Maroc : une élection-test pour la démocratisation du royaume

11 septembre 2003 - 18h24 - Maroc - Ecrit par :

Les élections communales qui se tiennent vendredi au Maroc, quatre mois après les attentats terroristes de Casablanca, constituent un test politique délicat pour un royaume soucieux de donner corps à un "processus de démocratisation".

Quelque 14,6 millions Marocains sont appelés aux urnes pour ce premier scrutin national organisé après les cinq attentats-suicide du 16 mai qui ont fait 45 morts, dont 12 kamikazes, dans le centre-ville de Casablanca.

Si les enjeux concrets de ce vote local sont limités, les résultats nationaux des 26 partis qui y participent, parmi lesquels les islamistes du parti Justice et développement (PJD), donneront une idée de l’état d’esprit des Marocains face au brutal surgissement de la violence intégriste - et du "tour de vis" sécuritaire qu’elle a suscité.

Ce "test" national concerne aussi bien le poids du vote islamiste que le degré de l’adhésion populaire, qui sera mesuré par le taux de participation, au "processus de démocratisation" que cette élection doit confirmer, un an après le scrutin législatif de septembre 2002.

Les partis de la majorité parlementaire, au premier rang desquels l’Union socialiste des forces populaires (USFP), n’ont pas hésité à montrer du doigt le PJD, seul pari islamiste légal, en l’accusant d’avoir favorisé le développement de l’intégrisme islamiste - et d’avoir ainsi fait le lit du terrorisme.

Mais rien ne dit que cette accusation ait pu réduire sensiblement la montée en puissance du parti islamiste dans l’opinion - après la première percée électorale réussie lors des législatives et son installation au parlement comme première force d’opposition.

Cette position privilégiée lui est revenue sans coup férir après l’acceptation de tous les grands partis traditionnels de participer à un gouvernement de large coalition dirigé par Driss Jettou, un premier ministre "apolitique" désigné par le roi Mohammed VI après les législatives.

Face aux attaques dirigées contre le parti islamiste, et dans le contexte des vagues d’arrestations et des grands procès d’intégristes organisés à la suite des attentats de Casablanca, les responsables du PJD ont choisi de présenter un profil bas lors de ce scrutin local.

Mais si le PJD a "volontairement" réduit sa présence à 15% environ des circonscriptions - répondant aussi aux sollicitations des autorités marocaines dans ce sens - les scores qu’il réalisera là où il est présent n’en seront pas moins significatifs.

Une autre difficulté attend les autorités et les responsables des partis de la majorité : apporter la preuve de la parfaite régularité et la transparence des opérations électorales pour ce premier scrutin communal organisé sous le règne du roi Mohammed VI, intronisé en juillet 1999, qui s’emploie au "parachèvement" de la démocratisation du royaume.

De nombreux efforts ont été faits dans ce sens, avec notamment des campagnes officielles d’explication, malgré la difficulté technique qui résulte de la complexité du mode de scrutin retenu - scrutin de liste pour les grandes villes, scrutin majoritaire uninominal pour les autres communes.

Les autorités ont insisté sur la nécessaire "moralisation" du scrutin. La presse a rapporté qu’une liste de plus de 200 noms "d’indésirables", dressée par le ministère de l’Intérieur, a été expédiée aux préfectures avec mission de dissuader les personnes de "réputation douteuse" de se présenter devant les électeurs.

AFP

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Sujets associés : Elections - Attentats de Casablanca

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