Maroc : de la tradition au modernisme

14 janvier 2005 - 09h05 - Culture - Ecrit par :

Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe. Telle est la métaphore qu’utilisait souvent le roi Hassan II pour décrire un pays pétri de traditions mais tenaillé par le désir de modernité. Cette double vocation fait la riche complexité du pays de l’extrême couchant, El-Maghreb el-Aqsa.

Le Maroc occupe une place privilégiée au sein du monde musulman. Son histoire vieille de trois mille ans, sa culture et ses ethnies ancestrales, sa situation géographique remarquable, ouverte sur la façade atlantique, l’Afrique subsaharienne, l’Europe et la Méditerranée, ont incontestablement contribué à assoir sa richesse culturelle. La société est écartelée entre la tentation de la modernité et le désir profond de procéder à une réforme islamiste. Avec les récents changements parmi lesquels la mort de Hassan II (27 juillet 1999), l’intronisation de Mohammed VI, l’arrivée d’une coalition de gauche au pouvoir et les difficultés du gouvernement sur le plan de l’économie et des libertés de la presse (récente suspension de trois titres), le Maroc se trouve aujourd’hui au carrefour d’une nouvelle histoire qu’il lui faudra négocier habilement.

Le Maroc d’un coup d’oeil
De la Méditerranée au Haut Atlas, au-delà duquel il se prolonge dans les immenses étendues sahariennes, le Maroc s’ouvre sur l’Atlantique dans un vaste hémicycle où se concentrent grandes villes et principales activités, de Tanger à Agadir et de Fès à Rabat. Relief, climat et histoire ont multiplié les facettes d’un pays qui offre la variété de ses plages mais aussi de la beauté de ses hautes vallées montagneuses. Aux riches terroirs agricoles s’opposent les grands espaces de la montagne et du désert d’où surgissent ici ou là amandiers, pêchers, oasis et palmeraies, Dans les medinas secrètes, dans le labyrinthe des souks ou au pieds des minarets almohades et mérinides, s’activent marchands et artisans, gardiens d’admirables traditions artistiques.

Casablanca, ville célèbre pour son architecture Art déco abrite aussi la somptueuse mosquée Hassan-II. Essaouira est une ville blanche qui semble sortir des eaux. Agadir : on s’y rend pour profiter du soleil et des plages. Une jolie medina a été construite récemment au sud de la ville. Le Sud est une région très variée : désert, oasis, montagnes et côtes. L’architecture et les couleurs des maisons de Tafraoute, dans l’Anti-Atlas, sont très particulières. La région du Rif, de Chefchaouen à Oujda, est à découvrir : Berbères à la fouta rayée, plages de toute beauté, vallées recouvertes au printemps d’amandiers en fleurs font la richesse de cette partie du pays. Volubilis, cité romaine, est située à quelques kilomètres de la cité impériale de Meknès. Les splendides paysages du Haut Atlas, près de l’oued Goum, se prêtent à la randonnée pour découvrir les tribus berbères. Rabat est célèbre pour la très jolie kasba des Oudaïa et pour le mausolée Mohammed-V.

Casablanca
Entre Orient et Occident, la capitale économique du Maroc offre un visage déroutant qui mêle à la fois tradition et modernité : ici, les gratte-ciel des grandes artères cohabitent avec les échoppes de la medina aux ruelles tortueuses, et les hommes d’affaires côtoient les indigents.

Au VIIe siècle, Casablanca se résume à une petite cité berbère installée sur la colline d’Anfa. Pourtant, elle aiguise déjà l’appétit des puissances étrangères pour des raisons stratégiques et commerciales. En 1468, la ville est mise à sac par les Portugais qui réduisent à néant sa flotte de corsaires. Il faut attendre l’avènement de Sidi Mohammed ben Abdallah au XVIIIe siècle, pour que Dar el-Beïda (« Maison blanche », ou « Casa blanca » en espagnol), prenne un nouvel essor grâce à son port qui joue le rôle de plaque tournante dans le commerce du sucre, du thé, de la laine et du blé avec le monde occidental. Mais c’est au XXe siècle que Casablanca subit sa plus profonde mutation sous l’impulsion du protectorat français. Contre l’avis des experts, Lyautey, premier Résident général, entend faire de Casablanca le centre économique du pays. À cette fin, il s’entoure d’urbanistes pour édifier une ville à la mesure de ses ambitions et modernise le port.

Durant près de quarante ans, les architectes les plus novateurs travailleront à ce gigantesque chantier. Après l’indépendance, l’expansion de Casablanca ne cessera pas pour autant. Ses tours futuristes et sa formidable mosquée dardant ses rayons laser vers la Mecque, témoignent une nouvelle fois de son esprit d’avant-garde. Avec près de 3,5 millions d’habitants, Casablanca est aujourd’hui l’une des quatre plus grandes métropoles du continent africain et son port est le premier du Maroc.

Marrakech
Marrakech a donné son nom au Maroc, c’est dire l’importance de cette cité berbère, située à la croisée du Sahara, de l’Atlas et de l’Anti-Atlas. Derrière ses remparts en pisé, la capitale du Grand Sud conserve les traces de ses illustres bâtisseurs. Pendant plus de deux siècles, Marrakech fut à la tête d’un empire colossal. Même si elle n’est plus aujourd’hui que la troisième ville du pays après Casablanca et Rabat, ses palais fabuleux et sa palmeraie luxuriante exercent toujours la même fascination sur le visiteur. En 1062, les Almoravides venus du Sahara fondent Marrakech. Très vite, ces moines guerriers se taillent un empire qui s’étend d’Alger à l’Espagne.

En 1106, Ali ben Youssef fait appel aux artisans andalous pour doter la capital d’un palais et d’une mosquée. Il élève des remparts et crée un ingénieux système d’irrigation, les khettaras, qui alimentent la palmeraie. Partisans d’un islam rigoriste, les Almohades, assiègent la ville en 1147 et Abd el-Moumen érige la Koutoubia, fleuron de l’art arabo-andalou. Son successeur, entreprend la construction de la kasba. Mais la dysnastie almohade péréclite à son tour au profit des Mérinides, attachés à Fès.

Durant plus de 200 ans, Marrakech someille. C’est au XVIe siècle qu’elle connaît un second souffle avec l’avènement des Saadiens, notamment le richissisme Ahmed el-Mansour. Les tombeaux saadiens, la medersa Ben Youssef et les vestiges du palais El-Badi témoignent de cet âge d’or. En 1668, Marrakech tombe aux mains des Alaouites qui transfèrent leur trône à Fès et à Meknès. Le XXe siècle met Mararkech à l’heure de la modernité avec la création du quartier du Gueliz, bâti sous le protectorat. Séduits par la ville, les visiteurs ne tardent pas à affluer. Aujourd’hui, le tourisme tient une place essentielle dans son économie.

Agadir
Capitale régionale du Sud de l’Atlas, Agadir attire chaque année plusieurs milliers de visiteurs. La douceur de son climat - entre 7 et 20 degrés Celsius en janvier -, sa plage abritée, ses hôtels et clubs de vacances en font la deuxième ville touristique du Maroc après Marrakech . Entièrement rebâtie dans les années 1960 après le terrible séisme qui détruisit la ville, Agadir n’offre pas le charme des cités marocaines traditionnelles, mais ses espaces aérés et son modernisme séduisent de nombreux vacanciers. Son quartier industriel concentre des réservoirs de pétrole, des cimenteries et des conserveries de poissons (Agadir est le premier port de pêche du pays) et de fruits en provenance de la fertile plaine du Sous.

Nouveau Talborj
Appelé Nouveau Talborj, le centre d’Agadir a été reconstruis au sud de l’ancienne ville, entièrement rasée après le séisme de 1960. Les rues principales du centre-ville longent la plage. Les zones piétonnes, bordées de restaurants, de boutiques et de magasins d’artisanat sont concentrées autour du boulevard Hassan-II et de l’avenue du Prince-Moulay-Abdallah. Des architectes renommés, Jean-François Zevaco et E. Azagury, sont les auteurs des dessins de belles réalisations contemporaines dont la poste, l’hôtel de ville ou l’élégant tribunal. De nombreux jardins aèrent la ville blanche.

La plage
Au sud de la ville, la plage abritée de 9 km de sable fin est la principale attraction d’Agadir. Toutefois, malgré les 300 jours d’ensoleillement donc bénéficie la ville, elle est souvent embrumée le matin. On peut y louer planches à voile, jet-skis et scooters des mers. Des promenades à cheval ou à dos de dromadaire sont organisées. La plage est bordée de nombreux cafés, hôtels et de restaurants.

L’ancienne kasba
Le sommet de la colline (236 m) où se dressent les ruines de la kasba, entourées de remparts restaurée, offre une vue imprenable sur Agadir et sa baie. Édifiée en 1540 par Mohammed ech-Cheikh, pour surveiller la forteresse portugaise, la kasba fut restaurée en 1752 par Moulay Abdallah et abrita une garnison de chrétiens renégats et de mercenaires turcs.

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