La Cour d’appel de Fès a rendu son verdict dans l’affaire de l’ex-parlementaire Abdelali Hamieddine, qui vient d’être condamné à une peine de 3 ans de prison ferme.
L’audience de la Cour de révision, qui doit examiner la requête d’Omar Raddad, condamné en 1994 pour le meurtre de sa patronne, Ghislaine Marchal, s’est ouverte jeudi matin à la Cour de cassation.
Omar Raddad, 39 ans, défendu par son avocat, Me Jacques Vergès, est présent à l’audience, qui devrait se terminer en fin de matinée. Mais la réponse de la Cour ne sera connue au plus tôt que dans une ou deux semaines.
Onze ans après le crime, huit ans après sa condamnation, il s’agit pour l’ancien jardinier marocain du dernier obstacle vers la reconnaissance tant espérée de son innocence, qu’il a toujours proclamée.
Désigné par une inscription en lettres de sang "Omar m’a tuer", découverte près du cadavre de la victime dans sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes), Omar Raddad avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle, le 2 février 1994, par la cour d’assises des Alpes-Maritimes.
Partiellement grâcié, il a bénéficié d’une libération conditionnelle et il est sorti de prison il y a plus de quatre ans, le 4 septembre 1998.
"Existe-t-il un ou des éléments nouveaux de nature à faire naître un doute sur la culpabilité d’Omar Raddad ?", doit s’interroger la Cour de révision, formée de 25 à 30 magistrats de la chambre criminelle de la Cour de cassation.
Si la réponse est oui, la condamnation sera annulée. Omar Raddad ne sera pas innocenté mais pourra bénéficier douze ans après les faits d’un nouveau procès devant une autre cour d’assises, et peut-être encore d’un procès en appel. Le dossier serait donc encore loin d’être refermé.
Si la réponse est non, l’espoir d’Omar Raddad de voir son innocence reconnue s’envolera définitivement, à moins qu’il ne dépose une nouvelle demande de révision. Mais cette demande ne pourra être valable que si elle comporte des éléments nouveaux différents de ceux examinés cette fois-ci.
La Cour pourrait aussi décider de demander un supplément d’information. Chargée de filtrer les demandes, la commission de révision a cependant déjà donné des éléments de réponses. En décidant en juin 2001 de transmettre le dossier à la Cour, elle a estimé qu’il y avait un doute possible mais que c’est à la Cour de juger s’il existe un doute réel.
La Commission de révision s’est appuyée sur des expertises qu’elle avait elle-même ordonnées sur les désormais fameuses inscriptions "Omar m’a tuer, Omar m’a t", dont certaines étaient à peine visibles.
D’une part, les expertises faites en 2000 contredisent celles de l’instruction de 1991-1993 qui avaient formellement désigné la victime comme leur auteur. D’autre part, la présence d’un ADN masculin différent de celui d’Omar Raddad a été mise en évidence en 2000.
Les autres arguments de la défense ont été définitivement écartées par la Commission de révision comme n’étant pas inconnus des juges de 1994. Il s’agit de la contestation concernant la date du meurtre, de la possibilité de fermer ou non de l’extérieur la porte de la chaufferie, lieu du crime, et des mises en cause par la défense de proches de la victime.
La personnalité d’Omar Raddad, un étranger maniant mal le français, confrontée à celle de la victime, riche héritière de l’équipementier automobile Marchal, sur fond de lettres de sang, la personnalité de Me Vergès, les interventions de divers détectives privés, l’intervention du roi du Maroc, une grâce partielle signée du président de la République, ont ajouté à l’intérêt du public.
Interrogé jeudi matin sur France Inter, Omar Raddad a expliqué que cette histoire avait "gâché (sa) vie" mais qu’il avait "confiance dans la justice française" pour qu’elle "reconnaisse ses erreurs" afin qu’il puisse se "reposer un peu".
AFP
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