Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.
Les femmes, cible des intégristes", titrait mercredi le quotidien "Aujourd’hui Le Maroc", reprenant ainsi une préoccupation exprimée par une association féministe marocaine.
Le journal fait état de plusieurs agressions physiques ou verbales dont auraient été victimes des femmes se promenant les cheveux et le visage découvert dans les villes de Rabat, Fès ou Casablanca. "Nous sommes en train de vivre le commencement du face à face intégriste-moderniste", peut-on lire dans ses colonnes.
Appelant les pouvoirs publics à sanctionner sévèrement les auteurs de ce genre d’agression -justifiées par l’application d’un islam rigoriste qui veut que les femmes "objets de tentation" soient cachées du regard de l’homme-, la publication estime que "la montée des islamistes dans la société marocaine est beaucoup plus importante que ne le laissent croire les autorités".
Lundi, le quotidien "Libération", organe francophone du parti socialiste marocain, avait déjà recensé "cinq agressions de jeunes femmes" pour des raisons vestimentaires. Au moins deux femmes, dont le journal ne donne pas les identités, auraient été agressées à l’arme blanche pour s’être promenées non-voilées sur la voie publique à Rabat. Ces incidents n’ont, pour l’heure, donné lieu à aucune interpellation.
Dans un communiqué, l’Union de l’action féminine (UAF) a voulu "attirer l’attention des pouvoirs publics sur des actes à caractère terroriste commis en plein jour".
"Certes, ce ne sont que des actes isolés mais on ne peut rien garantir dans un avenir proche car il s’avère désormais que la sécurité des femmes est menacée et que ces actes visent à semer la peur parmi la gente féminine", déclare ainsi dans "Aujourd’hui" Latifa Jbadi, responsable de l’UAF. "L’Etat connaît les groupes qui encouragent ou commettent ces crimes. Il a les moyens et c’est à lui de trouver ces criminels et de les faire traduire en justice", ajoute-t-elle.
La dénonciation de ces incidents intervient alors que s’est ouvert mardi le procès de 15 jeunes islamistes accusés d’avoir lapidé à mort en février un clochard alcoolique dans le quartier populaire de Sidi Moumen à Casablanca (100km au sud de Rabat).
Au total, la police marocaine a interpellé depuis le début de l’année une quarantaine de militants islamistes membres ou sympathisants d’un réseau baptisé "Salafia Jihadia" ("le salafisme combattant") par les autorités et impliqués dans une série de six crimes d’inspiration religieuse.
Si elle n’existe pas officiellement, la "Salafia Jihadia" compte parmi ses "autorité morales" un prédicateur de Fès, le cheikh Abou Hafs. "Oussama ben Laden n’est pas un terroriste. Tuer un mécréant n’est pas un crime", avait déclaré en novembre Abou Hafs dans les colonnes de "Maroc Hebdo". "Oussama ben Laden est le porte-drapeau des musulmans et de l’Islam, il est en train de donner une leçon à tous les mécréants qui ont tué et torturé des musulmans à travers le monde", avait ajouté le prédicateur, arrêté début 2002 avant d’être condamné puis relâché au bout de trois mois de prison.
Interrogé sur la justesse du combat des "milices islamistes" qui sont signalées dans les quartiers populaires des grandes villes marocaines, Abou Hafs, fervent adepte de la "charia" ("loi coranique"), avait répondu : "la vérité c’est que les jeunes sont écoeurés par la débauche des quartiers où s’activent au su et au vu de tout le monde les mafias de la prostitution et de l’alcool".
AP
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