Un programme ambitieux et une bonne entente, pour maintenir le cap de Marrakech. C’est ce qu’on retiendra de l’assemblée générale ordinaire, tenue le 13 mars dernier. La destination qui caracole en tête du tourisme national en termes d’arrivées et de nuitées connaît une forte embellie depuis 2002. Nul ne peut le contester et encore moins les professionnels du tourisme.
Leur action est suivie à plus d’un titre : Marrakech est en effet la première destination touristique marocaine avec 1,6 million de touristes et presque 6 millions de nuitées en 2006. Pour 2007, la ville affiche de sérieux taux de croissance de +14% pour le mois de janvier. Ce qui se traduit par une hausse de 36% du volume des nuitées globales réalisées ces deux derniers mois au Maroc dans l’hébergement touristique classé.
Et d’après les réservations et les prévisions de Royal Air Maroc et des hôteliers, Marrakech sera encore mieux dans le futur. Pour accompagner cette croissance touristique, les infrastructures suivent. A l’instar du programme d’extension de l’aéroport Marrakech Ménara qui double sa capacité d’accueil pour la porter à 4,5 millions de passagers avant juillet 2007, selon son directeur Anas Lahkim.
« Il y a aujourd’hui plusieurs indicateurs. Le plus important de tous est la hausse des investissements réalisés dans l’hotellerie dans Marrakech et sa région », insiste Abdelatif Kabbaj, président du CRT de Marrakech. Auprès des investisseurs, internationaux comme locaux, Marrakech a toujours le vent en poupe et le principal produit d’appel de l’investissement reste le tourisme. Pas moins d’une trentaine d’unités d’hébergement ont ouvert leurs portes au cours de la saison 2005-2006, soit une capacité de 5.897 lits qui se sont ajoutés aux 30.000 lits existants. De nombreux projets dans les catégories 3 et 4* et de luxe ont été achevés, notamment au cœur de la palmeraie.
Par ailleurs, près de 14 projets sont en cours et vont générer une capacité additionnelle de 21.460 lits à l’horizon 2010.
Ce qui fait dire aux opérateurs que le potentiel de croissance touristique de la région est loin d’être achevé. Potentiel à lier aujourd’hui étroitement avec l’arrière-pays, et en particulier le Haouz. Essaouira n’est pas en reste. Celle-ci se positionne désormais comme une destination à part entière.
L’atout de Marrakech, c’est aussi l’énorme effort en matière d’hygiène et d’assainissement de la ville, mené par les autorités locales et le conseil de la ville. « La ville a mis en place un plan d’aménagement et d’embellissement via la délégation du ramassage des ordures et de l’éclairage public à des sociétés privées », rappelle Omar Jazouli, maire de la ville.
Par marché, Marrakech capitalise sur son principal émetteur de touristes. En l’occurrence, la France, qui représente aujourd’hui plus de la moitié du million et demi de touristes qui séjournent dans la ville ocre. Le marché britannique cartonne lui aussi. 45% d’évolution en 2006 et 127% pour le 1er mois de 2007. Marrakech figure au top ten des villes préférées des Anglais (cf. www.leconomiste.com). De belles réalisations qui devraient pousser les professionnels du tourisme à davantage d’efforts.
Mais les opérateurs gardent la tête froide. Car il s’agit de réaliser les objectifs stratégiques fixés pour 2007, notamment désaisonnaliser l’activité touristique. Dans le cadre du plan d’action intégré (PAI), « il est aussi question de se recentrer sur la promotion des nouveaux marchés, comme l’Allemagne, la Belgique ou l’Espagne. Les pays de l’Est et du Moyen Orient sont visés », souligne Abderrahim Bentbib, directeur du CRT. A noter au passage que ce sont aussi des marchés étudiés par l’Office national marocain du tourisme (ONMT). « L’Office consacre 50% de son budget promotion institutionnelle pour Marrakech », explique Redouane Reghay, conseiller auprès de l’ONMT. Ainsi, l’Office alloue pour ce volet quelque 8,5 millions de DH à titre de dotation annuelle. Au conseil régional de tourisme de bien l’utiliser et de cibler la bonne stratégie de promotion.
Le tourisme a évolué pour donner des sous-segments (écologie, golf) qui ont besoin d’une argumentation et des outils différents. Dans le PAI de Marrakech, il s’agit aussi de repositionner la destination sur des produits à forte valeur ajoutée, comme le tourisme d’affaires, du golf, du bien-être. L’objectif est d’augmenter la part de marché du tourisme d’incentive pour la porter de 15 à 20%. Une cellule pour le tourisme d’affaires va être mise en place et se chargera de démarcher l’organisation de congrès à Marrakech.
Sur le plan de l’animation, il apparaît clairement que Marrakech a retenu les leçons. Si la ville s’est construite une marque sur le marché international, il lui manquait encore ce petit plus qui fait revenir cinq, dix fois les touristes au même endroit. Sur ce plan aussi, le retard est en train d’être comblé. Les évènements se multiplient dans la ville. Et une fondation pour l’organisation des festivals sera bientôt mise sur pied.
Mieux encore
Très bons scores pour la ville de Marrakech qui veut faire mieux encore. Cela passe aussi par une durée moyenne de séjour (DMS) qui est actuellement de 4 nuitées. Les professionnels veulent la porter à 5 jours à court terme. C’est une performance indispensable pour la réalisation des l’objectif de 2010. Mais retenir le touriste dans une ville implique une animation forte. C’est ce qui fait défaut et qui fait la différence entre, à titre d’exemple, les plages marocaines du nord et celles d’un pays voisin comme l’Espagne. Celle-ci arrive, durant la période estivale, à attirer cent fois plus de visiteurs que le Maroc.
Pour arriver à une DMS de 5 nuitées, il faut aussi que l’aérien suive. On estime les besoins de Marrakech à 40 vols au lieu des 30 mouvements quotidiens. Normalement, avec le renforcement des offres et l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes sur cette ligne, cet objectif serait rapidement atteint.
L’economiste - Badra Berrissoule
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