
Bientôt une plateforme pour aider les MRE à investir au Maroc
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Avec 117,7 milliards de dirhams transférés en 2024, les MRE sont un pilier de l’économie marocaine. Mais cet argent irrigue peu l’investissement. L’immobilier capte la majorité des fonds. Pourquoi cette frilosité à investir ailleurs ?
Chaque année, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) transfèrent des sommes colossales vers leur pays d’origine, un véritable ballon d’oxygène pour l’économie nationale. En 2024, ces envois ont atteint le chiffre impressionnant de 117,7 milliards de dirhams, soit 7,7 % du produit intérieur brut du royaume. Pourtant, derrière cette manne financière se cache une réalité plus complexe : l’argent de la diaspora irrigue très peu l’économie productive. Une grande partie de cette épargne ne franchit jamais le pas de l’investissement, et les raisons de cette frilosité sont désormais bien identifiées.
C’est là que le bât blesse. Selon l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2022, seul un infime pourcentage de ces fonds, à peine 1,3 %, est orienté vers l’investissement. Et lorsque les MRE décident de mettre la main à la poche, c’est avant tout pour la pierre. Près de 40,7 % de ces investissements se concentrent en effet dans le secteur immobilier, laissant l’industrie, les services ou l’innovation sur le bas-côté. Une situation qui détonne quand on la compare à d’autres nations du continent, où les transferts de la diaspora financent massivement l’économie réelle, à hauteur de 45 % au Nigeria ou 35 % au Kenya.
A lire : Le Maroc cherche à transformer les MRE en investisseurs
L’envie, pourtant, ne manque pas. Plus de la moitié des expatriés marocains interrogés par le CESE se disent prêts à sauter le pas et à investir au pays. Mais pas à n’importe quel prix. Pour eux, le chemin de l’investissement s’apparente souvent à un parcours du combattant. Ils dénoncent en chœur « la complexité des procédures », « le manque d’incitations et d’appui », ou encore « la corruption et le favoritisme ». Ces freins, loin d’être de simples ressentis, sont consignés noir sur blanc dans les résultats d’une consultation menée fin 2022.
Le constat est d’autant plus amer que les dispositifs d’accompagnement peinent à convaincre. Le programme MDM Invest, censé justement encourager ces initiatives, n’a validé que 48 dossiers en vingt ans, entre 2002 et 2022. Un chiffre famélique qui illustre les lacunes des structures d’aide existantes. Le système bancaire est lui aussi montré du doigt, jugé trop concentré sur les produits classiques comme les transferts ou le crédit immobilier, et passant à côté des besoins spécifiques des investisseurs potentiels en matière d’épargne longue ou de fonds d’amorçage.
À ces obstacles s’ajoute une communication institutionnelle jugée défaillante et un manque de clarté fiscale. Les porteurs de projets de la diaspora se plaignent de l’absence d’un guichet unique qui centraliserait les informations et simplifierait leurs démarches. Ils se retrouvent souvent seuls, naviguant à vue entre de multiples interlocuteurs administratifs, sans feuille de route claire. Cette désorganisation se ressent jusque dans les territoires, où les transferts se concentrent dans quatre grandes régions, tandis que les projets de développement local peinent à attirer les capitaux.
Face à cette situation, le CESE met plusieurs pistes sur la table. L’institution préconise notamment d’ouvrir le Fonds Mohammed VI pour l’investissement aux contributions de la diaspora, de créer un fonds spécifique pour les projets à fort impact social et environnemental et de concevoir enfin des produits bancaires adaptés et attractifs. L’enjeu est de taille : transformer cette épargne dormante en un véritable levier de développement. Le message des Marocains du monde est clair : leur volonté de contribuer à l’essor du pays est bien réelle, mais elle ne pourra se concrétiser sans des réformes structurelles profondes et des garanties de transparence.
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