L’Otan fait les yeux doux au Maroc

17 juin 2007 - 00h46 - Maroc - Ecrit par : L.A

"La coopération militaire entre le Maroc et l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) devient une nécessité devant les nouveaux défis qu’apportent la lutte contre le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive".

C’est en ces termes que Patrick Hardouin, secrétaire général adjoint aux Affaires régionales, économiques et de sécurité de l’OTAN, s’est exprimé mercredi à Rabat, au cours d’une rencontre initiée par l’Institut marocain des relations internationales (IMRI). Depuis 1995, l’OTAN a élargi ses activités jusqu’au Maghreb à travers le Dialogue Méditerranéen, qui regroupe sept pays du pourtour du bassin (Maroc, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Jordanie, Egypte et Israël) dans le but d’instaurer de meilleurs apports multilatéraux avec ces partenaires jugés "hautement stratégiques", selon Hardouin.

"Depuis la chute du Mur de Berlin et la dissolution du Pacte de Varsovie, la fin de la guerre froide a vu de nombreux partenaires potentiels se joindre progressivement à l’OTAN, pour contribuer à maintenir la stabilité dans toute la région de la Méditerranée", affirme Jawad Kerdoudi, président de l’IMRI.

L’OTAN, dont la politique arabo-musulmane est à ses balbutiements, a étudié la question au Sommet d’Istanbul en 2004.

"À l’origine, notre préoccupation se limitait essentiellement à contenir l’URSS, le Maghreb étant perçu comme le flanc Sud de la bataille centrale. Mais aujourd’hui, la donne a changé avec les attentats du 11 septembre 2001, qui ont frappé cruellement l’un des nôtres", explique Hardouin.

Le diplomate français confirme que le "Grand Moyen-Orient" initié par le gouvernement américain, se voit confier une mission nouvelle dans une guerre aux contours encore mal définis, et où le Royaume se trouve lui aussi placé sous la menace.

"Toutefois, nuance Hardouin, l’OTAN ne cherche pas à jouer le rôle de gendarme du monde : Nous ne sommes pas un pouvoir supranational, mais plutôt une organisation intergouvernementale cherchant avant tout à défendre l’intégrité territoriale de nos membres, par le biais de décisions d’interventions prises à l’unanimité, placées sous contrôle direct des chefs d’État et de gouvernement".

Bien que le Maroc ne soit pas un allié officiel de l’OTAN, qui compte 19 adhérents, en majorité des pays européens et américains, le Royaume participe activement aux efforts déployés avec le concours de ses armées : les soldats marocains ont servi en 2002 dans la SFOR (Force de stabilisation en Bosnie-Herzégovine) et la KFOR (Force pour le Kosovo) ; le Maroc apporte aussi son aide à l’opération navale de l’OTAN Active Endeavour, mission maritime destinée à la détection et au contrôledes navires suspects et à la dissuasion et la protection contre les activités terroristes en Méditerranée.

Enfin, à ce niveau, un changement majeur intéresse directement le Maroc et concerne l’approfondissement de ses relations avec l’OTAN. Il a été proposé d’augmenter les échanges en matière de formation d’officiers de la Marine ou de l’armée de terre. "Un réseau d’écoles et d’académies militaires pourra se tisser, en vue de renforcer la compréhension mutuelle entre les diverses cultures militaires issues de l’Atlantique Nord. Il s’agit d’un élément fondamental pouvant contribuer à la coordination efficace de la sécurité commune", explique Hardouin.

Sans qu’aucun échéancier ou calendrier précis n’ait été fixé, la volonté de dialogue se confirme : l’organisation militaire la plus puissante au monde se tourne résolument vers les ressources géostratégiques qu’offre le Maghreb.

Libération - Philippe Picard

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Terrorisme - OTAN - Institut Marocain des Relations Internationales

Ces articles devraient vous intéresser :

Latifa Ibn Ziaten : « J’ai réussi à sauver beaucoup de jeunes, de familles… »

11 ans après l’assassinat de son fils, le maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten poursuit son combat pour la paix et la promotion du dialogue et du respect mutuel.

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...

Latifa Ibn Ziaten : « Les jeunes ne sont pas nés terroristes, mais on les pousse à l’être »

Depuis 2012, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten, mère du maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, travaille avec les familles et les communautés pour empêcher les jeunes de tomber dans le piège de...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Au Maroc, la lutte contre le blanchiment d’argent rapporte

Le Maroc mène efficacement la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. En tout, près de 11 milliards de dirhams ont été saisis en 2022.

Le Maroc, bon élève en matière de lutte antiterroriste

Le Maroc affiche l’un des niveaux de sécurité antiterroriste les plus élevés au monde. Avec un score de 0,757, le royaume est classé 83ᵉ dans la catégorie des pays les plus épargnés des actes terroristes, selon l’édition 2023 de l’Indice mondial du...

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...