Quand la droite espagnole engrange ses défaites face au Maroc

24 janvier 2005 - 08h01 - Espagne - Ecrit par :

La visite d’Etat du Roi Juan Carlos 1er d’Espagne au Maroc, la première depuis 1979, "entérine la complicité retrouvée entre les deux pays", après quatre années de mauvais voisinage, écrit l’hebdomadaire "Jeune Afrique l’Intelligent" (JAI) dans sa dernière livraison. La revue qui consacre sa couverture à cet important événement, avec une photo des deux Souverains, rappelle la dernière fois où le Souverain espagnol avait franchi le détroit pour assister aux funérailles de feu S.M. Hassan II en juillet 1999.

Cinq ans plus tard, "la visite officielle du Roi Juan Carlos et de la Reine Sofia a été fêtée dans la liesse", note la publication qui ajoute que "durant trois jours d’une visite aussi symbolique qu’intense, le couple Royal s’est rendu à Marrakech, Rabat et Tanger". L’hebdomadaire rappelle, d’autre part, que le Souverain espagnol a salué les progrès accomplis par le Maroc et cité en exemple la réforme du Code de la famille.

A propos du Sahara marocain, le Roi d’Espagne a plaidé pour "une solution consensuelle, juste, définitive et négociée par toutes les parties", ajoute "JAI", pour qui "la nouvelle diplomatie espagnole rompt avec la politique d’Aznar, critiquée par les Marocains pour son attitude inamicale et sa complaisance vis-à-vis des thèses séparatistes du polisario". Le gouvernement de Zapatero, poursuit-il, "est ainsi revenu à la politique de neutralité du prédécesseur d’Aznar, le socialiste Felipe Gonzales (grand ami du Maroc et fervent supporteur de la candidature marocaine à l’organisation de la Coupe du monde de football en 2010)".

Pour l’hebdomadaire, "l’Espagne privilégie une approche plus concertée avec la France, l’Union européenne et les Etats-Unis qui, tous souhaitent aboutir à une solution négociée au Sahara". Il souligne, par ailleurs, que durant son séjour au Maroc, le Souverain espagnol s’est félicité du dynamisme des relations économiques entre les deux pays et exprimé la volonté de son pays de se faire l’avocat d’un statut privilégié du Maroc auprès de l’Union européenne. Après avoir brossé un tableau sur la crise de l’îlot Leïla, la publication a fait remarquer que cette crise n’était que "le paroxysme d’une longue série de tensions amorcée par l’échec, en avril 2001, des négociations sur la pêche entre le Maroc et l’UE".

Il relève, à cet égard, que ce n’est qu’en janvier 2003 que le signal de dégel avait été donné par les Marocains, à la suite du naufrage du pétrolier Prestige, lorsque S.M. le Roi Mohammed VI accorda à une soixantaine de bateaux espagnols, immobilisés dans les ports andalous, une autorisation de pêche dans les eaux territoriales marocaines. La crise diplomatique a été également réglée avec le retour, un mois plus tard, des ambassadeurs des deux pays à leurs postes respectifs, rappelle la publication.

L’arrivée au pouvoir de José Luis Rodriguez Zapatero a changé la donne. Immédiatement, les relations gagnent en authenticité et en profondeur, et dès son discours d’investiture, Zapatero évoque une attention particulière pour le Maroc auquel il réserve son premier déplacement à l’étranger, souligne "JAI", ajoutant que "le Premier ministre Zapatero et son gouvernement font confiance au sérieux du Maroc, en tant qu’interlocuteur, partenaire et voisin". Abordant le volet des relations économiques entre les deux pays, l’hebdomadaire précise qu’au premier semestre 2004, les échanges commerciaux ont augmenté de 12 pc par rapport à la même période de l’année précédente et qu’en 2003 l’Espagne était le premier investisseur au Maroc grâce à l’entrée du groupe Altadis, à hauteur de 80 pc dans le capital de la Régie des Tabacs.

"Au total, quelque six cents firmes espagnoles sont implantées dans le Royaume et la coopération décentralisée entre régions espagnoles et marocaines s’est développée particulièrement dans le nord marocain", note le magazine. Et de souligner que "dans tous les domaines, Marocains et Espagnols prennent conscience des occasions manquées et décident de rattraper le temps perdu".
"Après la visite de Juan Carlos, le coup d’envoi sera donné pour la construction de l’université espagnole à Tétouan qui viendra s’ajouter aux onze centres d’enseignements primaire et secondaire et aux cinq instituts culturels Cervantes disséminés à travers le Royaume.

En outre, 2005 a été choisie comme l’année de l’Espagne au Maroc et 2006 sera l’année du Maroc en Espagne", conclut la revue.

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