Trouver l’amour en deux clics

25 juillet 2007 - 02h40 - Maroc - Ecrit par : L.A

Depuis quelques années, les sites de rencontres pullulent sur la toile. Ces sites connaissent une popularité tout à fait incroyable. En effet, de plus en plus de gens, qu’ils soient hommes ou femmes, seuls ou même en couple, partent à la recherche d’amis, d’amoureux ou d’époux par le biais du réseau. On connaît presque tous, parmi nos relations, un couple noué par modem interposé...

Comment définit-on un site de rencontres ? Ses adeptes, trouvent ils le vrai amour ? Que dire de leur psychologie ? Et quels sont les risques que dissimulent ces sites ? Décryptage d’une façon contemporaine d’entrer en contact avec les gens.

De nos jours, bon nombre de relations amoureuses débutent désormais sur Internet. C’est le cas de Houda, une adepte d’Internet que ses amies surnomment « Fosta », en raison de sa quotidienne consultation d’un site qui porte le même nom. Cette jeune fille de 23 ans, voilée, avait fait la connaissance d’un « charmant » jeune homme d’origine hindoue, « ressemblant » à la star de Bollywood « Sharukh Khan ». Ils se sont connus dans l’un des sites de rencontres, aimés et mariés. Pas plut tard que le mois dernier, ils ont fêté leur union et sont partis vivre en France.

« Je m’étais inscrite sur un site de rencontres, parce que j’en avais assez de rencontrer des garçons qui voulaient une aventure sans lendemain » raconte Houda, alias Fosta. « Moi, je cherchais un homme sérieux pour me marier, avoir des enfants. « Mittab » était très solitaire, timide. On s’est caché derrière nos pseudos pendant huit mois, et on s’entendait
tellement bien qu’on a fini par se fixer rendez-vous » continue t-elle.

En effet, après deux mois de correspondance, nos deux tourtereaux avaient échangé leurs photos. Six mois plus tard, ils se sont rencontrés. Mittab travaillait à Paris, et un jour, il a décidé de venir rencontrer « Fosta ». Son déplacement au Maroc fut une découverte. « C’était comme des retrouvailles, on s’est donné rendez vous dans un restaurant du Maarif, je me suis installée au fond et j’attendais.

Je l’ai observé, il est arrivé une demi-heure en retard, très nerveux, j’avais l’impression de bien le connaître. Il m’a attendrie… C’était le coup de foudre ! » raconte Houda. Un coup de foudre certes, mais les précédentes conversations sur le site y étaient pour quelque chose, car Fosta rêvait déjà de son prince charmant, elle connaissait son visage et l’appréciait d’avance. Grâce à qui ? Grâce à cette technologie de rencontre virtuelle Défini comme un site Internet dédié aux conversations en tous genres, le but d’un site de rencontre consiste à donner à une personne qui le souhaite la possibilité d’en rencontrer une autre.

Dans une acception courante, ce type de site est destiné à favoriser les rencontres sentimentales, voire à jouer le rôle d’agence matrimoniale.

Cependant la réalité reste plus large : rencontres professionnelles, d’amitié ou autour de centres d’intérêts particuliers et aussi rencontres à vocation sensuelle. Selon le professeur Loubna Belmejdoubi « Un site de rencontres permet de dépasser les possibilités traditionnelles d’entrevues. En particulier pour les raisons suivantes : d’abord parce que la mise en relation se fait par Internet, les personnes prennent connaissance l’une de l’autre sans avoir à se déplacer, ensuite parce que l’anonymat lève les inhibitions ». Le succès de cette toile repose sur un élément principal : l’engouement des célibataires. Ces derniers, n’hésitent pas à multiplier leurs chances de conquêtes en allant chercher l’âme soeur sur plusieurs sites.

En règle générale, cette catégorie sociale représente un bon marché économique. En effet, leur consommation se traduit dans plusieurs domaines.

Prenant par exemple les rayons des supermarchés. Ils regorgent de plats en portion individuelle pour gourmets solitaires, tandis que les agences de voyages multiplient les offres de vacances « en solo ». Et, bien sûr, Internet n’échappe pas au phénomène. Le Web est même l’un des premiers secteurs à avoir saisi les énormes potentialités de ce nouveau marché. En misant sur le produit le plus recherché par les célibataires : l’amour.

Mais comment fonctionnent les sites de rencontres ?

La majorité des sites de rencontres fonctionnent de la même façon. Le client doit tout d’abord remplir une fiche en utilisant un pseudonyme (sous forme de questionnaire) qui le décrit le mieux possible : âge, poids, taille, revenu, occupation, type de relation cherché, couleur des yeux et des cheveux et même, parfois, signe astrologique, tous les critères sont bons pour une présentation significative.

À cela s’ajoute la possibilité de joindre une photo (parfois plusieurs), et même un fichier audio ou vidéo. Tout est mis en œuvre pour favoriser les rencontres à l’intérieur même du site. Une fois la fiche de présentation complétée, elle sera accessible aux autres membres du site. Il est possible de lancer des recherches en spécifiant certains critères.

Selon le nombre de fiches trouvées, le prétendant peut entrer en communication, par le biais d’un système traditionnel de messagerie ou parfois de manière automatique (avec des messages préfabriqués), avec un autre membre du site pour lui signifier son intérêt. Et c’est là que l’aventure commence, une aventure qui peut aboutir… au mariage.

Cependant, les risques de ces rencontres virtuelles, ne sont pas sans inconvénients et peuvent même abriter de réels dangers psychologiques. Outre les dangers de mauvaises rencontres comparables aux dangers courus dans la « vraie » vie, la toile comporte un autre risque : Cette démarche est susceptible de créer des déceptions, « Une rencontre virtuelle a une faiblesse.

Elle laisse place au fantasmatique. On imagine d’autres personnes virtuelles, on s’imagine autre », rappelle le Dr Belmejdoubi. Et de poursuivre, « Les gens ne sont pas forcément prêts à recevoir ceux qu’ils vont trouver. Beaucoup de femmes cherchent le prince charmant, mais pas un vrai homme, les déceptions sont souvent liées à une demande non réaliste ».

Par ailleurs, savoir accepter la surprise, l’altérité, l’inattendu implique aussi de ne pas se cacher éternellement derrière son identité virtuelle, pour aller vers l’autre réellement. Chose qu’a faite Houda, la récente mariée. Elle rappelle que c’est « un pas difficile à franchir, la rencontre au sens réel implique une présence, un face-à-face, une incarnation. Car si le corps n’est pas là, il manque quelque chose d’important, qu’il faut chercher ailleurs ».

Une chose est sûre. Désormais, le net multiplie les contacts sous toutes leurs formes, les amitiés lointaines par courriels, les forums où on débat avec passion, les blogs où on se retrouve, les « chats » où on échange sur le mode ludique. En plus des liens amicaux, des couples se forment dans tous les milieux sociaux et à tous les âges. Il y a tant d’avantages que parfois, cela échappe que tout ceci peut dissimuler des inconvénients.

Décidément, on ne se fait pas de cadeaux

Si, sur la plupart des sites, l’inscription est effectivement gratuite et rapide, comme annoncé sur la page d’accueil, l’internaute doit dégainer sa carte bancaire pour envoyer un e-mail ou entamer un chat avec une conquête potentielle. Les tarifs ? Sans être exorbitants, ils ne sont pas négligeables.

Certains sites démarrent avec des formules gratuites, le temps de se faire connaître et de développer leur base de membres, puis ils passent à des modèles payants. En revanche, la facturation des services de rencontre constitue une réelle garantie, en éloignant les plaisantins, les pervers et autres éléments qui rôdent sur le Net (et dans certains services de chat) à la recherche d’innocentes victimes.

Mais elle est surtout extrêmement profitable aux entreprises qui animent ces sites. Un simple coup d’oeil sur le parcours de Meetic, numéro 1 européen du domaine, suffit pour s’en convaincre. En à peine quatre ans, la petite start-up née à Boulogne-Billancourt s’est hissée parmi les géants du Web, passant de 80 000 clients, en France, à plus de 20 millions, en Europe.

Pour les quatre géants du secteur, Meetic, Netclub, Parship et Match, le nombre d’utilisateurs inscrits s’établit respectivement à 7,4, 2,5 et 1,4 millions. D’autres, comme Amoureux, SeRencontrer ou ABcoeur tournent autour du million.

Désormais, on peut donc chercher l’âme soeur sur des sites communautaires, réservés à ceux qui partagent la même confession religieuse, la même couleur de peau ou les mêmes sensibilités, qui vivent à la campagne, qui possèdent des animaux domestiques, qui apprécient les sports ou encore qui souffrent d’un handicap.

Le Matin - Rajaa Kantaoui

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