Des milliers de téléphones volés en France finissent au Maroc et en Algérie

Des milliers de téléphones volés en France se retrouvent au Maroc ou en Algérie, où ils sont vendus au noir ou en pièces détachées. On estime à 600 000 le nombre de téléphones portables dérobés chaque année dans l’Hexagone.

En mai dernier, alors qu’il célébrait sur les Champs-Élysées la victoire du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, Hugo Niverts s’est vu arracher son téléphone des mains en pleine foule. « En une fraction de seconde, il vole d’une main pour prendre mon téléphone et je n’ai jamais pu retrouver ni la trace, ni l’ombre de quelqu’un. À ce moment-là, il y a de la colère qui monte », confie le jeune homme à France 2. Malgré sa plainte, il n’a jamais récupéré son appareil. Mieux, son assurance a refusé de lui rembourser les 1 200 euros que valait son smartphone.

Généralement, ces téléphones volés partent des quartiers comme Barbès-Rochechouart à Paris, où les voleurs les revendent à des receleurs. Ces intermédiaires servent de passerelle entre les pickpockets des rues françaises et les acheteurs finaux. En quelques jours, ces appareils se retrouvent au Maroc ou en Algérie. Victoria Da Silva Gonçalves, étudiante lyonnaise, en a fait l’amère expérience. Après le vol de son smartphone dans un tram, elle a pu suivre son appareil grâce à la géolocalisation. « Franchement, je ne m’y attendais pas. Environ deux semaines après, je vois exactement le quartier où est mon téléphone en Algérie », témoigne-t-elle.

À Tanger, au Maroc, un réparateur de téléphones, qui participe à ce trafic, explique que, plutôt que de revendre directement les appareils volés, il préfère les démonter. « On achète juste pour les pièces. Il y a des caméras, des micros, des vibreurs, la carcasse. Ça se vend à bon prix », développe-t-il. Le phénomène prend de l’ampleur en France où 600 000 téléphones portables sont dérobés chaque année, dans des boutiques ou en pleine rue.

Face à l’ampleur du problème, les forces de l’ordre multiplient les opérations. Il y a deux semaines, en région lyonnaise, des gendarmes ont démantelé un réseau et interpellé 14 personnes soupçonnées d’avoir volé des centaines de téléphones d’une valeur totale estimée à 1 million d’euros. Ces réseaux criminels sont bien organisés. « Les malfaiteurs sont recrutés via des messageries cryptées et agissent sur ordre. Si certaines équipes sont interpellées, elles sont rapidement renouvelées sans que le phénomène puisse être stoppé », explique la gendarmerie nationale.