impulsion de firmes multinationales, la logistique est en train de se développer de manière spectaculaire. Selon les experts, le poids de la logistique dans le prix de revient est estimé entre 10 et 15%. Cette part peut atteindre jusqu’à 30% dans certains cas. « La rentabilité n’est pas uniquement une question de prix de matières premières et de main-d’œuvre et mais aussi de logistique », explique Karim Tazi, président de l’Association marocaine des industries textiles et de l’habillement. Sans confirmer l’information concernant Marks & Spencer, il trouve « logique ce mouvement de délocalisation ». L’accord de libre-échange Maroc-Turquie explique une grande partie de ce phénomène considéré « logique ». Mais pas tout. « Le Maroc dispose d’un atout stratégique, ajoute Tazi, qui est celui de la proximité de l’Europe et du prix de revient ». Ces atouts jugés insuffisants il y a encore quelques mois, pour booster les exportations textiles marocaines, semblent reprendre du poil de la bête. Une étude comparative a montré que le Maroc est bien positionné par rapport à l’ensemble des pays à vocation de sous-traitant pour certains marchés .

Comparé aux pays asiatiques, le Maroc est certes plus cher en termes de main-d’œuvre mais nettement plus proche de l’Europe. « Il se trouve au centre de la distance et des prix dans le tableau comparatif global », explique le président de l’Amith. Ce qui le pousse à affirmer que « n’importe quel donneur d’ordre de taille ne peut rester indifférent à cet atout ». Le Maroc aussi a sa part de responsabilité. La carte de la proximité ne restera pas convaincante ad vitam aeternam. D’autres arguments sont à développer et faire valoir.

Amale Daoud - L’Economiste

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Sujets associés : Textile - Délocalisation

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