Anvers : un Marocain handicapé sans papiers contraint de dormir dans la rue

2 avril 2025 - 10h00 - Belgique - Ecrit par : S.A

Arrivé en Belgique où il espérait changer de vie, un Marocain en situation de handicap fait face à une dure réalité.

Yassine* a quitté, le Maroc, en 2016, pour la Belgique, dans l’espoir de construire une vie meilleure, car « la prise en charge des personnes en situation de handicap n’est pas, dit-il, ce qu’elle devrait être » dans le royaume. Mais les choses ne se passent pas comme il l’avait espéré. Jusqu’à présent, il n’a reçu aucun titre de séjour valable en Belgique. « J’ai déjà introduit plusieurs demandes, mais elles ont toutes été rejetées », a-t-il confié.

Les premières années, Yassin a pu compter sur des amis qui l’ont hébergé. Lorsque le dernier ami à l’héberger s’est marié, il s’est retrouvé à la rue. Il trouve alors refuge dans le centre d’accueil de nuit pour les personnes sans papiers pendant les mois d’hiver. « Pendant les mois d’hiver, je pouvais aller dans le centre d’accueil de nuit pour les personnes sans papiers. Quand celui-ci a fermé, je n’ai eu d’autre choix que de dormir dehors la nuit. »

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Ainsi, il a dormi dehors pendant six mois, jusqu’à ce que l’accueil hivernal rouvre à l’automne 2024. « Ce fut une période horrible. J’allais souvent à la gare centrale, mais vers une heure du matin, la police me chassait. Je me déplaçais alors vers un endroit derrière la gare où je pouvais rester au sec. Mais je ne dormais jamais vraiment ces nuits-là. Je vivais dans une peur constante, je me sentais en insécurité permanente et toujours sur mes gardes. Car je n’ai pas de force, je ne peux pas me défendre si quelqu’un me veut du mal. »

L’homme de 44 ans se retrouve à nouveau dans cette même situation pour les six mois à venir. La politique d’aide aux sans-abri de la ville d’Anvers ne prévoit un hébergement pour les personnes sans titre de séjour que pendant les mois d’hiver, mais ce dispositif hivernal s’est arrêté le 31 mars, apprend-on. Le centre Victor 5, qui offre quatre-vingt-dix lits pour les sans-abri seuls et sans papiers, ferme complètement.

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« Victor 5 ferme le 1ᵉʳ avril, a précisé Liesbeth De Mayer, porte-parole de la ville d’Anvers. Toute personne ayant encore besoin d’un hébergement doit s’adresser soit au service des Étrangers, soit à Fedasil, selon l’état d’avancement de sa procédure. La ville ne prévoit pas d’accueil de nuit pour les personnes sans papiers dans les mois à venir. L’accueil de jour est bien assuré. On peut s’y laver et y manger. »

Yassin se résigne. « Je ne peux rien faire. La rue m’attend, dit-il doucement. Pendant la journée, je peux me reposer et me ressourcer dans les organisations sociales où je fais du bénévolat. Je préfère ne pas aller dans les centres d’accueil de jour. Je ne veux pas me retrouver au milieu de personnes ayant des problèmes de dépendance. » Cette situation n’est pas sans conséquence sur sa santé. « En dormant dehors, j’ai attrapé une infection pulmonaire l’an dernier. J’en souffre encore aujourd’hui et, si je dois à nouveau dormir dans la rue, cela va s’aggraver », se lamente le quadragénaire.

*Prénom modifié

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