Tourisme : Essaouira sur les traces de Marrakech ?

12 avril 2007 - 11h15 - Maroc - Ecrit par : L.A

Situation géographique très avantageuse, mixant produits culturels et balnéothérapies, Essaouira se prépare à une grande destinée. Réunissant les atouts de Marrakech et d’Agadir, elle bénéficie d’une aura médiatique sans précèdent.

De fait, la ville fait souvent la Une des magazines culturels et sportifs internationaux. Par ailleurs, elle est de plus en plus prisée par les étrangers qui viennent y passer une retraite dorée.

C’est tout cela, la petite ville d’Essaouira composée de moins de 70.000 habitants qui, sans la mobilisation de plusieurs natifs de la région (avec comme chef de file André Azoulay), auraient continué à vivre dans la précarité et dans une cité oubliée.

Aujourd’hui, cette implication donne ses fruits. Un produit comme le festival des gnaouas est internationalement connu et, par conséquent, les investissements sont en progression constante.

Plusieurs facteurs ont contribué au décollage de la destination. L’offre culturelle et les projets structurants en cours de réalisation ont redonné confiance aux professionnels de la ville qui voient l’avenir avec plus de visibilité. Et c’est aussi pour ces raisons qu’ils prévoient pour leur ville un futur florissant.

« Bientôt, ce n’est plus Essaouira qui profitera de sa proximité avec Marrakech et Agadir, mais plutôt le contraire », commente, non sans humour, Redwane Khanne, directeur général de l’hôtel Riad Medina.
En sa qualité de président de la Chambre de commerce, d’industrie et de services (CCIS) et de l’association Essaouira-Mogador, et élu communal, il ne peut prêcher que pour sa paroisse.

Objectifs trop ambitieux, pourrait-on penser ? Il faut croire que non. Essaouira a réalisé, en 10 ans, ce que d’autres destinations touristiques plus solides en infrastructures ont mis en place en 15 ans.

D’abord, la capacité litière. Nul ne peut la chiffrer aujourd’hui, même pas la délégation de tourisme et encore moins les autorités locales. En lits classés, les 9 hôtels de la ville offrent 1.200 lits.

Une offre à multiplier par 5 ou 6 en y incluant les maisons d’hôtes. En plus du millier de lits classés, et ceux sur la liste de classement (un autre millier), il faudrait évaluer l’activité parallèle, sous forme d’appartements mis à la location et le séjour chez l’habitant. Elle est estimée au quadruple de la capacité litière officielle. Cette offre d’hébergement informel est très importante lors du festival des gnaouas (qui accueille quelque 500.000 festivaliers) et durant l’été. Il faut dire que la conjoncture est très favorable pour cette ville qui renaît de ses cendres.

En effet, l’offre aérienne s’y renforce. Royal Air Maroc (RAM) va doubler les dessertes Paris-Essaouira en ce mois d’avril pour les porter à 4 vols quotidiens. Le transporteur national va également injecter deux vols supplémentaires à partir de Casablanca pour assurer la connexion d’Essaouira avec d’autres destinations.

Au total donc, quatre dessertes quotidiennes via le hub de Casablanca. Enfin, il est prévu une autre liaison Paris- Essaouira à partir de 2008, une fois l’hôtel Atlas Hospitality achevé.

« Ce qui laisse présager une augmentation de flux, d’autant plus que l’on compte aussi sur l’effet d’entraînement que suscitera ce programme de liaisons », commente, tout heureux, Mostapha El Azza, président du conseil provincial de tourisme d’Essaouira.

A titre d’exemple, le TO Alpitour qui a conclu une convention de co-marketing avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT), s’est engagé sur une desserte quotidienne pour Essaouira, une fois la station Mogador achevée.

Mais les responsables et professionnels de tourisme d’Essaouira ne perdent pas le nord et voient plus loin.

La station Mogador devra offrir à terme 10.000 lits (avant 2010), sans parler de plusieurs autres projets hôteliers qui ouvriront leurs portes en 2008. Ils recommandent toutefois prudence. « Il faut aller doucement pour Essaouira et la préparer, sinon, elle risque de perdre son charme. Et c’est le capital de cette destination », souligne El Azza.

Propos renchéris par Redwane Khanne : « Essaouira doit garder son cachet tout en continuant à attirer les investissements et c’est à nous professionnels et institutionnels de trouver cet équilibre ».
Le plan d’action pour la destination se décline en trois axes dont le premier concerne l’augmentation de la durée moyenne de séjour. C’est l’indicateur de santé d’une destination touristique. A Essaouira, la DMS est de 2,7 jours, alors que, quelques années auparavant, elle était moins de 1%, la ville était uniquement de passage.

Aujourd’hui, les ambitions de la ville sont grandes : rallonger cette DMS de 4 jours pour rentabiliser la destination. D’où l’idée de multiplier les écoles de planche à voile, de créer des circuits de randonnées pédestres, et de mettre en valeur l’arrière-pays très boisé et les forêts d’arganiers.

« Cette diversité constitue un véritable patrimoine mais qui est méconnu », insiste Abdelali Rahmouni, délégué du ministère du Tourisme à Essaouira

« La région dispose de grandes potentialités, avec des produits du terroir très riches. D’autres produits touristiques pourront y être développés dans le cadre du PAT (Pays d’accueil touristique) et ont donc besoin d’être structurés », poursuit Rahmouni.

Parmi les autres axes stratégiques du tourisme dans la ville, il y a aussi le tourisme sportif. Les trois plages de la ville d’Essaouira, Sidi Kaouki et My Bouzerktoun disposent de magnifiques spots de vagues, polyvalentes et très agréables à surfer et à sauter. « Il faut capitaliser sur la nature et relancer ce produit et cette activité avec des infrastructures dédiées », conclut El Azza.

Flambée de l’immobilier

Comme à Marrakech, les prix de l’immobilier flambent à Essaouira. On parle de 300% d’augmentation dans les environs de la ville.
Les zones les plus cotées sont du côté de Ghazoua sur la route d’Agadir, la route de Safi et la route de Marrakech (Ounagha).
Cette hausse des prix n’est pas uniquement due à un phénomène de mode, mais aussi à la raréfaction des terrains nus qui appartiennent en grande majorité aux Eaux et Forêts.

Dans la médina, à l’instar de Marrakech, Essaouira a vu un développement de maison d’hôtes et de ryads important.
Aujourd’hui, d’après les prix affichés par les agences immobilières, un 70m2 vaut plus de 100.000 euros (1 million de DH). Un 244 m2 à restaurer dans la médina est mis à prix à partir de 5 millions de DH.

L’Economiste - Badra Berrissoule

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